Kofi Yamgnane frappe fort :« Le jour où l’ANC et le PNP se parleront les premiers et face à face sans arrière-pensée, le CHANGEMENT sera à notre portée »

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Nous avons rencontré à LynxTogo.info  « Toutou » pour une interview. Le « Bassari » comme en 2005, nous avait  accordé une interview séance tenante dans laquelle il avertissait que, ceux qui ont tués 500 Togolais iront tôt ou tard à la CPI. Ici, il nous déballe tout. De la réélection au forceps de Faure Gnassingbé à l’achat de ce pouvoir par l’argent du contribuable Togolais puis l’assassinat lâche du lieutenant -colonel Bitala Madjoulba, l’ancien maire de Saint-Coulitz en France va jusqu’à révéler une anecdote entre lui et le président défunt Gnassingbé Eyadema. Il défend l’opposition togolaise et ne comprend pas les égos surdimensionnés des chefs de partis politiques. Il pointe du doigt les vas et vient de Tony Blair Dominique Strauss Kahn aux côtés de pouvoir de Faure Gnassingbé. Kofi Yamgnane est bien convaincu : « Le jour où l’ANC et le PNP se parleront les premiers et face à face sans arrière-pensée, le CHANGEMENT sera à notre portée » Lecture ! Interview réalisée par Camus Ali

Lynxtogo.info : On a d’abord pris « acte » de la réélection de Faure Gnassingbé et ensuite on lui a adressé un message de félicitations. Comment avez-vous interprétez cette hésitation de la France?

Kofi Yamgnane: La France s’honore d’une longue expérience dans la coopération internationale et dans les relations bilatérales, notamment avec ses anciennes colonies. Elle juge souverainement de l’opportunité d’intervenir dans les débats au sein de pays étrangers, en observant scrupuleusement les règles de leurs souverainetés. De plus, aujourd’hui la France fait partie de l’Union européenne qui est un projet politico-économique du « vieux continent » las de vivre des guerres meurtrières entre les nations européennes et qui a décidé de conjurer ces dernières. Et au sein de cette Union, la France n’est pas un pays lambda: elle fait partie de la poignée des pays européens qui ont imaginé, construit et façonné l’Union. Elle ne s’autorise donc plus à faire cavalier seul, singulièrement en Afrique. Vous comprenez donc que cette France-là prenne le temps de consultations bilatérales avec ses pairs avant de décider. Ces consultations sont toujours stratégiques puisque la décision finale engage l’Union. C’est donc au bout de ces consultations (et cela prend toujours un peu de temps), qu’elle a décidé d’envoyer un message de félicitations à Faure Essozimna Gnassingbé et en même temps reconnaître les résultats du scrutin du 22 février 2020. Vous avez sans doute remarqué que cette décision de la France a entraîné la reconnaissance en cascade des pays de l’Union. Quant au contenu du message de félicitations à proprement parler, c’est un “minimum syndical” dans le choix du vocabulaire utilisé, règle élémentaire dans la courtoisie diplomatique…

Pourtant dans une sortie Emmanuel Macron parlait de la réalité de certains pouvoirs africains sourds aux alternances démocratiques…

Le Président Macron s’est en effet exprimé sur la réalité de certains pouvoirs africains sourds aux alternances démocratiques, donc à la démocratie. Il s’agit manifestement pour lui d’un constat évident d’échec des pouvoirs politiques africains. Depuis 1964, date de mon arrivée en France, huit locataires se sont succédé au Palais de l’Elysée. Pendant la même période, combien d’alternances démocratiques notre pays le Togo a-t-il connu? Cela signifie très concrètement que les Togolaises et les Togolais nés depuis 1964 n’ont connu qu’un seul et même régime: la dictature des Gnassingbé! Et le Togo n’est pas le seul dans ce cas: Le Cameroun, le Congo, le Gabon…etc, sont des références en ce domaine. Au regard de ces éléments, comment voulez-vous que le Président Macron ne s’interroge pas? Pourtant, il a fait de réels efforts pour aider les Africains à se prendre en mains et se concentrer sur le développement du continent. C’est ainsi qu’il y a trois ans, en Algérie, lorsqu’il n’était encore que candidat, Emmanuel Macron avait pris ses responsabilités en qualifiant de “vraie barbarie” et de « crime contre l’humanité » la colonisation. Quel Chef d’Etat africain a-t-il pris la balle au bond pour dire: « …oui ça suffit, nous sommes souverains et nous devons penser à nos pays et à nos peuples pour conjurer définitivement la tentation de volonté de domination des uns sur les autres… »? Aucun! Et surtout n’allez pas croire que la colonisation a définitivement disparu de la surface du globe. Que nenni: le néocolonialisme a remplacé la colonisation mais attention: la France n’est-elle toujours pas au Mali, la Russie en Syrie, les Etats-Unis en Irak? Oui, nous avons avec la France une histoire commune que personne ne peut nier. Les jeunes abordent cette histoire sous un autre angle. Faure est aussi jeune que Macron ils doivent mieux conjuguer le vivre ensemble. Malheureusement l’un est moderne et l’autre aurait juré à son père qu’il n’abandonnera jamais le pouvoir.

