La haine va perdre Alassane Dramane Ouattara

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Le président des jeunes patriotes et ancien ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo va être extradé dans les prochaines heures à La Haye où l’attend la Cour pénale internationale. Après quelques mois de tergiversation et se croyant mal payé par la publication des photos de maltraitance de Charles Blé Goudé à la DST, le gouvernement a décidé de franchir le rubicond, minimisant sans doute le risque de plomber définitivement un processus de réconciliation déjà en panne.

Il est treize heures passé au QG du FPI et les dernières réponses de Pascal Affi N’guessan aux journalistes, destinées à clore la conférence de presse sur le recensement de la population enclenchée par le gouvernement, sont pénibles à supporter en raison de la chaleur. Mais lorsqu’il met fin à son discours, de nouvelles mains giclent du carré des journalistes dont beaucoup avaient déjà rangé microphone, nagra et blocnotes. Que pensez-vous de la décision de transfèrement de Charles Blé Goudé qui vient de tomber au sortir du conseil de ministres, le deuxième d’un Ouattara diminué ? Le président du FPI, à l’évidence, n’est est pas informé. Il promet donc de reporter ses commentaires, le temps de lire les attendus de la décision.

Pour une conférence de presse d’ores et déjà marquée par le désespoir d’Affi N’guessan qui constate avec regret que la réconciliation est le cadet des soucis d’Alassane Dramane Ouattara, on imagine le nouveau coup dur porté à la tranquillité de ceux qui ne soutiennent pas le chef de l’Etat. Comme si cela leur procurait une grande jouissance, certains des hagiographes de Ouattara ont expliqué qu’à partir du moment où la CPI a dit non au sursis pour le transfèrement de l’ancien ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo, le régime n’avait plus le choix. Mais il est difficile de convaincre avec un tel argument, visiblement spécieux.

Alassane Ouattara est un spécialiste du double langage et cela apparaît clairement dans cette décision. Car c’est ce régime qui avait affirmé ne plus vouloir transférer des Ivoiriens à la CPI parce que les tribunaux locaux étaient à nouveau opérationnels. C’est d’ailleurs cet argument qui a été utilisé pour maintenir Simone Gbagbo, l’épouse de Laurent Gbagbo, dans le goulag d’Odienné. Qu’est-ce qui a donc pu se passer pour que le gouvernement change brusquement sa ligne de conduite et songe à nouveau à durcir le ton au risque de liquider la petite détente perceptible dans le pays ? Assurément les dernières photos du leader de la galaxie patriotique.

Les médias proches de Ouattara ne s’y étaient pas trompés puisqu’à l’unanimité, ils avaient souligné que si Charle Blé Goudé n’était pas content de ses conditions de détention à la DST, mieux valait qu’il soit transféré à la cour pénale internationale où le régime maintient déjà Laurent Gbagbo malgré « des preuves insuffisantes » et l’impunité accordée aux chefs de guerre dont certains sont nommément cités en assignation par la CPI. Pour Me Claver N’dry, « c’est une décision incompréhensible puisque le même gouvernement, s’agissant de Simone Gbagbo, soulignait que les tribunaux locaux étaient désormais capables de juger les personnes incarcérées, ce qui n’était pas le cas au moment du transfèrement de Laurent Gbagbo ». C’est donc officiellement le coup d’envoi des justifications incompréhensibles.

Les prochaines devraient donc en produire de plus grotesques mais ce n’est plus ce qui étonne le plus. En revanche, le régime reste toujours persuadé qu’il peut tordre le bras à tout le monde et que ceux qui sont encore en vie le lui doivent. Mais ce transfèrement démontre surtout une vérité biblique. A savoir que comme pharaon, Alassane Dramane Ouattara a le coeur endurcit par la haine. L’histoire ayant montré que ce fut la condition pour Dieu de le perdre, on s’attend maintenant à ce que le temps joue son rôle de répétition des événements. En attendant, la Côte d’Ivoire fait face à un nouveau coup du sort.

L’opinion, elle, voit à quel point Alassane Ouattara est crédible lorsqu’il appelle l’opposition à le retrouver pour développer le pays. Mais le désespoir factuel dans lequel le transfèrement de Blé Goudé plonge tous les patriotes ne doit pas non plus faire oublier que « la résidence protégée » dans laquelle était embastillé Charles Bl » Goudé, si jamais elle a existé,n’était pas une partie de plaisir. Selon ses avocats, Blé Goudé lui-même est incapable de localiser là où il vivait parce qu’on lui bande les yeux lorsqu’on le tire de la DST. Immanquablement, ces conditions de détention mettaient sa vie en danger et l’ancien ministre de la jeunesse avait réitéré son souhait de voir sa situation carcérale améliorée dans un plaidoyer pro domo à Doudou Diène notamment, l’un des experts indépendants de l’Onu qui lutte pour une amélioration sensible des conditions de détention des prisonniers politiques.

Finalement, trois ans après son arrivée au pouvoir, Alassane Dramane Ouattara n’a pas changé. Pour lui, seule la fin justifie les moyens. On devrait donc s’attendre à ce qu’il réédite l’exploit en bouclant la boucle avec Simone Gbagbo dont on ignore tout des conditions de détention dans le lointain goulag d’Odienné. La justice des vainqueurs vit ses meilleurs jours puisque les pro-Ouattara épinglés par diverses organisations de droits de l’homme et de multiples organisations non gouvernementales sont toujours libres et roulent carrosse. Au nom de la haine de l’adversaire et du rattrapage qui ne rend crédible que les seuls liens ethniques.

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