Et la télévision publique chinoise CCTV1 se régale des informations de ces mendiants d’un nouveau genre, en ouvrant leur journal systématiquement avec l’énième politicien européen qui débarque pour demander l’aide financière à la Chine. Et comme c’est tous les jours, les téléspectateurs chinois ont à la fin l’impression que cela fait partie du générique du début du journal.
Le plus ridicule de tout ça est le fait que l’information est tenue très souvent secrète en Europe, dans le pays du politicien et que tous se croisent à Pékin, dans la salle d’attente des mêmes ministères, de la présidence et très souvent, font semblant de ne pas se connaitre. C’est alors que la mèche est souvent vendue par eux-mêmes, mais en trahissant l’autre.
C’est en tout cas ce que nous apprenons régulièrement à travers des fuites dans les mêmes journaux européens. C’est ainsi que le 13 Septembre 2011, la une de plusieurs journaux européens, reportait ce titre tout aussi évocateur qu’intrigant :
« L’Italie nie avoir demandé l’aide de la Chine »
Antonio GentileC’était, en tout cas, le résumé du démenti apporté dans un communiqué par Antonio Gentile (photo), secrétaire d’Etat italien à l’Economie, après la fuite de l’information rendue publique par le très sérieux quotidien financier britannique, Financial Times de la veille, selon lequel Rome aurait supplié la Chine de lui prêter encore plus d’argent par d’importants rachats des titres de sa dette dite souveraine. Le vice-ministre italien reconnaît que son principal, le ministre des Finances Giulio Tremonti, accompagné d’une importante délégation des responsables de la Cassa Despositi e Prestiti (organe qui gère les recettes et la dette publique italienne), ont bel et bien rencontré Lou Jiwei, le président du puissant fond souverain chinois, la China Investment Corp (CIC) mais « pour évaluer des opportunités d’investissement en Italie, surtout à caractère industriel», conclut le communiqué.
Pour comprendre l’importance de ce fait à première vue anodin et sans importance, il faut juste regarder les indices des différentes bourses occidentales après le scoop du Financial Times et le lien avec le titre de cette leçon d’une Europe contente de devenir une colonie chinoise il faut lire le commentaire paru dans le journal français Le Figaro du 13/9/2011 qui dit ceci :
« Toutes les Bourses européennes ont clôturé ce mardi sur un net rebond, (…). Hier, la nouvelle (de la Chine qui accepte d’aider l’Italie), avait déclenché une remontée fulgurante des indices américains qui ont terminé la séance en hausse alors qu’ils étaient, à l’instar de l’ensemble des places européennes, en nette baisse peu avant cette information. Les marchés des changes ont également réagi. L’information a renforcé l’euro, qui s’échange à 1,3692 dollar dans la soirée. »
Allons un peu voir dans les détails cette « remontée fulgurante des indices » dont parle le journal pour comprendre ce qui s’est réellement passé d’une Europe contente d’être colonie chinoise. Par exemple la bourse de Paris a clôturé en gagnant le 1,41% alors que la veille elle avait clôturé dans le rouge à -4%, et vendredi à -3,6% ; c’est la même chose pour : Milan, 2,19%, Francfort 1,85%, Madrid 2,53% etc. Le pétrole à la bourse de New-York a gagné 2%. Chez les banques, on célèbre le nouveau patron avec la même euphorie, la Société Générale par exemple gagne 14,96%, alors que la veille elle avait plongé à -10%, jusqu’aux entreprises industrielles, comme Renault qui gagne 3,63%.
Quelque chose de très grave va se passer, nous amenant à sérieusement nous interroger sur le niveau d’intelligence de ces dirigeants européens. Lorsqu’à l’annonce du Financial Times, tous les marchés financiers occidentaux avaient réagi très positivement, le politicien italien n’avait pas besoin de prendre des cours de finances pour savoir qu’il n’avait aucun intérêt financier à démentir l’information. Surtout lorsqu’il était le seul à savoir que le lendemain, l’Italie s’apprêtait à mettre sur le marché de nouveaux titres. Et ce qui devait arriver, arriva. Avec le démenti, les marchés ont boudé le titre italien, qui à la fin s’est soldé à un taux record de 5,6%, ce qui est terrible pour les finances d’un pays.
