Je me tourne cette semaine sur les ‘’mérites’’ politiques manifestes de ‘’ivoirité’’ et ‘’rattrapage’’, deux formes de deux personnalités politiques ivoiriennes : Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara deux hommes qui attestent l’histoire politique récente de la Côte d’Ivoire. ‘’Ivoirité’’ avait alimenté la discorde politique en Côte d’Ivoire, où à l’époque, l’opposition politique, dominée par le Rdr, avait accusé Henri Konan Bédié de xénophobies, obstacle à une union des forces sociales en Côte d’Ivoire. Ceux qui ont mal compris le concept de ‘’ivoirité’’ et mal expliqué par l’entourage politique de Henri Konan Bédié, ont réussi à faire admettre aux autres Ivoiriens, Africains, Européens que l’opération ‘’ivoirité’’ consistait en une épuration ethnique, surtout de la neutralisation des ressortissants du Nord de la Côte d’Ivoire. Sérieusement ‘’ivoirité’’ n’est pas de Henri Konan Bédié, mais plutôt de Léopold Sedar Senghor en visite en 1971 en Côte d’Ivoire et à l’amphithéâtre Léon Robert de l’université d’Abidjan. ‘’Ivoirité a été sagement exprimé à Félix Houphouët-Boigny, comme un moyen, une vocation plus poussée à se prendre en charge. Plusieurs années plus tard, ‘’ivoirité’’ est reprise par Henri Konan Bédié qui à l’époque était un dirigeant politique, avec ses vertus et qualités personnelles, fidèles à Félix Houphouët-Boigny. ‘’Ivoirité a sagement trahi Henri Konan Bédié parce que le concept ‘’ivoirité’’ n’a pas été bien expliqué par les collaborateurs politiques de Henri Konan Bédié. Personne n’a voulu comprendre ‘’ivoirité’’, parce que entre 1995-1998, la Côte d’Ivoire traversait une période constitutionnelle risquée. Du coup pour Rfi, Jeune Afrique, en passant par des intellectuels africains, Henri Konan était l’homme à abattre car accusé d’avoir ‘’catégorisé’’ les Ivoiriens, et détruit l’image de la Côte d’Ivoire. Mais personnellement, je connais très bien Henri Konan Bédié, et je fais largement confiance à ces qualités personnelles. Ses amis étaient essentiellement des ressortissants du Nord, dont Balla Kéïta, Lamine Fadiga, Laurent Dona Fologo, Bamba Mamadou. Et, Henri Konan Bédié de 1995 jusqu’à sa perte du pouvoir en 1999 n’a jamais été compris et reste aujourd’hui en mal de reconnaissance politique, après avoir construit un mausolée à Agboville en hommage à Ernest Boka, ancien président de la Cour suprême, pour effacer une suspicion politique des Abbey à l’égard de Félix Houphouët-Boigny. Sans oublier que Henri Konan Bédié avait instauré sur les 362.424 Km2, un système d’emploi et de ‘’programme d’action commerciale’’ au bénéfice de tous les Ivoiriens, de toutes tendances ethniques et spirituelles. ‘’Ivoirité ? Bédié n’a pas été compris. Puis arrive Alassane Ouattara, qui avait condamné ‘’ivoirité’’ d’outil exclusionniste. Alassane Ouattara, aujourd’hui à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire, est lui-même, l’auteur d’un concept du même téléchargement ‘’exclusionniste’’ le « rattrapage ».
J’étais surpris, quand le Président Alassane Ouattara disait que 40% des cadres du nord étaient absents dans l’administration ivoirienne. C’est bien pour cela qu’une précision s’imposait : statistiquement, c’est le Sud qui a développé le Nord à 100 pour 100. Et, c’est Félix Houphouët-Boigny, de l’ethnie baoulé qui en est le symbole. Félix Houphouët-Boigny s’est battu pour l’épanouissement économique de la région du Nord, où il y a chrétiens, animistes, musulmans, tous affectés au même bonheur logique de Félix Houphouët-Boigny. Mais si Alassane Ouattara a condamné ‘’ivoirité’’, le concept ‘’Rattrapage’’ qu’il a créé, n’est pas résolument la ‘’solution’’ à réparer, ce que ‘’ivoirité’’ avait suscité comme injustice sociale et culturelle en Côte d’Ivoire. Alors, dites-moi entre ‘’ivoirité’’ et 40% des cadres du Nord sont absents dans l’administration ivoirienne, quel est le concept que vous préférez ? Aujourd’hui, ce qui n’est pas faux, c’est qu’il faut éviter à la Côte d’Ivoire, un génocide, comme au Rwanda, en s’accusant de forces négatives. Pour la paix en Côte d’Ivoire, et au nom de la leçon du dialogue enseignée par Félix Houphouët-Boigny, il est important, pour les hommes politiques en Côte d’Ivoire, d’imprimer à leurs déclarations politiques, l’amour, le pardon, la tolérance, pour faire baisser les taux d’incompréhension et casser la suspicion, pour vaincre les crises de confiances et morales.
Ben Ismaël