 Vous n’avez pas été content de l’ambassadeur de France dans un communiqué. Comment expliquez-vous ce soutien d’un diplomate français au pouvoir de Lomé et la pression de ce dernier sur une institution comme la HAAC ?

Non! Il est vrai que je suis particulièrement en colère contre notre Ambassadeur accrédité au Togo. Heureusement son séjour va sur sa fin et ce n’est pas trop tôt… Je lui reproche d’avoir instruit la HAAC, organe politique de censure, pour “punir” des journaux togolais qui l’auraient diffamé. Mais comment peut-il ignorer que la diffamation se juge devant les tribunaux? Quel Ambassadeur étranger accrédité à Paris aurait-t-il l’idée saugrenue d’aller saisir le CSA pour laver un affront journalistique? Je lui conseille de le faire quand il sera rentré à Paris à son Administration centrale au Quai d’Orsay… Oui M. Vizy a manifesté un soutien clair au régime de Lomé, ce qui dépasse son rôle! Ce soutien n’est pas admissible car c’est juste de l’ingérence! Monsieur l’Ambassadeur ne peut pourtant pas ignorer le prix que les Français ont payé pour les libertés, notamment la liberté de la presse! Le combat pour CHARLIE HEBDO en est la dernière illustration! Il s’agit plutôt d’un acte qui vient objectivement nourrir le sentiment anti-Français en Afrique, que nous déplorons tous, mais que je peux comprendre. Quant à la presse togolaise, elle est encore jeune et pourtant elle a déjà une longue histoire de combats pour sa liberté. La France contribue à sa maturation dans le secteur de la formation et de l’appui au secteur de l’audiovisuel et des médias (PROFAMED) destiné aux professionnels des médias et de l’audiovisuel. Nous l’en remercions.

Au micro de notre confrère Christophe Boisbouvier de RFI, vous dites que le pouvoir, les Gnassingbé l’achètent. Vous ne montez pas la barre trop haute avec la capacité des Gnassingbé à corrompre des chefs d’Etat africains parfois élus démocratiquement ?

Je ne crois pas pousser les enchères. J’affirme qu’en effet les Gnassingbé ont toujours acheté leur pouvoir avec l’argent du Togo. Comment pouvez-vous expliquer que des règles démocratiques édictées par la CEDEAO, par exemple, qui ont été appliquées avec vigueur au Président gambien et qui sont en cours d’application contre le Président guinéen, n’aient pas pu l’être au Togo? C’est incompréhensible et inexplicable par le bon sens commun. Le « flou » qui entoure et a toujours entouré l’absence de sanction contre le Togo cache un « loup », comme dirait mon amie Martine Aubry.

Un jour dans mon bureau, un ami me dit « …tu sais Kofi, tout s’achète avec l’argent! ». Oui je le crois volontiers. Nous avons tous une estimation en argent que les corrupteurs savent repérer. Pendant ma campagne présidentielle au Togo en 2009, j’apprends que le régime commence à trembler à cause de ma pénétration dans le pays profond et que l’idée de m’éliminer physiquement trottait dans certaines têtes pensantes du RPT. Alors un soir après le dîner, j’ai réuni la vingtaine de compagnons toujours présents à mes côtés pour leur dire: “… il paraîtrait que le RPT pourrait attenter à ma vie. Il ne peut le faire qu’à travers vous qui me connaissez et qui me suivez. Moi ma tête n’a pas de prix tandis que vous autres, vous avez tous une limite: ce n’est pas 1 million, peut-être pas 100 millions, peut-être même pas 500 millions, mais, quand on commencera à vous parler de milliards…. Donc je prie ceux d’entre vous qui savent qu’ils ne pourront pas résister à toutes les propositions de s’en aller sans regret”. Tous mes compagnons de route sont restés à leur poste. J’ai apprécié. Étrange nouvelle, alors qu’à mon arrivée, les plus hauts responsables du RPT m’avaient affirmé non sans un certain orgueil: « Kofi tu peux faire ta campagne. Le Togo aujourd’hui est une démocratie apaisée… »! Et même Faure à qui j’ai rendu une visite protocolaire de politesse ou de courtoisie, m’avait encouragé et attribué une garde rapprochée de 3 gendarmes. Tout en sachant que ces envoyés de la maréchaussée étaient là pour rendre compte quotidiennement à leur hiérarchie et non pas vraiment pour me protéger (de qui ou de quoi d’ailleurs?), j’ai toujours utilisé un verbe clair pour m’adresser à mes compatriotes. Je n’avais à avoir peur de personne: j’étais chez moi.