Selon l’analyste financière italienne Mariangela Pira, c’est l’entourage proche du ministre Tremonti qui avait fourni la fuite de l’information à Financial Times, afin d’orienter les marchés à la clémence et à l’engouement des titres que l’Italie allaient mettre sur le marché : 7 milliards d’Euros ce 13/09/2011, 10 milliards d’Euros à peine 2 jours après, le 15/09/2011 et 9 milliards d’Euros 2 semaines plus tard, le 30/9/2011. Et à cause d’un comportement maladroit du vice-ministre qui a cru bon de servir à sa population la phobie ou l’allergie à la Chine, il a tout raté.
Et devinez un peu, qui est venu acheter ces bons de trésors italiens à un taux aussi élevé de 5,6% ? bien sûr, la Chine. C’est–à-dire qu’à cause du démenti du vice-ministre italien, la Chine s’est enrichie encore plus, sur le dos du contribuable italien. Officiellement, la Chine détient 20% de la dette publique italienne qui est de 2000 milliards de dollars, c’est-à-dire 400 milliards d’Euros de dettes que l’Italie doit à la Chine.
A un taux moyen annuel de 5%, l’Italie enrichit la Chine chaque année d’environ 20 milliards d’euros, uniquement comme intérêt sur la dette et ce, sans toucher au capital prêté. Intérêts qui servent à la capitalisation des banques chinoises, afin de financer ses petites et moyennes industries qui iront ensuite à la conquête du monde, y compris de l’Italie. C’est-à-dire qu’un pays comme l’Italie, à cause de son comportement nuisible à toujours dépenser ce qu’il n’a pas, finance aujourd’hui son prédateur, la Chine, et la fortifie pour venir mettre ses usines à genoux. C’est pire pour d’autres pays comme l’Irlande dont la Chine détient les 70% de sa dette publique et où 50% des plus grandes entreprises du pays sont aujourd’hui aux mains des groupes chinois.
C’est à ce prix que l’Irlande a été sauvée de la crise de 2008. C’est à se demander à quoi sert réellement l’Union Européenne. Puisque c’est encore la Chine qui va faire la différence en Grèce avec d’importants investissements, alors que l’Union Européenne conduite par la France et l’Allemagne, n’était intéressée qu’à éviter un défaut pour le manque à gagner que cela aurait causé aux banques de ces 2 pays, et certainement pas pour sauver la Grèce.
Adolfo Urso Le journal italien Linkiesta rapporte les propos d’un certain Saro Capozzoli, membre de la délégation italienne accompagnant au mois de Mai 2009 le vice-ministre italien du Développement Economique Adolfo Urso durant la visite en Chine, visite qu’il a définie lui-même de stratégique, le politicien italien aurait présenté aux Chinois une liste de 600 noms d’entreprises italiennes en difficulté, demandant l’aide des Chinois pour les sauver.
Présenter une telle liste est la preuve que l’Europe esclave cherche désespérément à être un protectorat chinois, il s’agit d’une capitulation du capitalisme et de la démocratie tant vantée de l’Occident sans même combattre, face au communisme à la sauce chinoise.
Pour bien le comprendre, retournons à la rencontre entre Tremonti et Jiwei, l’un est le ministre italien des finances et l’autre est l’ex-ministre chinois des finances. Le premier gère les finances d’un pays en quasi-faillite et doit se mettre à genoux devant son interlocuteur chinois pour avoir un peu d’argent chaque 2 semaines pour payer la police, les magistrats, les médecins. Le deuxième est assis sur un pactole de 410 milliards de dollars qu’il utilise pour des investissements financiers surtout en Occident et en tire les intérêts pour renflouer et capitaliser les banques chinoises.
En d’autres termes, ce sont les Européens, qui, ne voulant pas s’habituer à la privation, donnent à la Chine l’argent que cette dernière utilise pour renflouer ses banques et lui donnent les moyens de financer ses entreprises, au moment où leurs concurrentes européennes manquent cruellement de liquidité.
Voici un exemple dans le secteur des télécommunications qui va permettre de bien comprendre ce match bizarre d’une compétition truquée dès le départ entre les entreprises publiques chinoises et les sociétés privées occidentales.
