Le Grand-Bassar, orphelin de la politique des grands travaux :Le réseau routier défaillant, les ponts et ponceaux cèdent… [Par B. Douligna]

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Le pays bassar-konkomba est aussi orphelin de la politique des grands travaux du régime RPT-UNIR. Les infrastructures routières sont fortement dégradées et la région dont la ville de Bassar risque d’être coupée du reste du pays.

A proximité de la Plaine des « maux » ou de Mô souvent appelée le 6ème continent, les préfectures de Bassar et de Dankpen formeront bientôt le 7ème du genre. Et pour cause, les routes et les ponts qui relient les deux localités venant par Sokodé ou Kara de même que les ponceaux et les pistes permettant d’acheminer les produits agricoles vers les communes ne plus carrossables. Le pays s’est enfoncé très durablement dans le sous-développement, la paupérisation et le délabrement.

Le 30 juillet dernier, c’était le ponceau de Djaré sur la piste rurale du village Kpinsaka à 3 kilomètres du cimetière musulman non loin de l’auberge Kibetankpeou de l’ancien ministre Boukari Tabiou qui s’est effondré suite à une pluie diluvienne. Il s’agit d’une piste stratégique du canton de Bassar qui fut tracée par la SOTOCO (Aujourd’hui NSCT) et qui relie une grande zone agricole, donc empruntée par une masse paysanne et les véhicules pour approvisionner  les marchés. Cette voie est importante d’autant plus que la localité abrite plusieurs forages de la Togolaise des Eaux (TdE) qui alimentent les communes. Au lendemain de la chute de cet ouvrage, les populations riveraines des quartiers Binawaliba, Bikouliba, Kpankissi, Wadandé, etc., dans un sursaut citoyen, ont fait la corvée pour apporter une solution intermédiaire à base de cailloux, des sacs et du sable afin de permettre aux engins légers dont les motos et « Motoky » (qui désigne le tricycle chez les Bassar) de pouvoir circuler.

De nos jours les ouvrages ne tiennent plus longtemps. Car étant mal dimensionnés et mal exécutés. Selon Charles Kondi Agba dans son ouvrage « Le commandant de cercle à Bassar », « Oui, Monsila-le-courrier confirme bien, aujourd’hui, que les routes entretenues dans les temps anciens par les cantonniers étaient de très bonnes routes ». Autrement dit, les routes du temps colonial étaient de bien meilleures routes que celles du Togo indépendant. L’état des pistes de Dankpen, Kabou, Bangeli, Bitchabé, Bassar et leurs environs est une calamité.

Pire encore, lundi 17 août, le tronçon Sokodé-Bassar long de 57 kilomètres est totalement bloqué aux gros camions. La raison, le pont sur la rivière Kona à 17 kilomètres de la ville de Bassar ne tient plus. Il est fortement dégradé. Cette route et ses ouvrages ont été construits depuis 1978 et n’ont jamais été l’objet de véritables maintenances. Et pourtant, des dizaines d’appels d’offres ont été lancés à la veille des élections pour bluffer les militants. En dehors de quelques rafistolages des travaux publics (TP), c’est le syndicat des transporteurs qui se démerde pour racoler les « nids d’éléphant ». Bien avant la dégradation de ce pont, la chaussée Sokodé-Bassar était très abîmée. Pour l’instant, un pont bascule artisanal est installé à ce niveau et tout véhicule, pesant 5 tonnes et plus, doit rebrousser chemin pour aller emprunter la route Sokodé-Kara-Kabou-Bassar. Les humoristes togolais Gbadamassi et Gogoligo ont bien vu en disant que c’est la seule route au Togo sur laquelle l’on pouvait voir régulièrement une bicyclette doublée une voiture 4×4. Oui, c’est bien évidemment la route qui mène chez les Gnofam(e), Agba, Bonfo(h), Nandja, Binguitcha …

Pour un petit pont cassé, les Bassar-Konkomba doivent parcourir en moyenne 92 kilomètres de plus en aller simple lorsqu’ils voyagent sur Lomé. Car Lomé-Bassar étant de 400 km, Sokodé-Kara, 75 km et Kara-Bassar 78 km. Cette situation va engendrer de facto des coûts supplémentaires de transport avec bien évidemment son cortège de risque élevé d’accidents. Au final, c’est le panier de la ménagère qui va en pâtir, car le Grand Bassar étant un grand grenier pour le Togo. Tous ceux qui ont une fois emprunté la route Kara-Kabou, peuvent déjà imaginer le drame qui se profile. Ce tronçon qui a été soumis pendant des années, au transport des minerais de fer de Bangeli, n’est plus ce qu’il était. Alors il est fort à craindre que non seulement le Grand Bassar ne pourra plus approvisionner le reste du Togo et la sous-région (Burkina, Niger…) et le Gabon en vivres, mais aussi le carburant, le ciment et les produits manufacturés vont déserter les marchés locaux. Le Nord-Est du Ghana également ne pourra plus s’approvisionner à partir de Lomé, ce qui laissera un vide dans la cagnotte de l’OTR et des services frontaliers.

Il faut déjà signaler que le pont situé à la sortie ouest de Kabou, juste à la limite du domicile du Général Bassabi Bonfoh, présente beaucoup de fissures et ne pourra pas supporter les camions de transport de marchandises qui pèsent souvent plus de 35 tonnes.  La région bénéficiant de meilleures statistiques en production agricole, ses atouts écologiques très favorables à la production agricole, c’est-à-dire des sols aux aptitudes culturales favorables dans un milieu morphologique peu contraignant. Les sols sont propices aux cultures céréalières (sorgho, mil, mais, riz) et de tubercules (manioc, igname) ainsi qu’aux cultures de légumes et de coton. Il faut également déplorer que la non ouverture de cette région sur Mango pose d’énormes problèmes d’intégration et d’échanges commerciaux. Cette ouverture est un projet sous les Gnassingbé père et fils mais qui ne se réalise toujours pas par peur d’ouvrir le Grand Bassar au développement.

Les gouvernants doivent savoir que le vrai développement assure « le passage pour chacun et pour tous, des conditions moins humaines à des conditions plus humaines » comme le disait Jean Paul VI. Il consiste pour ainsi dire en un processus d’amélioration du bien-être de tous les hommes et de la jouissance conséquente par ces derniers, de leurs droits fondamentaux. Ce qui suppose « la définition d’un projet sociétaire qui est l’objectif de son déploiement » et implique à la fois les valeurs et mécanismes. Ce concept idéologique ne saurait être considéré comme un processus de réductionnisme aveugle cultivant un face à face entre la richesse et la misère. Malheureusement, le régime RPT-UNIR a choisi d’ériger la paupérisation et le « populicide » en mode de gouvernance.

Allons-y seulement !

B. Douligna

Liberté

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