Lynxtogo.info : Monsieur Charles Kondi Agba, Président des Sages du parti UNIR explique que, leur victoire est due au fait que, les partis de l’opposition n’avaient pas laissé leurs militants aller s’inscrire sur les listes…

C’est une vraie parole de Sage et Kondi Agba est un expert en la matière. J’espère seulement que lorsqu’il aura décidé d’écrire ses mémoires, le grand frère Charles Kondi Agba gratifiera les jeunes générations d’un manuel d’Histoire où seront relatées les conditions éminemment démocratiques, hautement consensuelles et indubitablement pacifiques qui balisèrent les parcours essentiellement moraux de ses mentors ainsi que son propre parcours tant aux côtés du père que du fils. Pourtant tout le monde et surtout Charles, connaît la vérité: ni Étienne Eyadéma Gnassingbé, ni Faure Essozimna Gnassingbé n’ont jamais gagné une seule élection au Togo! Charles le sait d’autant plus qu’il a volontairement accepté de se faire corrompre et de corrompre lui-même à son tour pour traficoter les élections toujours perdues par son parti. Un grand Sage devant l’Eternel, Charles Agba Kondi…

Lynxtogo.info : Le parti au pouvoir UNIR a gagné les élections de février 2020 avec 70%. En 2017, plus d’un million de Togolais était dans les rues de Lomé pour exiger le départ de Faure Gnassingbé. Comment expliquez-vous ce score ?

Non! Le parti au pouvoir UNIR n’a gagné aucune élection! Ni en 2005, ni en 2010 quand le pouvoir était RPT pur et dur, ni en 2015, ni 2020 quand le RPT est devenu UNIR! Par ailleurs, il n’y avait pas qu’à Lomé que les Togolais manifestaient: Mango et Bafilo étaient en état de siège; Bassar et Dankpen étaient “chaud-bouillant”; tous les habitants de la région de Sokodé étaient du gibier tirés par la soldatesque; Atakpamé, Kpalimé, Tsévié, Aného…tout le Togo était debout contre le tyran. Alors ces 70% de voix attribués à Faure dès le premier tour, c’est juste une ineptie, une insulte et une provocation! Qui peut-il croire de telles invraisemblances? Il ne m’était jamais arrivé de penser qu’un esprit sain puisse imaginer tel crime: seuls les « penseurs » du RPT∕UNIR en sont capables! Dont acte! Faure Essozimna Gnassingbé n’a jamais gagné aucun scrutin! Lui-même en est conscient. Toutes les chancelleries dans le monde, tous les habitants du Togo RPT/UNIR y compris, savent que Faure Essozimna Gnassingbé a été éliminé dès le premier tour. A mon avis, car moi non plus je n’ai pas les vrais chiffres sortis des urnes, mais le scénario le plus vraisemblable est le suivant: dès le premier tour, Fabre et Agbéyomé ont largement distancé Faure, ce qui l’éliminait du deuxième tour. Alors il ne lui restait plus que l’hypothèse d’un coup d’Etat électoral, ce qui a été fait.

A la London Chatham House en 2019, Faure Gnassingbé avait montré les progrès économiques et la réalité du jeu démocratique de son pays, le Togo. C’est ce qui explique les allers-retours de l’ancien premier ministre anglais Tony Blair et de l’ex patron du FMI, Dominique Strauss -Kahn dans les couloirs de la présidence togolaise ?

