Puisqu’il est plus qu’évident que tout commence par une prise de conscience d’abord individuelle, le constat est amère de voir tant et tant de nos congénères-compatriotes sombrés dans une telle résistance voulue ou inconsciente à la réalité coriace qui se déroule, aujourd’hui plus qu’hier, devant nos yeux mêmes et qui plus est dans une simplicité facile à cerner.
Comme on dit, il est difficile de remplir une coupe qui est déjà pleine. La coupe ici, ce sont nos esprits remplis de concepts, d’idées reçues et préconçues, de schémas de pensée tous aussi faux les uns que les autres. Nous faisons par conséquent face à un défi d’acceptation d’un désapprentissage total pour faire place neuve à un réapprentissage à partir de bases plus ancrées dans la réalité Universelle.
Le présent article est un document d’un auteur Ben Schreiner que j’ai traduit de l’anglais et auquel j’ai ajouté des commentaires personnels par rapport à certains faits avancés par ce dernier. Mes commentaires sont en rouge.
Ma préoccupation première est de faire comprendre davantage les enjeux géostratégiques du moment par rapport à ce qui se déroule au Mali, dynamique qui, par ailleurs, a été mise en route au moins depuis le siècle dernier peu avant les deux Guerres dites mondiales, et un sort fut réservé à l’Afrique depuis même avant les indépendances factices que nous nous plaisons à évoquer et à célébrer à tout bout de champ.
L’intervention militaire française au Mali le vendredi – la deuxième de la France en autant d’années dans une ancienne colonie Africaine – aurait été « soutenue » par les États-Unis. Cela devrait arriver sans grande surprise, compte tenu de la profonde pénétration du Pentagone en Afrique.
Selon l’ Africa Command des États-Unis (AFRICOM), le Pentagone prévoit le déploiement de soldats dans 35 pays Africains en 2013. Comme le NPR (National Public Radio) l’a rapporté, plus de 4000 soldats Américains « prendront part à des exercices militaires et formeront des troupes Africaines sur tout, de la logistique et tir de précision aux soins médicaux. » (L’officier de l’Armée Malienne responsable du coup d’Etat en Mars dans le pays venait justement de recevoir la formation de l’Armée Américaine.)
Ceci devrait clairement faire comprendre à ceux qui ne le savent pas encore que tout ce dramatique scénario militaro-politique du coup d’état saugrenu du Capitaine Sanogo devait être utilisé pour faire avancer les différents pions sur la scène afin de faire appel à une solution écrite à l’avance. Tout a été manipulé à dessein. La bonne vieille méthode pratique, qui a toujours tant de succès, du « Problème –Réaction-Solution. » Ils vous connaissent vous le peuple et ils vous font jouer directement et facilement dans leurs mains.
Bien sûr, l’Armée Américaine a déjà une présence significative sur le terrain en Afrique. Par exemple, la » base la plus affairée de drones Prédateurs en dehors de la zone de guerre en Afghanistan » – avec 16 vols de drones par jour – est située au Camp Lemonnier à Djibouti.
Mais comme le note l’Army Times, « la région reste à bien des égards la dernière frontière de l’Armée. » Et pour assouvir l’appétit Américain pour une « projection de puissance » mondiale, aucune frontière ne doit rester non-conquise.
Ainsi, comme un rapport de Juin dans le Washington Post l’a révélé, les tentacules préliminaires de l’Armée Américaine s’étendent déjà à travers l’Afrique. Comme le journal l’a rapporté, des avions de surveillance Américains sont actuellement en opération sur des bases clandestines au Burkina Faso, en Mauritanie, en Ouganda, en Ethiopie, à Djibouti et au Kenya, avec des plans en cours pour ouvrir une nouvelle base au Sud-Soudan.
