Changer la couleur de sa peau !!! Pourquoi ? La question peut avoir une réponse, et du côté des femmes, mais aussi des hommes. Le phénomène de la dépigmentation n’a jamais cessé d’être décrié. Autant dans la presse, que dans bien d’autres milieux. Mais elle continue d’être pratiquée par certaines femmes en Afrique, surtout. De l’intellectuelle à la lycéenne en passant par la ménagère, l’étudiante, les filles de maquis et autres serveuses de bars. Les marchands de crèmes de tout genre se frottent toujours les mains, tellement les produits, qui pour la plupart sont utilisés en médecine pour traiter des cas d’allergie, se vendent et s’achètent comme de petits pains. Le phénomène de la dépigmentation, faut-il le souligner prend de l’ampleur malgré la complexité des conséquences avec une panoplie de dangers pour la santé.
Qui portent essentiellement sur l’hypertension, le diabète, les problèmes osseux, les difficultés lors des accouchements et des interventions chirurgicales, etc. Au-delà même de ces maux, la peau dépigmentée est souvent très vilaine à voir, car vêtue d’acnés, de brûlures et de couleurs différentes. Résultat : des difficultés de cicatrisations, des odeurs puantes et difficilement respirables. On ne supporte plus les rayons solaires, tellement ils frappent. Et dans certains cas, les allergies entraînent le pire.
Selon une étude, la pathologie dermatologique est la deuxième cause de mortalité après le paludisme au Sénégal. A la question donc de comprendre ce qui amène les femmes à se dépigmenter, certaines n’ont pas hésité à dire qu’elles le font pour plaire à des hommes. Ce serait donc les hommes qui préfèrent les femmes au teint artificiellement clair ? Au-delà de la complicité masculine, il y a la jalousie grandissante entre femmes. « Quelle pommade utilises-tu ? Tu l’as achetée à combien ? Où ? Quel effet peut-elle produire sur la peau ? ». Ce sont-là autant de questionnements qui se posent entre femmes lorsque l’autre commence à changer de couleur. Ou encore : « Il faut te rincer là ! Regarde comment tu es devenue ! ». Se disent-elles lorsque l’autre semble avoir un teint noir (naturel).
Il n’est pas rare de voir des femmes acheter les crèmes dépigmentant à des prix exorbitants. Il y en a d’ailleurs de toute sorte et de tous les surnoms. Entre autres : « Sini gni den kouli ye » (demain, c’est le baptême en dioula), thé vert, 7 jours, 21 jours, etc. Il faut alors dire qu’au-delà de la complicité tacite des hommes, il y a bien d’autres raisons qui amènent certaines femmes à changer de couleur. La recherche forcée de la beauté pour plaire aux hommes ou être au-dessus de son semblable. Parce qu’on estime que la clarté de la peau reflète la beauté. En effet, selon une étude réalisée en 2004, par une équipe de dermatologues à Bobo-Dioulasso, sur 100 femmes, 50 utilisent des produits dépigmentant. Et une doctoresse de souligner que le phénomène a pris une telle ampleur qu’il est devenu le troisième problème de santé publique dans ce pays, après le paludisme et les maladies respiratoires. Allez-y comprendre.
Bassératou KINDO
L’Express du Faso