On le sait. Kofi Yamgnane (67ans) joue sa dernière bataille électorale. D’ailleurs, pour sa femme Anne-Marie, alors grand soutien de son mari en 2010 : « C’est ma dernière bataille » avouait-elle. Si le colosse bassari est bien déterminé à jouer sa carte à fond pour les élections présidentielles de 2015, il y’a bien à se poser des questions sur les soutiens qu’il dispose. Chose bien normale en politique. Bienqu’il marche dans son fief du nord comme dans un territoire conquis, pour gagner les élections, ces petites sorties s’avèrent être encore maigres sinon très maigres. Si dans le Togo entier, le nom Yamgnane est désormais connu,le travail abattu sur le terrain est loin des attentes. Kofi Yamgnane semble l’avoir compris depuis que les Togolais ont tourné le dos à Gilchrist Olympio à cause de ses coups tordus contre l’opposition. Aussi, si l’homme est depuis partant pour briguer à la magistrature suprême en 2015, il reste une grande inconnue : l’aide que ses amis socialistes lui apporteront en termes de solidarité de l’international socialiste et de « camarade » de longue date. Même si pour le Pr Mamadou Koulibaly, ancien président de l’Assemblée Nationale ivoirienne, le mot « socialiste » ne signifie rien en Afrique et est prononcé par les français pour embrouiller les esprits. La preuve est que leur « ami » socialiste Laurent Gbagbo en difficulté, même le socialiste « nègre » Kofi Yamganne n’avait songé à lui apporter un soutien…Au contraire, il brillait de tous les feux pour sa rectification pure et simple au profit du libéral, sinon de l’ultra libéral Alassane Ouattara. Allez y comprendre ! Ce qui est surréaliste dans cette drôle de « camaraderie » entre socialistes « blancs » et « noirs » est que, toutes les fois qu’un est en difficulté sous les tropiques, aucun français « socialiste » ne lève le doigt pour le secourir. L’exemple du socialiste Ousmane Tanor Dieng au Sénégal est illustratif. Douze ans de combat et de travail de terrain pour arriver au pouvoir, les socialistes français ne lui ont accordé le moindre soutien. Pis, ils se sont toujours acoquinés derrière les libéraux sénégalais. Avec le cas de Laurent Gbagbo, Patatras ! L’anecdote raconte comment une fois invité par Jean Glavany, ex-ministre de l’Agriculture (PS) chez Mme Mitterrand avec Laurent Fabius, les socialistes finissent par un coup de fil à faire comprendre à Laurent Gbagbo que, c’était une erreur de personne. Alassane Ouattara était bel et bien la personne invitée par les « socialistes » pour le dîner. Laurent Gbagbo raconte cette histoire avec beaucoup d’amusement…. Que dire du cas Kofi Yamgnane, quand le pouvoir de Faure l’envoie « bouler » en 2010 ? C’était du bout des lèvres et par un communiqué « bidon » que la patronne du PS d’alors, Martine Aubry avait fait « comme si » les socialistes français s’offusquaient de la mesure fasciste et les dérives tribalistes de « leur » Faure Gnassingbé. L’argument trouvé était que, les socialistes n’étaient pas au pouvoir en France pour faire pression sur l’effrayante dictature togolaise. D’ailleurs, très « mesquin », ou pour faire plaisir à un ami de longue date appelé Kofi Yamgnane, le député Launay ira à l’Assemblée nationale française traiter Faure Gnassingbé de « petit despote » et du coup, demander des comptes aux ministres des Affaires étrangères Alain Juppé de dire comment ce dernier pouvait être toujours président en dépit du bourrage des urnes aux élections de mars 2010. Mais ce n’est pas avec des mots dans un élan du « déjà vu » qui coulent sur le corps de Faure Gnassingbé comme l’eau sur les plumes d’un canard qu’on a chassé le plus grand dictateur africain Laurent Gbagbo tout de même chers socialistes français ! On se rappelle que Nicolas Sarkozy avait rangé ce qu’il avait de mieux dans la high-tech militaire française pour se débarrasser de ce nationaliste de mauvais goût pour la droite comme pour la gauche française. Passons.
Kofi Yamgnane : Connait-il bien ses amis socialistes ?
Si son expérience politique en France et son bagage intellectuel ne souffrent d’aucun doute, son profil de présidentiable au Togo n’est pas souhaité par ses amis socialistes. Ceci peut paraître invraisemblable, eut égard au nombre d’années et les services rendus par Kofi à la France. Mais pour peu qu’on est vigilant, on peut se poser la question de savoir pourquoi la mayonnaise ne prend pas quand il s’agit de leurs camarades socialistes africains. Sur le terrain, Kofi est laissé à lui-même alors que la bonne manière entre amis est de venir en aide à l’autre quand il est étouffé. Cette aide on l’a vu quand le socio-démocrate allemand Gabriel Sigmar était par vaux et monts pour la victoire de Hollande harcelant la chancelière Angela Merkel de tous les côtés pour son soutien à Nicolas Sarkozy. Le socialiste allemand avait même dû laisser ses activités et part en France prêter mains forte à François Hollande lors de sa campagne au nom de l’amitié entre socialistes. Que dire des discours enflammés des socialistes espagnols quand leurs camarades français sont en difficulté et vice versa ? Pourquoi ces mêmes socialistes ont-ils fait la guerre à leur camarade socialiste Laurent Gbagbo et tourne le dos à Kofi Yamgnane ?