Vous pouvez donc constater la gravité de la situation des pauvres peuples du continent sous une constante surveillance rapprochée. Tous les niveaux de nos minuscules États inexistants sont truffés d’espions et les territoires occupés stratégiquement sans visibilité par l’ennemi même qu’on a peine à reconnaitre. La complicité, si ce n’est de l’impuissance perçue nourrie par une ignorance sans égale et un aveu d’infériorité, de nos hommes et femmes d’état est claire et nette et ne peut souffrir d’aucune contestation. Même le leader le plus averti et éclairé ne peut faire face adéquatement à une telle présence ennemie sur le territoire des peuples qu’il veut bien reconduire vers la liberté. C’est ce à quoi le PR de la Côte d’Ivoire Gbagbo a eu à faire face. Que ceux qui continuent à poursuivre des chimères du nom de Démocratie-Alternance-Liberté dans le contexte actuel de prédation systémique sous le contrôle des quelques-uns aux moyens disproportionnés me disent comment leur démocratie et liberté illusoires peuvent faire bonne ménage avec cette posture-là.
Le Post a rapporté en outre que « le Pentagone est en train de dépenser 8,1 millions de dollars pour mettre à niveau une base d’opérations avancée et la piste d’atterrissage en Mauritanie, à la périphérie ouest du Sahara. La base est proche de la frontière avec le Mali déchiré par la guerre. «
Et avec ces atouts déjà en place, le Pentagone était en mesure non seulement de « soutenir » l’intervention de la France au Mali, mais, comme le New York Times l’a rapporté, de lever un large « éventail d’options pour soutenir l’effort français, y compris le partage renforcé de renseignements et du soutien logistique. »
Cela doit être bien clair pour tous qu’il s’agit ici d’intérêts communs à un groupe de familles qui contrôlent et tirent les ficelles de ces pays-là. D’où la mise en commun des moyens que nous voyons depuis un certain temps en Afrique avec la Lybie, la Côte d’Ivoire dans une certaine mesure, et à présent le Mali. Et les Djihadistes, et les éléments comme le Capitaine Sanogo et consorts, et les AQMI, et les BOKO HARAM et que sais-je encore, sont tous des produits des créations de la Cabale Internationale -banquiers internationaux et autres clubs secrets ou non – et marionnettes dans leurs mains à travers des structures tentaculaires comme la CIA-MOSSAD, le MI6 et des franges entières des Armées de l’Occident. Dans leur stratégie de « Problème-Réaction-Solution » il est évident que toutes les parties sont créées et/ou contrôlées par leurs soins. C’est un gage de succès à tous les coups puisque vous êtes au contrôle de toutes les initiatives du début à la fin et vous obtenez les réactions prévues des populations infantilisées par nos faits mêmes qui vous permettent de leur inoculer le poison-solution de votre choix. Les dits intellectuels Afrikains sont logés à la même enseigne que les populations non instruites qu’ils prétendent diriger ou orienter.
Commentant ce à quoi un tel soutien Américain pourrait éventuellement finir par ressembler au Mali, J. Peter Pham, directeur du Conseil de l’Atlantique d’Africa Center à Washington et haut conseiller en stratégie à l’AFRICOM, a déclaré: « Les frappes de drones ou les frappes aériennes ne sauront pas restaurer l’intégrité territoriale du Mali ou vaincre les Islamistes, mais elles peuvent constituer l’option la moins mauvaise. « Un signe plutôt inquiétant, étant donné que l’utilisation de cette « option la moins mauvaise » a déjà conduit à l’assassinat de centaines d’innocents dans la campagne de drone Américaine.
Étant donné que le but ultime de la manœuvre est la mainmise de force sur les ressources du continent et leur sécurisation en réaction à d’autres puissances qui commencent à leur damer le pion, vous pouvez être sûrs que les fameux Islamistes/Djihadistes ne seront pas vaincus avant d’avoir accompli leur rôle à la perfection. Et ensuite ils passeront à l’étape suivante, vous pouvez en être certains. Tout le continent y passera et vous autres qui avez passé votre temps à vociférer ‘Démocratie’ et ‘Alternance’ comme réponse à chaque évènement malheureux qui frappe votre continent, n’aurez même plus vos yeux pour pleurer la disparition définitive de sa civilisation jadis grande et glorieuse.