Non, les événements de 2019 à la London Chatham House ne sont pour rien dans l’explication de la présence de Blair ou celle de Strauss-Kahn au Palais de Lomé où ils sont réputés être des Conseillers de Faure: l’un pour faire du lobbying auprès de l’UE, l’autre pour faire de même auprès du FMI. Plus prosaïquement et sans vouloir en aucune façon vous décevoir ou les vexer, tous les deux sont au Togo pour l’argent qu’ils y gagnent et pour le train de vie que le Togo leur assure. Rappelez-vous: « …comme son père l’a fait avant lui, Faure achète son pouvoir » et il existera des mercenaires sans foi, sans loi, sans morale, sans éthique…pour répondre « présents ». Il serait bon de demander et d’obtenir le coût de cette intervention de Faure Essozimna Gnassingbé à London Chatham House. De plus vous pouvez connaître les conditions dans lesquelles cette conférence a été organisée et surtout par qui elle a été financée. En outre, pensez-vous sérieusement qu’à Londres, Faure Essozimna Gnassingbé était capable de plaider pour un Togo de paix et de sécurité. Comment pouvait-il convaincre un auditoire informé du fait qu’il avait posé son fauteuil sur une montagne d’un millier de cadavres encore fumant de ses compatriotes? Comment Faure pouvait-il parler sur la scène internationale de la paix et de la sécurité alors qu’il est incapable d’instaurer l’une et l’autre dans sa propre famille et a fortiori dans son pays? Alors à force de lobbying et d’argent jeté par les fenêtres, les règles élémentaires de bonne éducation aidant, nos amis anglais l’ont poliment écouté. En un mot comme en mille, à la London Chatham House, Faure Essozimna Gnassingbé, le Chef de l’Etat togolais était une pure curiosité que certains Anglais sont venus découvrir.

Les partis d’opposition semblent n’avoir plus des idées pour continuer la lutte. Que propose l’homme politique Kofi Yamgnane pour la suite du combat ? Une société civile forte ou purement un militaire comme Thomas Sankara ou Jerry Rawlings au-devant de la scène ?

Les partis politiques d’opposition sont régulièrement bafoués, muselés, violentés mais ils continuent à se battre courageusement avec les moyens qui sont les leurs. Ils se battent avec les moyens dont ils disposent. Dire qu’ils semblent n’avoir plus d’idées serait les sous-estimer. Ce n’est pas ma posture. L’opposition togolaise souffre d’une chose, une seule: son incapacité historique de se rassembler autour de quelques idées, un projet de société et puis seulement trouver un porte-parole pour diffuser ces idées et ce projet de société. Le secret du CHANGEMENT est là! Tous les responsables doivent d’abord taire leurs ambitions, calmer leurs egos…Là où il y a la volonté, il y a un chemin! Que tout le monde accepte de travailler avec tout le monde: voilà le slogan pouvant mener à la victoire pour le peuple togolais. Notre faiblesse, celle de l’opposition togolaise, trouve ses racines dans cette inaptitude à se regrouper, mutualiser nos forces, face à l’adversaire RPT/UNIR. Ainsi, qu’avons-nous fait de concret, qu’est-ce que l’opposition a construit lors de la chasse à l’homme concernant le leader du PNP Tikpi Atchadam ? Le jour où l’ANC et le PNP se parleront les premiers et face à face sans arrière-pensée, le CHANGEMENT sera à notre portée. C’est ce qui permettra aux autres formations de venir renforcer ce « noyau dur » de la naissance de la Révolution togolaise. Quant à l’arrivée d’un sauveur providentiel, je n’y crois pas un seul instant. Vous pouvez constater que le candidat de Mgr Kpodzro dont le nom, pourtant selon lui, soufflé par le “Saint-Esprit”, en a fait une éclatante démonstration.

On a tué un haut gradé au sein des Forces Armées Togolaises. Comment expliquez-vous le silence de son unité et le remplacement rapide de ce dernier par un fils originaire de l’ethnie de Faure Gnassingbé ?