Aujourd’hui en 2013, 2 entreprises chinoises, la Huawei et ZTE contrôlent les 50% des centrales téléphoniques et des réseaux de télécommunications de toute l’Union Européenne. Ceci a été possible grâce à l’ouverture totale du marché européen des télécommunications, sans contrepartie exigée à la partie chinoise, à cause des milliards que la Chine verse pour acheter chaque semaine les dettes européennes.
Conséquence, ces 2 géants cités avant, disposent à la Banque Chinoise de Développement d’une ligne de crédit de 35 milliards de dollars pour conquérir l’Europe, alors que ce montant correspond au chiffre d’affaires cumulé annuel de leurs 3 principaux concurrents européens : Nokia-Siemens, Alcatel-Lucent et Ericsson. Il n’y a pas match. C’est une colonisation qui s’installe jour après jour. C’est ce qui va faire insurger un syndicaliste de la CFDT, monsieur Philippe Saint Aubin (délégué CFDT d’Alcatel-Lucent) qui va déclarer le 24/11/2010, dans un article de Yves-Michel Riols publié dans le magazine économique français l’Expansion, du titre : « Télécoms: les géants chinois s’emparent des réseaux », ceci : « Par son absence d’une politique industrielle, l’Europe est en train de creuser sa propre tombe dans les nouvelles technologies ».
Le Yuan va bientôt remplacer le dollar considéré par la Chine comme une fausse monnaie
En 1948 au Congrès américain, le député du Nebraska, un certain Howard Buffett (qui n’est rien d’autre que le papa du milliardaire Warren Buffett), fait un discours dans lequel il affirme :
« En raison de la puissance économique des Etats-Unis, cela peut prendre du temps jusqu’à ce qu’on arrive à la fin de l’expérience du papier-monnaie. Mais quand ce jour viendra, notre gouvernement trouvera certainement qu’il est plus sage de faire une guerre à l’étranger que d’engager un débat dans le pays. C’est ce qu’ont fait Hitler et d’autres dirigeants. Si l’on veut sauvegarder la liberté humaine, il n’y a pas de défi plus important que de gagner le combat pour la réintroduction d’une monnaie honnête, c’est-à-dire convertible en or. C’est le seul moyen d’être sûr que les fruits de notre travail nous resteront. »Yuan ChinaOui, vous l’avez bien compris, le député américain affirme et confirme là que les Etats-Unis trompent le monde avec de la quasi-fausse monnaie, parce que n’ayant aucune convertibilité en or, une monnaie qui n’a aucune garantie avec des réserves d’or équivalentes, comme on aurait dû le faire, une monnaie qui n’est rien d’autre que de simples bouts de papiers imprimés, qu’on fait la guerre à la planète pour instaurer la terreur et l’obliger à accepter ces bouts de papiers en échange de leurs richesses, en échange de leur travail qui devient ainsi gratuit, afin d’entretenir le niveau artificiellement élevé de la vie aux USA.
On pourrait dire qu’Howard Buffett est un visionnaire, puisqu’il est capable d’anticiper en 1948, la situation de déclin de l’Occident aujourd’hui. Mais dans les faits, il est juste un homme pragmatique, un réaliste qui comprend que l’économie-casino peut rendre riche et même très riche certains participants autour de la table de jeu, mais que cette maison qu’on gagne aussi facilement à la roulette est aussi celle qu’on perd dans la ville, cet argent qui change 100 fois de main dans la soirée autour de la table de jeu et qui donne l’illusion à 100 personnes d’être devenues riches, n’est que de la fumée au yeux, de la malhonnêteté, du brigandage et pour venir à bout, il suggère, ni plus, ni moins qu’un débat national. Et il craint justement qu’à sa place, les politiciens ne choisissent comme les dictateurs qu’ils sont les premiers à décrier, la voie de la fuite en avant, de la guerre permanente, des rebellions qu’on finance en Libye et qu’on prétend combattre au Mali, des djihadistes qui sont des méchants en Afghanistan et comme par enchantement, des anges en Syrie.