Bien sûr, à peu près comme avec la campagne de drone, la poussée du Pentagone en Afrique est arrivée bien emballée comme une extension de la « guerre contre la terreur ». Comme un reportage de juin de l’Army Times le note, « l’Afrique, en particulier, est devenue une grande priorité pour le gouvernement Américain parce que les groupes terroristes y sont devenus une menace croissante pour la sécurité régionale et celle des États-Unis. »
Mais quelle intervention n’est pas venue à être justifiée en utilisant une variante du refrain toujours pratique de la « guerre contre la terreur »? Comme le Président français François Hollande l’a déclaré vendredi: « Les terroristes doivent savoir que la France sera toujours là lorsque les droits d’un peuple, ceux du Mali qui veulent vivre librement et dans une démocratie, sont en cause. » Mon œil ! Sans commentaire.
« L’idéologie de notre temps, du moins quand il s’agit de légitimer la guerre », écrit Jean Bricmont dans son livre Humanitarian Imperialism (l’Impérialisme Humanitaire), « est un certain discours sur les droits de l’homme et la démocratie. » Et, pourrait-on ajouter, un certain discours cynique sur la lutte contre la terreur.
Naturellement, par la suite, l’idée que l’intérêt renouvelé de l’Occident en Afrique est issu d’un désir altruiste d’aider les États Africains à combattre le terrorisme et instaurer la démocratie est plutôt absurde. C’était l’alliance de l’OTAN, de peur que l’on oublie, qui s’est si avidement alignée avec les combattants Salafistes pour renverser Mouammar Kadhafi en Libye. En outre, c’est cette alliance militaire même qui est maintenant simultanément en train d’encourager les Salafistes en Syrie, tout en les bombardant dans la région d’AfPak, en Somalie, au Yémen, et maintenant au Mali.
Il est clair que seuls ceux qui pratiquent la pensée duale ont une chance de comprendre le terrain sans cesse changeant de la « guerre contre la terreur » de l’Occident.
En effet, car une fois les voiles de la protection de la « démocratie » et de la lutte contre le « terrorisme » sont levés, le visage impérial est révélé.
Réveillez-vous et repositionnez-vous pauvres Afrikains, sinon ce sont vos maitres occidentaux modèles de ‘démocratie’ vers lesquels vous tournez vos regards et criez pour le l’aide qui vont bientôt vous y contraindre et ce d’une manière assez brutale et douloureuse.
Ainsi, l’impératif qui conduit l’intérêt renouvelé de l’Occident en Afrique, comme Conn Hallinan contribue à l’expliquer, c’est la course aux vastes richesses du continent.
« Les Etats-Unis reçoit actuellement environ 18 pour cent de ses approvisionnements énergétiques de l’Afrique, un chiffre qui est destiné à augmenter à 25 pour cent d’ici 2015 », écrit Hallinan. « L’Afrique fournit également environ un tiers des besoins énergétiques de la Chine, ainsi que les minerais de cuivre, de platine, le bois et le fer. »
Qui plus est, comme Maximilien Forte le soutient dans Slouching Towards Syrte, « les intérêts Chinois sont considérés comme étant en concurrence avec ceux de l’Occident pour l’accès aux ressources et les influences politiques. AFRICOM et une série d’autres initiatives du gouvernement Américain sont destinés à contrer ce phénomène ».
Très bientôt les terres Afrikaines vont être réoccupées de manière flagrante et visible comme tu temps des colonies, cela est déjà en cours depuis un temps maintenant, et ceux qui y survivront redeviendront des esclaves taillables et corvéables à merci mais cette fois-ci avec pleine conscience de leur statut. Plus moyen de se cacher derrière l’écran des pseudos libertés et indépendances. Au rebut les attitudes schizophrènes qui auront prévalu jusqu’alors, nous serons obligés de nous regarder en face dans le miroir tel que nous sommes, c’est-à-dire nus et sans dignité en plus de la honte d’avoir de s’être fait avoir aussi facilement et bêtement par nos Idoles.
Et c’est ce qui explique l’incursion 2011 de l’OTAN en Libye, qui a enlevé un leader Panafricaniste têtu menaçant de saper l’expansion de l’AFRICOM dans la « dernière frontière » de l’Armée. Et c’est ce qui explique l’intervention Française au Mali soutenue par les Américains, qui sert à affirmer de force davantage d’intérêts de l’Occident en Afrique.
