Kadhafi: Il réplique par une guerilla et une résistance urbaine

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Ibrahim Moussa : « La lutte est très, très loin d’être terminée »
Hasni Abidi :
« Kadhafi est partout et nulle part »
Moammar Kadhafi : « Nous les combattrons partout et nous brûlerons la terre sous leurs pieds »

La guerre en Libye est aussi et avant tout une guerre médiatique. Tout est fait dans les medias de l’OTAN pour faire croire à la « chute de Kadhafi », à la « fin de la guerre » et à « la victoire de l’OTAN ».

Tout cela rappelle le « mission accomplie » (sic) de Georges W. Bush en Irak en 2003. Ou aux communiqués victorieux de l’OTAN depuis dix ans en Afghanistan. Mais en cette année 2011, le pouvoir des régimes fantoches de Bagdad et de Kaboul s’arrête aux murs des complexes gouvernementaux sécurisés par les mercenaires du Pentagone et les forces spéciales de l’OTAN. Et au prix d’un condominium avec la théocratie réactionnaire de Téhéran, plus ou moins honteux en Irak, encore plus occulte en Afghanistan. La Résistance nationale irakienne, encadrée par le Ba’ath de Saddam Hussein, combat dans tout le pays. Et l’OTAN s’apprête à quitter honteusement le piège afghan, comme jadis les soviétiques.

En Libye, il en va de même. Et l’OTAN vend la peau du vieux lion libyen avant de l’avoir tué. Au pays d’Omar Moktar, où a combattu la plus longue des guérillas anticoloniales, contre les Italiens, c’est oublier un peu vite que Kadhafi, l’armée loyaliste, les milices tribales et les patriotes libyens se battent toujours, avec détermination et rage.

GUERILLA URBAINE A TRIPOLI !

Le choix de Kadhafi, comme celui de Saddam Hussein en 2003, c’est la Résistance, la lutte armée et la Guerilla. L’arme des résistants dans les guerres asymétriques de l’Occident. « Sans merci » annonce Kadhafi en ce 42e anniversaire de sa révolution de 1969 !

Mouammar Kadhafi affirme qu’il ne « se rendra pas » et « poursuivra le combat », dans des extraits d’un message audio diffusés ce 1er septembre par la courageuse chaîne satellitaire Arrai (Damas). « Nous ne nous rendrons pas. Nous ne sommes pas des femmes et nous allons poursuivre le combat », a-t-il indiqué. « Même si vous n’entendez pas ma voix, poursuivez la résistance », a déclaré le colonel libyen, la voix calme et déterminée, à l’adresse de ses partisans dans cet enregistrement retransmis à la date anniversaire de la Révolution qui l’a porté au pouvoir le 1er septembre 1969.

« La Libye ne se rendra pas et ne sera pas colonisée », a encore déclaré le guide libyen dans un deuxième message sonore de la journée diffusé par la chaîne de télévision syrienne Arraï. « Nous les combattrons partout et nous brûlerons la terre sous leurs pieds (…) vous ne trouverez pas le sommeil et le repos sur cette terre ! « La résistance grandit à Tripoli, qui sera libérée pied à pied », a-t-il ajouté.

A Tripoli, la guerilla urbaine est en marche !

L’AFP évoque, toujours à mi mots lorsque les mauvaises nouvelles dérangent la propagande de l’OTAN, à Tripoli « le « chaos de ces derniers jours », y compris des tirs depuis des voitures en direction de points de contrôle tenus par les rebelles, qui ont fait deux morts et sept blessés en quarante-huit heures. Il existe « plusieurs cellules dormantes de Kadhafi » à Tripoli ». LE TEMPS (Suisse) écrivait ce jour que « Le nouvel appel à poursuivre la lutte armée lancé par » Kadhafi « relance les spéculations sur l’existence, à Tripoli, de cellules kadhafistes souterraines ».

LE LEADERSHIP LIBYEN ORGANISE LA RESISTANCE

Notre frère Moussa Ibrahim, porte-parole du leadership libyen, a déclaré par téléphone ce jour à l’agence Reuters qu’il se trouvait pour sa part dans un faubourg au sud de Tripoli. « Je me déplace beaucoup et je n’ai pas de connexion internet pour le moment », a-t-il ajouté en évoquant sa situation.

Concernant Seïf al-Islam Kadhafi, il affirme qu’il était avec lui hier. « Je l’ai accompagné dans une tournée autour de Tripoli depuis le sud », a-t-il dit, évoquant une série de réunions avec des chefs tribaux et des partisans de Mouammar Kadhafi.