Dans un article du 14 mars 2006 intitulé « La fin du dollar, retour à l’étalon or » l’économiste italien Luigi Chiavarini déclare :
« Les USA sont en faillite depuis le 15 août 1971. C’est ce jour-là que la guerre de l’Amérique contre l’or a commencé. Avec le système de Bretton Woods, ils ont abandonné l’obligation de convertibilité en or, agissant ainsi comme une république bananière. Théoriquement, ils ne peuvent plus mener de guerres, c’est-à-dire que la discipline de l’étalon-or devrait les en empêcher. Etant donné les déficits de l’Etat, ils n’ont pas l’argent nécessaire pour mener une guerre inutile et destructive. Leur dette extérieure est énorme. À l’opposé des années 1930 où ils étaient encore un pays créancier, ils sont aujourd’hui un pays débiteur. Sans parler de la balance commerciale catastrophique. Malgré tout, ils font la guerre et la financent avec leur papier-monnaie sans couverture, c’est-à-dire quasiment avec de la fausse monnaie qu’ils impriment eux-mêmes. Depuis 1971, tout le monde accepte cela. »
Oui, tout le monde accepte cela depuis 1971 sans broncher de peur de la réaction américaine. Un peu comme un bandit qui débarque chez vous, vous met le fusil sur la tête et décide de tout acheter chez vous, non pas avec votre monnaie qu’elle serait obligée de s’en procurer avec de l’or, mais avec sa propre monnaie qu’il a tout simplement imprimé et vous oblige de l’accepter sans aucune garantie de sa valeur. Imaginez que vous êtes Malgache, votre monnaie s’appelle l’Ariary. Vous l’imprimez autant que vous voulez et l’utilisez pour tout acheter dans le monde, sans aucune contrepartie en or. Ça, tout le monde est bien en mesure de le faire.
Ainsi faisant, oui, le Madagascar deviendrait très vite le pays le plus riche au monde, puisqu’il fait juste un braquage de la richesse des autres nations. Et quand bien même vous direz que Madagascar est surendetté, pas de soucis, de toutes les façons, il a la planche à billets et imprimera des bouts de papiers autant que vous en réclamez, pour payer sa dette. Oui, des bouts de papiers exactement comme au Monopoly, c’est-à-dire sans aucune garantie, sans aucune valeur réelle.
Ce Monopoly, c’est le système actuel dans lequel nous vivons depuis 1971. Et c’est à ce grand braquage, le plus grand de l’humanité qu’un pays a décidé d’y mettre fin en 2013, c’est-à-dire 41 ans après. Et ce pays, c’est la Chine. Pour contraindre les Américains à descendre de leur nuage et revenir sur la planète terre et de finalement vivre de la sueur de leur front comme le reste de l’humanité. Pour y parvenir, la China a mis au point une stratégie en 4 directions différentes que me confirment les rares analystes occidentaux futés, comme Isabelle Mouilleseaux :
Yuan Dollar1- Comme l’avait fait le président américain Roosevelt en interdisant la possession de l’or par la population, le président Chinois Mao avait interdit la possession de l’or par les Chinois. Le contrevenant risquait la prison. Cette interdiction a été levée en 2009. Et depuis lors, l’Etat chinois encourage ses habitants à épargner directement en lingots d’or de 5gr à 1kg. Des kiosques pour la vente d’or poussent dans toutes les villes chinoises comme des champignons avec des queues souvent kilométriques pour l’achat des petits lingots surtout de 50gr d’or très pur.
2- Il y a quelque chose qu’on ne dit pas assez, c’est que la Chine est le premier producteur d’or au monde, avec 400 tonnes d’or chaque année. L’or qui sort du sous-sol chinois n’alimente jamais le marché de l’or ni en Chine, ni à l’étranger, mais est directement engloutis dans les réserves d’or du pays, le vrai trésor de guerre sur lequel la Chine est en train de bâtir toute sa croisade monétaire contre le dollar américain.
3- Au début de l’année 2012, la chaîne de télévision financière américaine Bloomberg annonce un scoop : la Chine est en train d’acheter en grand secret, tout l’or du monde. La télévision avance même un chiffre : 3,6 millions d’onces d’or achetés en quelques mois seulement à travers sa place financière de Hong-Kong.
4- Comme je l’ai déjà expliqué dans la leçon n° 58 sur les mensonges sur la coopération entre la Chine et l’Afrique, la Chine est en train de mettre la main sur les plus grandes mines d’or au monde, surtout en Australie, au Canada et au Brésil.
