Cette attitude d’esprit de curiosité me force souvent à l’examen anticipé de certaines situations, ce qui m’éloigne de certaines surprises désagréables. Il n’est pas dit que mes analyses débouchent toujours sur le caché profond du dit, du vu ou de l’entendu.
Le Cameroun se trouve à un moment assez critique de son histoire et nul ne peut le nier. Je viens ici appeler les Camerounais à plus de vigilance, de sagesse, de solidarité et d’amour de la patrie.
C’est un truisme que de dire que le Cameroun n’a pas toujours les dirigeants qu’il mérite. Il a à sa tête depuis plus de 30 ans un homme médiocre dépensier et insoucieux, vieux et fatigué, qui se trouve à la porte de sortie, mais qui semble n’avoir pas totalement perdu la tête.
Le plus alarmant, c’est la situation où se trouve le peuple camerounais aujourd’hui :
Un peuple complètement divisé et haineux, avec des citoyens pour qui l’intérêt national est inexistant ou n’est que le cadet de leurs soucis ; un peuple jadis exemplaire qui malheureusement ce jour, comme la plupart de ses dirigeants, se vautre dans le vice, l’immoral et le satanisme pour survivre.
Dans ce contexte, la guerre chez le voisin du Cameroun (RCA) et les mouvements des soldats français au Cameroun doivent bien arrêter notre attention s’ils ne nous inquiètent plutôt. Rester optimiste ici et maintenant relèverait de la naïveté.
Il y a lieu de nous inquiéter, ne serait-ce qu’en voyant de près les forces antagonistes qui luttent chez ce voisin. Il en est qui sont des Centrafricains, tandis que d’autres viennent du Tchad, du Soudan, et, avec la déroute des rebelles du M23 en RDC, il faut s’attendre à certains éléments de ce groupe en RCA.
Ce sont des éléments incontrôlés et incontrôlables, des mercenaires sans patrie sans commandant, sans foi ni loi, qui n’ont pour seul capital à apporter à l’Afrique en mutations que des guerres et du sang ; ils sont une marchandise à la foire.
Ils sont là à nos portes, n’attendant que tout potentiel « rebelle » camerounais, n’attendant que la moindre offre pour nous sauter dessus et verser le sang des Camerounais, violer et piller et brûler comme cela s’était passé en Côte d’Ivoire.
Paul Biya a fait trop du mal au Cameroun, certes. Mais le Cameroun n’est pas Paul Biya, et vice-versa. C’est pourquoi malgré tous ses crimes, malgré les larmes qui voilent l’âme et les yeux de tant de compatriotes à cause de son régime, nous ne devons pas nous laisser aveugler.
En ce moment critique de notre histoire, les Camerounais doivent éviter à l’avenir de répondre à certains appels démentiels de certains voyous intérieurs et extérieurs.
Les Camerounais doivent secouer leurs nombreuses larmes de frustrations, de divisions et haines tribales pour se poser en véritables responsables gardiens de leur pays à tous les niveaux.
Jusques à récemment, je soutenais que Biya devrait être dégagé du pouvoir par la voix pacifique ou par les armes. Mais avec les mouvements français qui s’observent au Cameroun et tout autour, avec les soldats sans nation de la RCA, avec ce pays voisin qui m’a l’air du Burkina Faso de la Côte d’Ivoire, je dis : Camerounais, méfions-nous !
Dans tout changement de pouvoir pacifique ou violent au Cameroun où se mêlera la France ou bien que conduira la France, il faut comprendre que ce ne sera pas pour le bien du peuple d’Um Nyobé. Il faut dire que le peuple est perdant.
La présence française en RCA et au Cameroun ne doit pas nous laisser indifférents. La France n’aide pas l’Afrique et ne l’aidera jamais. C’est ce qu’il faut comprendre, à moins que l’on veuille trahir le peuple et ses nationalistes.
Dans ces tours de vautour de la France au Cameroun, cette dernière serait en train de tisser sa toile, d’étudier le terrain pour attendre le moment de l’action, et les autorités camerounaises sont là, bouches béantes. C’est pour mettre au pouvoir des gens qui vont donner plus que ne donne Biya à présent.
Il est des Camerounais que je connais assez : Des bavards, des perdus, des jouisseurs incurables, des gens si égoïstes, indisciplinés et sans aucun amour de la patrie, qui sont prêts à jouer les Soro-Ouattara camerounais pour laisser le pays surendetté. Les Camerounais doivent rester très vigilants.
Certains événements récents à l’étranger et la publicité faite autour sont un signal que la page Biya se tourne. Mais au profit de qui ? Du peuple camerounais ? Certainement, non. Faisons gaffe !
C’est le moment pour les Camerounais de se faire sages afin qu’une transition sans rivières de sang d’innocents et sans plonger le pays dans des dettes se fasse. Il faut le changement au Cameroun, mais pas un à tout prix. Non, non et non.
Au Cameroun il faut éviter de chasser une panthère fatiguée pour faire entrer au sein du peuple une horde de hyènes imprévisibles : d’où la nécessité de faire en sorte que des serpents ne serpentent et passent entre nous pour nous décimer, de rester soudés malgré nos différences et nos frustrations sous ce régime.
Le Cameroun ne peut à présent éviter ce grand péril en comptant sur son armée négligée, tribalisée et abandonnée. C’est pourquoi la défense du pays repose aujourd’hui plus sur les épaules du peuple sans défense, qui n’aura pour armes que la solidarité et l’amour. Le régime et ses hommes passent, le pays reste.
Léon Tuam
Ecrivain, activiste des Droits Humains et enseignant.