« Le conseil de transition et les bandes armées ne contrôlent pas notre pays. Notre armée contrôle encore de nombreuses régions de Libye. Nous serons à même de reprendre Tripoli et bien d’autres villes dans un proche avenir », a assuré Moussa Ibrahim. « La lutte est très, très loin d’être terminée. »

Dans une déclaration audio diffusée sur la télévision syrienne Al-Rai,Seif al-Islam, le fils de Kadhafi, a dit qu’il parlait de la « banlieue de Tripoli » et a insisté que son père allait bien. «Nous allons mourir sur notre terre », at-il dit affirmant qu’il parlait pour les leaders loyalistes qui s’étaient rencontrés dans le bastion de Kadhafi de Bani Walid. « Personne ne va se rendre. »

« Nous devons mener une campagne d’usure jour et nuit, jusqu’à ce que ces terres soient purifiées de ces gangs et des traîtres», a-t-il déclaré dans un communiqué diffusé sur la chaîne de télévision basée en Syrie. « Nous assurons aux gens que nous tenons bon et le commandant est en bonne condition», a dit Saif, ajoutant qu’il y avait 20.000 soldats loyalistes prêts à défendre Syrte.

QUELLE SONT LES CARTES RESTANT AU GUIDE LIBYEN ?

« Rien n’est plus complexe et coûteux à mener qu’une guerre des rues. Compte tenu de leurs faibles effectifs (pour toute la Libye, les rebelles ne disposent que de quelques dizaines de milliers de combattants), les troupes du CNT pourraient connaître quelques sérieuses déconvenues avant d’imposer effectivement leur contrôle à une ville aussi étendue que Tripoli », analyse The Independent (Londres).

D’ailleurs, The Independent signale une première contre-attaque loyaliste sur Zlitan. Et les Brigades de Khamis Kadhafi, dont les media de l’OTAN annoncent inlassablement la mort, combattent à Zawiah et à Zaruwah, à 50 Km du centre de Tripoli.

« Kadhafi conserve sa capacité de nuisance », écrit Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, auteur du «Manifeste des arabes», et féroce critique de Kadhafi. Pour lui, « les partisans de Kadhafi n’ont pas dit leur dernier mot (…) Kadhafi a préparé son plan en cas d’insurrection. Une des brigades de sécurité a été formée pour une seule mission: comment défendre Kadhafi en cas d’insurrection? C’est à dire que Kadhafi était conscient de ce risque. L’homme ne pensait pas que la révolution allait être aussi brutale, aussi déterminée. Mais il s’est préparé à l’après Bab al-Azizia (…) sa capacité de nuisance, elle est beaucoup plus grave qu’auparavant quand il était à Bab al-Azizia. Aujourd’hui, sa capacité de nuisance est diffuse. Et aussi il n’a plus de sanctuaire pour devenir une cible facile. Il est partout et nulle part. »

La première offensive de la Guerilla vise bien entendu Tripoli. Kadhafi, écrit Hasni Abidi « a préparé un plan d’abord pour compliquer la vie des nouveau maîtres de Tripoli. Semer le chaos et la panique. Il sait que si la sécurité ne revient pas rapidement à Tripoli tout le processus de transition va être reporté ».

La bataille pour le contrôle de Tripoli est donc engagée. Dans une Libye où les forces loyalistes se battent encore partout. « Le drapeau vert (de la Jamahiriya et de la Démocratie Directe, ndlr) flotte partout, des frontières avec l’Algérie, le Niger et le Tchad, jusqu’aux rivages de la Méditerranée », rappelle Kadhafi ce 1er septembre. « S’ils veulent une longue bataille, qu’elle soit longue. Si la Libye brûle qui pourra la gouverner? Qu’elle brûle ». Il a affirmé aussi que les rebelles ne pourraient pas prendre le contrôle des villes encore libres. « Qui peut soumettre Bani Walid, Syrte ou Tarhouna? Ces villes abritent des tribus armées et personne ne peut gouverner la Libye sans leur consentement ».

Le pseudo CNT peut parader devant les caméras de l’OTAN ou des mercenaires made in USA qataris. Son pouvoir est encore moins assuré à Tripoli qu’à Benghazi. Une situation que les fantoches pro-américains (et pro-iraniens) de Bagdad et Kaboul connaissent bien…

Good morning Libya !

Luc Michel

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