C’est ainsi que s’organise la guerre que la Chine se préparer à livrer pour exclure le dollar comme la monnaie des échanges mondiaux, pour le remplacer par le Yuan chinois qui serait convertible en or. Chaque Yuan émis par la Banque Centrale Chinoise serait couverte par l’équivalent en or. C’est une guerre qu’elle sait pouvoir gagner très facilement, parce qu’en face, empêtré dans les inutiles débats de démocratie, de droit de l’homme et des bons points à attribuer aux dirigeants de la planète, l’interlocuteur est absent. Il dort, il est même en train de ronfler.
Et quand il est debout, il fait le tour d’Afrique pour expliquer que les chinois sont des méchants garçons. Et qu’on a besoin de Africom pour nous protéger. Quand il a fini pavoiser en Afrique avec un cortège fait de 10 hélicoptères et de 60 voitures blindées (alors que le cortège qui accompagne le président chinois en Afrique est de 10 voitures locales et sans hélicoptère), il rentre dormir. Il ne sait toujours pas ce qui se prépare contre lui. Et le réveil risque d’être extrêmement difficile à endurer.
C’est cette constatation d’un combattant qui a déserté le champ de bataille, qui a fait dire le 16 Mars 2012, à Isabelle Mouilleseaux, directrice de publications chez Publications Agora, co-auteur du livre publié chez Valor en 2008 avec le titre « Le déclin du Dollar : une aubaine pour vos investissements ? », dans un article intitulé : « La Chine est-elle en train de commettre un hold-up monumental sur l’or physique ? » ceci :
« Nous sommes obnubilés par nos élections, la dette, l’euro et la Grèce, le défaut etc. A force d’avoir le « nez dans le guidon », nous ne voyons pas le monde changer profondément autour de nous. Les cartes sont en train d’être rebattues, sans nous ; le monde de demain se réorganise, sans nous. La Chine a cet immense avantage d’être capable de se projeter loin dans l’avenir, de se fixer des objectifs clairs et de mettre tous les moyens en œuvre pour les atteindre. La patience et la persévérance sont ses forces ».
Madame Mouilleseaux a tout dit avec ce « nous sommes obnubilés par nos élections ». Elle est une des rares intellectuelles occidentales capables de comprendre qu’il y a quelque chose qui est en train de se passer pour changer la face du monde et ce sans la moindre implication des Occidentaux. Dans son article, elle est terrifiée du fait que la Chine ait tout simplement décidé d’imposer le Yuan comme monnaie internationale et les Occidentaux sont encore à se mentir d’un derby Euro-Dollar qui est déjà, selon elle, relayé aux livres d’histoire.
Surprise suédoise et la diplomatie du dollar
Wen JiaboLorsque le premier ministre chinois Wen Jiabao visite la Suède au mois d’Avril 2012, il fait une promesse d’investir 9 milliards de dollars dans la coopération entre la Chine et l’Union Européenne. Un mois plus tard, la Ministre suédoise de l’Industrie et des Régions : Mme Annie Lööf se rend à Pékin pour accélérer les procédures pour la partie qui reviendrait à la Suède. Surprise. Non, les Suédois avaient mal compris Wen Jiabao. Il n’avait pas parlé de 9 Milliards pour l’Europe, mais de 9 milliards de dollars pour la seule Suède. Et c’est l’évanouissement de la ministre devant cette stupeur trop grande pour elle.
Pour ne pas sembler ridicule, la délégation suédoise à Pékin demande à leurs homologues chinois un temps mort, une suspension de la réunion, pour réflexion. C’est le retour en catastrophe de toute la délégation à l’hôtel. Selon les indiscrétions rendues publiques par l’envoyé spécial à Pékin du journal économique suédois SVD NÄRINGSLIV, Monsieur Jan Almgren, en date du 29 mai 2012, nous décrit une intense activité de communication qui est alors exercée sur le Cabinet du Premier ministre : M. Fredrik REINFELDT lui-même, afin qu’il vérifie encore une fois avec l’ambassade de Chine à Stockholm qu’il s’agit bien de 9 milliards de dollars pour la seule Suède et non pour toute l’Europe. Et quand bien même, l’Ambassade de Chine le confirme, ce n’est toujours pas suffisant.
