La France discréditée un peu plus par son silence sur les crimes de Dramane Ouattara [Par Jean-Claude DJEREKE]

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Début juillet 2020, Yodé et Siro mettaient sur le marché du disque un album intitulé “Héritage” dont le titre-phare, “Président, on dit quoi ?”, veut attirer l’attention sur le fait que “le pays a besoin de tous ses enfants pour la vraie réconciliation, qu’on ne se réconcilie pas en mettant les gens en prison et qu’il faut se méfier d’un peuple qui ne parle plus”.

Depuis ce temps-là, tout le monde savait que les deux monstres du Zouglou étaient dans le collimateur de Ouattara allergique à la moindre critique et qu’ils pouvaient être arrêtés à tout moment. Il y avait comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient été inculpés, le 3 décembre 2020, pour “outrage à magistrat, trouble à l’ordre public et diffusion d’informations mensongères à relent racial et tribal”. Ce qui surprend, en revanche, c’est le silence de la France et des autres pays occidentaux qui se vantent d’être de grandes démocraties et qui hier défendaient férocement Ouattara accusé par Henri Konan Bédié de fraude sur la nationalité ivoirienne. Ce silence est une honte comme le colonialisme à propos duquel Jean-Paul Sartre en visite à Alger en 1956 déclarait : “Le colonialisme est notre honte, il se moque de nos lois ou les caricature ; il nous infecte de son racisme…; il tente de se défendre en suscitant un fascisme jusque chez nous, en France. Notre rôle, c’est de l’aider à mourir. Non seulement en Algérie, mais partout où il existe.” Ce qui surprend, c’est aussi le fait que Macron, Le Drian, les intellectuels, medias et guides religieux français se soient émus de la décapitation de l’enseignant Samuel Paty mais qu’ils se montrent indifférents à celle de l’Ivoirien Toussaint Koffi N’Guessan par des miliciens proches de Ouattara. Ce qui surprend, c’est enfin la dénonciation du troisième mandat d’Alpha Condé et la justification de celui de Ouattara par le gouvernement français comme s’il y avait, d’un côté, les bons violeurs de la Constitution et les mauvais violeurs, de l’autre. Comment peut-on être contre et pour une chose en même temps ? Comment peut-on se revendiquer de l’humanisme et refuser de reconnaître l’humanité des Africains ? La Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée à Paris le 10 décembre 1948, ne concernerait-elle que les Blancs ? Devant un tel deux poids, deux mesures, devant une indignation aussi sélective, on ne peut que donner raison à Sartre qui écrivait ceci : “Notre humanisme n’était qu’une idéologie menteuse, l’exquise justification du pillage ; ses tendresses et sa préciosité cautionnaient nos agressions. Il s’agit d’un humanisme raciste puisque l’Européen n’a pu se faire homme qu’en fabriquant des esclaves et des monstres. Nous sommes les ennemis du genre humain.” (cf. sa préface à ‘Les Damnés de la Terre’ de Frantz Fanon).

60 ans après la publication de cette préface, nous pouvons constater que ces “ennemis du genre humain” n’ont point changé. Et ce n’est pas demain qu’ils changeront en renonçant à leurs agressions et mensonges. C’est nous qui devons changer notre rapport à eux et notre façon de voir le monde. C’est à nous qu’incombe la tâche de nous organiser et d’agir autrement car ce qui est important, aujourd’hui, ce n’est ni de discuter avec celui qui entretient et protège les tueurs et coupeurs de têtes en Côte d’Ivoire pour l’aider à s’en sortir, ni de cotiser pour Siro et Yodé, ni de chanter le Te Deum pour deux passeports auxquels Laurent Gbagbo a bien droit et qui arrivent seulement après le 31 octobre 2020. L’important est d’arrêter rapidement ce régime dictatorial qui a déjà fait trop de mal à notre pays. Pour cela, il nous faut non seulement boycotter les produits et entreprises français mais reprendre les manifestations de désobéissance civile, être 2 à 3 millions de personnes dans les rues d’Abidjan pour paralyser la ville jusqu’à la chute du régime. Car, si nous restons inactifs, chacun de nous risque de connaître le même destin que Pulchérie-Édith Gbalet, Pascal Affi N’Guessan et Maurice Kakou Guikahué.

Jean-Claude DJEREKE

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