La France devra s’y faire : le Gabon est perdu pour elle !

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A la veille du verdict de la Cour Constitutionnelle, les médias français sortent déjà des tiroirs divers plans (B, C, D) pour reprendre le pouvoir au Gabon et le remettre dans les mains de leur homme, Jean Ping. Leur argumentaire est on ne peut plus simple : les Bongo sont au pouvoir depuis des décennies, et c’est beaucoup trop, comme pour Assad. Ali bongo, qui n’a fait pourtant qu’un mandat, est comptable des années de règne sans partage de son père. Cela fait cinquante ans que l’on entend parler des Bongo. Les médias ne supportent plus ce nom et réclament un changement. Ils veulent bien rester dans la dynastie, mais surtout pas avec ce nom. Ils ont jeté leur dévolu sur le gendre de Bongo qui a pour lui la chance de porter un autre nom. Cela leur donne l’illusion d’une alternance. Ca fait joliment démocratique.

Malheureusement pour eux, les choses ne se sont pas passées comme prévu pendant les élections. Entre le clan Ali Bongo et le clan Jean Ping, c’est à malin et malin et demi. Les médias crient à la fraude, car Ali Bongo ne peut gagner que par fraude. Ils savent pourtant qu’en Afrique, les élections sans fraude sont rarissimes. Non pas parce que les politiciens africains sont plus malhonnêtes que d’autres dans le monde, mais parce que leur élection ne doit, en aucun cas dépendre du choix réel des électeurs, mais des intérêts étrangers qui savent tout organiser pour arriver à leurs fins. Si Ali Bongo a bénéficié, pour son premier mandat, des leçons de ces étrangers en matière de fraude électorale, Jean Ping aussi a été épaulé, pour les présentes élections, par les mêmes étrangers. Ali Bongo comme Jean Ping ont tous les deux fraudé, c’est presque certain.

Il ne s’agit donc plus de savoir qui a le plus fraudé, ce que personne ne saura jamais. Personne ne saura non plus qui est le vrai gagnant, et ceux qui attendent des chiffres fiables attendront longtemps. Pourtant, les Gabonais n’ont jamais eu de critères de choix aussi clairs que ce qui a découlé de ces élections. Les différentes déclarations et manœuvres post-électorales des deux ex-candidats ont eu l’avantage de dessiner les vrai enjeux pour le Gabon.

D’un côté, il y a Jean Ping, vrai successeur d’Omar Bongo, qui aimerait continuer l’œuvre de son beau-père. Ses Commanditaires voudraient maintenir le statu quo, et continuer dans la ligne personnifiée par Omar Bongo depuis 1967. Toute évolution, s’il y en a une, ne pourra se faire que dans ce cadre, défini de l’extérieur. Ceux qui ont aidé hier Omar Bongo, puis Ali Bongo pour sa première élection, sont ceux qui sont aujourd’hui derrière Jean Ping.

De l’autre, il y a Ali Bongo qui semble avoir trahi la ligne de son père, et veut définitivement rompre avec le passé politique du Gabon, à moins qu’il n’y ait été obligé pour des raisons que nous ne connaissons pas. Après les tensions, les troubles et les prises de positions de la période post-électorale, il est impensable que Ali Bongo, s’il est élu, renoue avec ses anciens amis et fasse comme si de rien n’était. Si le Gabon est lâché par l’Europe et les Etats-Unis, la seule alternative qui lui reste est de s’ouvrir à l’énorme potentiel économique et financier de la Chine. Comme beaucoup de pays d’Afrique, l’ouverture du Gabon vers la Chine est une chose inévitable, à moins qu’il ne veuille rester comme une sorte d’enclave destiné au pillage sans contrepartie, pendant que des voisins comme la Guinée Equatoriale se développent à la vitesse grand V.

Comme nous l’avons vu, la perte de ce pays par la France signifie sa libération pure et simple, ce qui lui permettrait de traiter avec qui il veut pour le bien-être de sa population. C’est bien cette indépendance nouvelle qui est insupportable. Alors, parmi les plans B, C…, la presse française parle (suggère) un coup d’état, pour éviter de perdre ce pays, même au prix d’une guerre civile. S’ils arrivent à obtenir leur coup d’état, ce sera, n’en doutons pas, au nom des droits de l’Homme et de la démocratie, et pour sauver les Gabonais qui ne tarderont pas à mourir dans la guerre civile qui s’en suivra. Un chaos organisé vaut toujours mieux que la perte d’une hégémonie. Pourtant, cette perte n’est pas forcément négative pour l’Etat français dont les liens culturels très forts avec le Gabon sont tels que ses intérêts seront toujours préservés. En son temps, De Gaulle avait compris que la décolonisation était plus rentable et moins couteuse pour la France. Il est peut-être possible, sans reproduire une nouvelle néo-colonisation, d’aller dans ce sens. Mais pour cela, à supposer que l’Etat français soit encore en mesure de défendre les intérêts réels de la France et non ceux des multinationales, il lui faudra changer de paradigme quant au rapport qu’il aura avec ce pays.

Avic – Réseau International

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