« Sentant approcher sa condamnation, les avocats de Gbagbo demandent un report de son procès », titre un quotidien proche du régime ouattariste. Ces pseudo-journalistes, comme à leur habitude, ont sauté sur l’occasion pour vendre l’intox à leurs lecteurs. Quel manque de professionnalisme ! Faire des supputations et des suppositions gratuites sur la base de ce qu’on ignore, leur colle manifestement à la peau. Un journaliste, à plus forte raison un organe de presse, ne peut et ne doit pas écrire ou faire des commentaires sur ce qu’il ne sait pas. C’est un principe de base de la règle de conduite dans le métier de journaliste. Au lieu de verser dans du supposé, ils gagneraient à lire entre les lignes de la requête de report du collectif des avocats de Laurent Gbagbo. Ah, nous oubliions, ils en sont incapables. L’effort intellectuel ne fait pas partie de leur plat quotidien. Tant mieux, nous ferons cet exercice à leur place.
Le contexte
La fièvre monte à la Haye, les ivoiriens, les africains et des citoyens des quatre coins du monde, se mobilisent pour le 18 juin, ce jour présenté comme historique, afin de démonter à la face du monde qu’ils sont tous solidaires de Laurent Gbagbo et de la Côte d’Ivoire, mais aussi que l’Afrique digne refuse l’assujettissement. C’est à quelques jours seulement de grand rendez-vous que l’équipe d’avocats, conduite par Maître Altit, dépose une requête de report du procès prévu pour ce 18 juin, à la surprise générale ?
Les raisons
– L’état de santé précaire du Président Gbagbo, dû aux tortures endurées à la prison de Korhogo- Le manque de moyens financiers et humains- Le manque de temps pour analyser la multitude de dossiers de l’accusation- Les obstacles créés par le régime Ouattara pour empêcher les investigations de la défense en terre ivoirienne.Voilà pour l’essentiel. On se souvient aussi qu’il y a quelques jours, ce même collectif d’avocats avait récusé la Cpi, dans le jugement de Laurent Gbagbo. A quoi répond cette énième démarche ? Pourrait-on s’interroger ou s’inquiéter, au vu des raisons évoquées par Maître Altit.Certes, il n’ya pas lieu de s’inquiéter outre mesure, soyez-en rassurés.
Les faits :
Même si les raisons soulevées pour demander un report laissent croire que le collectif d’avocats n’est pas prêt pour le 18 juin, en effet, il n’en est rien. Dans la requête, on peut lire que Maître Altit soulève « la nature particulière de l’affaire et ses enjeux considérables ». Pourrait-il, en tout état de cause, relever ces points et légitimement conduire avec légèreté cette affaire ? Peut-il, en toute conscience, à quelques jours du fameux procès, prétendre qu’il n’est pas prêt pour défendre son client ? Autant sa requête de récusation a été rejetée, autant il doit s’attendre à ce que celle-ci, pourrait être éventuellement rejetée. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que le collectif d’avocats manœuvre pour faire prendre la pleine et la haute importance de l’affaire aux juges de la Cpi, mais aussi à l’opinion publique. L’occasion est donc belle pour eux, d’une part, de remettre en cause l’impartialité de la Cpi qui joue sa crédibilité dans cette affaire, notamment en attribuant de façon disproportionnée, les moyens financiers et humains aux différentes parties. D’autre part, ils mettent ainsi en exergue le caractère ‘’fleuve’’ et excessif des preuves collectées par l’accusation pour accabler leur client, dans une affaire où « la responsabilité des différents protagonistes de la crise politique ivoirienne est engagée », mais où « la question de la légitimité de la prise du pouvoir par les ex-rebelles ivoiriens et celle de la légalité du soutien des pro-Ouattara par les Nations Unies et les grandes puissances dont la France », reste posée.
On constate donc bien qu’il s’agit d’une stratégie dont seuls les avocats ont le secret. Ce n’est point une démarche motivée par la peur de la défaite, comme le pensent certains. Il s’agit d’attirer l’attention de la Cpi, une fois de plus, sur les conséquences éventuellement désastreuses dans cette affaire qu’elle pourrait être tentée de traiter avec légèreté et partialité. Alors, halte aux supputations improductives.
Marc Micael