La première réponse est que, si Kofi devient président, les mallettes à billets et la prédation des ressources naturelles peuvent connaître une baisse considérable. Selon bien sûr la formule qui dit que : « Les meilleurs amis se respectent et se disent la vérité »
Deuzio, les guerres interposées, le cynisme et le racisme révoltant des cadres et intellectuels socialistes faits aux intellectuels et aux têtes « biens pensantes africaines » sont des reflexes que ceux-ci ont de la peine à laisser. Il faut marteler que le parti socialiste français n’a pas une autre politique africaine que, ce que propose le FN ou la droite. À la différence que, le souverainiste français, Jean-Marie le Pen dit haut et fort ce que les socialistes pensent bas et se susurrent entre eux. Pour l’égyptologue sénégalais, Pr Cheikh Anta Diop : « Il est mieux d’avoir la droite française au dos que la gauche. Avec eux, on sait au moins qu’on est devant un ennemi » et d’enchaîner : « Il n’y a pas pire théoriciens des idées esclavagistes et racistes que les socialistes français ». Que dire du legs laissé par leur patriarche François Mitterrand sur la côte ouest africaine après être allé en Algérie calciner des têtes nationalistes ? L’immense écrivain franco-béninois, Olympe Bhêly Quenum que je réveillai de son lit pour une interview en pleine crise poste électorale en Côte d’Ivoire me confiera cette pensée socialiste que René Dumont l’auteur de l’Afrique Noire est mal parti lui souffla aux oreilles : «Olympe, on aura un mal de chien pour essoucher l’instinct colonialiste de la cervelle des gouvernements français; ton déshabillage des Accords de coopération n’a pas l’heur de plaire à Foccart mais retiens ceci : avec la complaisance, je dirais plutôt la complicité et la compromission de nombre de chefs d’Etat africains, les erreurs et les maladresses voulues dans ces accords continueront de gérer l’Afrique post coloniale; post coloniale ? Il y a de quoi pleurer». Dans l’entendement de ces derniers, mieux vaut avoir des « sous fifres », des « godillots » ou mieux des « incapables » minés par une cruauté ubuesque que d’avoir les hommes de l’envergure de Kofi Yamgnane. Pour la France, l’idée de démocratiser les peuples africains dans leur giron francophone n’était pas d’aider à l’arriver des « hommes intelligents » au pouvoir ou des « nationalistes ». L’idée n’était pas non plus que l’Afrique francophone moins le Togo se dote d’arsenaux démocratiques. La preuve est bien là. Aucun pays africain sous tutelle de la France n’arrive à détacher encore un « fil aux ergots d’un coq », si on nous permet d’emprunter ce dicton très prisé en pays bassar d’où vient Kofi Yamgnane. Terme, qui veut dire être unitile, vauriens, bon à rien !
Kofi Yamgnane : Forces et limites !
Si Faure Gnassingbé peut financer une élection française d’un coup de tête, Kofi Yamgnane est encore très loin de ces « présidents africains » qui brassent des millions toutes les fois qu’une élection se dessine en France. Pour la simple raison qu’il ne les a pas. Pour avoir travaillé avec ces mêmes blancs, il y a à craindre que l’homme montre une volonté radine de mauvais goût…et ses amis socialistes le savent. Les coupures de billets enfuies dans les « Djembés » de la paire Dominique Villepin et Blaise Compaoré peuvent devenir rares. Alors qu’il faut des sous et beaucoup de sous en périodes électorales en France. Connaissant la mentalité française ou mieux la mentalité des « colons français » dont Jules Ferry est un maître et une fascination pour François Hollande, il est bien normal que l’amitié change de camp entre lui et et le «camarade Kofi» au profit du fils du dictateur. Ici aussi, nous parlons avec des preuves. Coincé de tous les côtés par les sorties de la droite et de Rama Yade, ex-ministre des droits de l’homme sous Nicolas Sarkozy qui traitent les socialistes « d’hypocrites » et se moquent du nouveau président français de recevoir davantage des dictateurs à l’Elysée, François Hollande change la tactique en donnant Faure Gnassingbé rendez-vous à New-York plutôt que sous les regards africains, qui en ont assez de voir défiler sur le perron de l’Elysée rien que des ogres africains. Dans la liste, le boucher d’Abidjan Alassane Ouattara, Ali Bongo et Blaise Compaoré.
En recevant Faure dans les salons feutrés de son hôtel à New-York avec le sourire de quelqu’un qui n’a ni griefs moins de gênes de serrer la main de ce jeune président avec un passé chargé en crimes humains, Hollande a plus ou moins annoncé les couleurs : « Le changement dans la continuité » ou mieux, il a bien pris soins de renverser son slogan de campagne : « Le changement, « ce n’est pas » maintenant ». D’ailleurs, après ce ballet à la recherche des soutiens internationaux, Faure reviendra à Lomé laissant son ministre des Affaires Etrangères, Elliot Ohin lire le discours qu’il avait préparé pour la messe annuelle à l’Onu. Hollande s’empressera de ne rien communiquer à la presse française comme internationale de la rencontre. Alors pourquoi Faure a-t-il fait le déplacement de New-York à coup de millions ? La réponse est simple. Il devrait s’assurer du soutien de Hollande et de la bande qui tiennent le Togo d’une main invisible. Il y a des tactiques politiques qui annoncent déjà ce que demain sera fait. Il faut aussi voir la quiétude et l’assurance de Faure et de la smala qui l’entourent pour se convaincre que, leur avenir politique ne leur fait pas peur, sinon pas du tout !
Mais au-delà, Kofi a quelques chances de lever la tête : son humilité. Aussi, le fait d’avoir été traité injustement et écarté de la course sans raison probante sur une question de certificat de naissance, ceci à plutôt amené les Togolais et beaucoup d’africains à voir en Faure un « faux type » animé d’instants tribalistes et de mauvaise foi .
Seul hic, Kofi Yamgnane n’a pas encore prouvé et démontré par des actes bien précis qu’il est l’homme de la situation pour Togo !
Camus Ali Lynx.info