Le leader Libyen M. Kadhafi a eu des attitudes très éclairées et courageuses face à toutes ces manœuvres et pressions politico-militaires ; le Gal Malien A. Toumani Touré a refusé d’aller contre le premier et à juste titre ; le Président L. K. Gbagbo s’est vaillamment opposé avec beaucoup de mérite à la branche française, soutenue par les autres membres, de la Grande Cabale Internationale qui refusait de lâcher prise ;le Président John A. Mills a opposé une fin de non-recevoir aux diktats Britanniques et Américains sur le mariage homosexuel et surement d’autres évènements inconnus de l’opinion nationale et Afrikaine. C’est vraiment dommage qu’ils n’aient pas su mettre à temps en commun leurs ressources en vue de se protéger mutuellement contre la rapacité des Internationalistes. Tous ont trouvé la mort dans diverses circonstances ou ont été déposé d’une manière ou d’une autre. Ne vous méprenez pas, les États collabos du moment y passeront aussi, c’est la nature du système. Dès que les rôles arrivent à leur terme, les pions sont déplacés et/ou remplacés. C’est le Plan Stanique qui a la priorité sur tout.
L’intervention, on le voit, engendre l’intervention. Et comme Nick Turse a averti en Juillet dernier, « Le Mali ne peut être que le début et on ne sait pas comment tout cela va finir. »
Tout ce qui paraît certain, c’est une nouvelle vague de barbarie, pendant que la bousculade pour l’Afrique s’accélère.
Pour conclure, je voudrais dire que quand on souffre d’un mal la moindre des choses est d’investiguer sérieusement son origine et ses causes. Si l’on peut supposer que le Mali souffre d’un mal, comme beaucoup en ont fait l’analogie, et que la France serait intervenue pour justement l’aide à s’en remettre, tout concourt vers le fait que c’est cette France même qui vous l’a inoculé, ce mal, à dessein en vue d’en prendre prétexte pour vous envahir et neutraliser ou miner encore plus votre organisme.
Dans la droite ligne de ce raisonnement, étant dans la position du malade et ayant découvert la gravité du piège du complot mortel et mon incapacité à faire face tout seul, j’aurais plutôt fait recours à la solution du moindre mal. C’est-à-dire que je requerrais plutôt l’assistance militaire d’une puissance plutôt opposée à mon bourreau séculaire pour court-circuiter le processus.
Il nous faut apprendre à jouer sur des alliances au vu des rapports de force qui se font et se défont dans les coulisses de la scène Géostratégique Mondiale, au lieu de nous contenter de crier et de gesticuler pour une hypothétique Démocratie et Alternance. Si nous ne faisons pas l’effort de dépasser cette couche superficielle à multiple niveaux de vision et interprétation de la Réalité politique que nous subissons, il est vain d’espérer quelque changement, que cela arrive soit tôt ou sur le tard. Tout ce que nous pouvons espérer dans ce cas, c’est qu’il nous soit appliqué une thérapie de soulagement illusoire temporaire avant que le coup fatal ne nous soit asséné.
Sérieusement, que la victime se résigne à accepter, malgré tout, l’intervention-mascarade de son bourreau la France pour lui permettre d’avoir un répit, soit. Mais se pavaner dans les rues sourires aux lèvres et drapeaux français à la main et faire des louanges à l’endroit du bourreau, ça c’est tout simplement triste, pour rester correct. Il serait plus approprié de faire le deuil de la Liberté et de la Dignité et reconnaitre le caractère délicat de sa situation. Cela permettrait tout simplement de s’inscrire et de demeurer dans une dynamique de recherche de solutions authentiques et idoines à une sortie définitive des profondeurs de l’obscurantisme et de l’auto-négation.
Pensez-y soigneusement, car de la juste compréhension des enjeux dépend tout le reste. Nous ne pouvons pas tout en voulant une chose nous mettre en travers de son chemin.
Par Ben Schreiner
Traduction française et commentaires : G. M. AKUÉ