Cet assassinat est une abomination supplémentaire du régime fasciste instauré par le RPT/UNIR. Le silence du gouvernement de Faure Essozimna Gnassingbé et sa décision de remplacer immédiatement un Chef de Corps issu de l’ethnie Nawdba par un officier de sa propre ethnie, nous démontre que ce régime qui a toujours tenté d’instrumentaliser la division ethnique est un régime qui joue sciemment avec le feu. Ainsi Faure Gnassingbé, pas plus que ses militaires, ses centaines de conseillers, n’a tiré aucune leçon du drame que le Rwanda a connu, et avant lui l’Afrique du Sud. Les 27 ans de prison de Madiba Mandela ne serviront-ils donc jamais d’exemple? Ce silence de Faure et sa précipitation à « caser » un des siens pour garder la maison montrent que c’est vraiment un petit esprit. Personne ne semble voir venir le danger, pourtant il est imminent: le jour où toutes les autres ethnies s’uniront contre Faure et la sienne, le monde se réveillera avec un goût de sang à la bouche. Une guerre ethnique au Togo, comme semble le souhaiter Faure, sera une catastrophe immense, non seulement pour le petit Togo, mais elle enflammera le continent tout entier. Que personne ne vienne alors dire: « on ne savait pas! ». Ce crime odieux d’une part, ce silence assourdissant de Faure, d’autre part, doit ouvrir dès aujourd’hui les yeux de la jeunesse togolaise, d’abord celle de Siou, celle de Niamtougou, celle Kanté, de Lama, de Kara… etc et toutes de toutes les autres ethnies : Jeunesse togolaise, réveille-toi, le feu couve à la maison! Il faut mettre fin à tous les codes ethniques utilisés dans le pays par les Kabyè dans tous les domaines de la société: concours administratifs truqué, justice instrumentalisée, police et gendarmerie accaparée, armée noyautée, économie gangrenée…etc. Les Soldats de la BIR ne sont si lâches. Le jour viendra où eux aussi chercherons à savoir pourquoi un des leurs s’est fait sauvagement assassiné dans son bureau. Soldats togolais, qu’attendez-vous pour vous révolter? Vous attendez peut-être que cela vous arrive à vous aussi? Armée togolaise, Jeunesse togolaise je vous invite à dire non à l’arbitraire. Armée togolaise, jeunesse togolaise, peuple togolais, dressons-nous tous contre l’impunité et réclamons justice pour Bitala Madjoulba. Dites tous et chacun avec moi: « JE SUIS MADJOULBA! ».

Question d’ordre personnelle Monsieur Yamgnane. On vous a dénié de votre certificat de naissance douteux au Togo. Alassane Ouattara dans votre situation avait mis toute la communauté internationale derrière lui. Pourquoi Monsieur Yamgnane a-t-il jeté lui l’éponge ?

De grâce, laissez-moi rester le Kofi Yamgnane que je suis, que j’ai toujours été. La roue de la vérité tourne. Elle finit toujours par se rétablir avec le temps. Il y a eu trop de morts au Rwanda. Il y a eu trop de morts en Côte d’Ivoire. Je ne peux souhaiter aucune de ces situations à mon pays le Togo. Par contre, je continue de croire en cette jeunesse et en ces populations togolaises qui, à travers le temps, commence par s’approprier leur propre destin. Conscientes du vol du pouvoir, les populations togolaises demandent à l’unisson le départ de celui qui s’est octroyé de 70% des voix de ceux qu’il pourchasse toutes les nuits que Dieu fait. Kofi Yamgnane n’a jamais jeté et ne jettera jamais aucune éponge. Je me suis retrouvé tout seul lorsque Faure Essozimna Gnassingbé et ses affidés ont intentionnellement cherché à me ridiculiser, à m’humilier en me faisant passer pour ce que je ne suis pas. Je suis né Togolais bien avant lui. A mon retour au Togo en 1989, après mon élection comme Maire d’une commune française, Eyadema me reçoit en son palais et me pose la question.

Lui: Kofi, fils de Bassar, je connais les Blancs avant toi. Explique-moi comment tu as fait pour qu’ils votent pour toi?

Moi: rien, Monsieur le Président; je me suis juste conduit comme les vieux Bassar me l’ont enseigné: travail, courage, ouverture d’esprit.

L’année de la naissance de Faure, je partais à Paris le bac en poche pour mes études supérieures. Qu’est-ce qui lui donne le droit de me dénier de ma nationalité togolaise que j’avais déjà bien avant sa naissance? Et pour autant, comment pourrais-je jeter l’éponge ? Comment pourrais-je accepter d’abandonner le peuple togolais à son triste sort entre les mains si malveillantes d’ignares qui s’ignorent? Je suis un Bassar et un Bassar meurt face au guerrier ennemi, la flèche dans la poitrine ; jamais en fuyant, la flèche dans le dos. Un guerrier Bassar trouvé mort, une flèche dans le dos sur le champ de bataille n’a pas droit aux obsèques: il est laissé sur place à la merci des rapaces et des vautours. Tenez-vous-le pour dit. Je me dois aussi d’apporter une réponse conséquente aux multiples sollicitations de cette jeunesse togolaise. Je travaille avec elle et avec bien d’autres composantes de la nation togolaise qui me sollicitent quotidiennement.

Interview réalisée par Camus Ali

LynxTogo.info

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