C’est au tour du cabinet de la Ministre de demander cette confirmation des 9 milliards de dollars par écrit et de façon officielle. C’est après 4 heures d’interruption que la délégation suédoise qu’accompagnait la ministre a pu reprendre les travaux avec la partie chinoise et se faire expliquer dans quoi la Chine désire investir tout cet argent. Un peu comme ça se passe habituellement en Afrique avec les Européens qui prêtent des miettes aux africains et qui sont encore eux à dire où investir cet argent, la partie chinoise communique alors à la ministre suédoise la liste des priorités de ce qu’il faudrait faire pour le bien du peuple suédois, à commencer par le fait d’améliorer la sécurité routière en Suède.
Cette priorité est trop évidente, puisque la Chine est déjà propriétaire de la marque nationale d’automobile, Volvo. Au moins, les Suédois n’auront pas la malchance de voir les ONG chinoises déferler et polluer la Suède pour prétendre leur expliquer comment on parle à sa femme, comment on amène l’enfant à l’école, combien de comprimés de paracétamol prendre lorsqu’on a la fièvre, encore moins de leur demander de cultiver la chicorée ou l’avoine, un peu ce qu’ont fait sans vergogne les Européens aux Africains lorsque c’était eux qui commandaient.
Interrogé par le journal, l’expert suédois des questions chinoises, monsieur Handelsbankens Frédéric Cho explique la facilité par laquelle la Chine peut à ce point inonder l’Europe de tant d’argent par ce qu’il appelle en suédois : « Han kallar det för en form ”dollardiplomati”. C’est à dire que la Chine pratique la « Diplomatie du Dollar ». Ses réserves monétaires en Dollars sont énormes, mais comme après tout, les USA n’ont aucune garantie en or de tout cet argent, cela risque d’être un jour ou l’autre, de simples bouts de papiers imprimés ; alors, pourquoi ne pas s’en servir pour souder ses relations diplomatiques avec de nombreux pays jugés stratégiques avant que le dollar ne s’écroule définitivement ?
La Suisse point de démarrage futur du Yuan en remplacement du dollar
Ce n’est pas un hasard si à peine pris ses fonctions en Mars 2013, la première visite en Europe du tout nouveau premier ministre chinois Li Keqiang, le 23 Mai 2013 était en Suisse. Dans un article intitulé « Pourquoi la Suisse? » publié jeudi le 23/5/2013 dans le quotidien germanophone, la « Neue Zürcher Zeitung » (NZZ), monsieur Li nous explique que la Suisse est le premier pays européen qui a signé un accord de libre-échange avec la Chine.
Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il est là pour signer un accord pour préparer la retraite du dollar. C’est en effet dans la capitale financière suisse, Zurich que devraient voir le jour les premières institutions financières en Yuan de toute l’Europe en lieu et place du dollar. La Chine veut en effet, faire de la place financière suisse, Zurich, le point central en Europe pour le négoce offshore de sa monnaie, comme c’est déjà le cas à Londres ou à Frankfort, mais en plus grand. Tout ce qui compte de la politique suisse s’est bousculé pour rencontrer le premier ministre chinois et poser ces jalons d’une nouvelle ère sous le protectorat chinois : le président de la Confédération suisse Ueli Maurer, le vice-président et chef de la diplomatie helvétique Didier Burkhalter, mais aussi le conseiller fédéral chargé de l’Economie Johann Schneider-Ammann.
Le 11 Juillet 2013, dans les colonnes du journal de la Suisse romande, Le Matin, le correspondant à Zurich, Pascal Schmuck, rapporte les propos d’un élu Suisse, Markus Hutter, conseiller national, vice-président du PLR (Les Libéraux-Radicaux) qui avec le soutien de tout le Conseil National a, dans une motion, proposé de remplacer immédiatement le dollar avec le Renminbi (la monnaie du peuple) ou le Yuan, nom usuel de la monnaie chinoise, dans les échanges entre la Suisse et la Chine.
Dans sa motion, Markus Hutter conclut avec ces mots : «Nous devons nous libérer du dollar».
Banque Nationale SuisseLa Banque Nationale Suisse (BNS) soutient l’idée de monsieur Hutter. L’Association Suisse des Banquiers (ASB), est aussi avec l’élu. Son porte-parole Madame Rebeca Garcia va plus loin et explique que les banques suisses ouvrent déjà des comptes en Yuan, traitent déjà des fortunes en devise chinoise d’environ 3,2 milliards de francs suisses (2,5 milliards d’Euros) par an, négociées à la Bourse Suisse, la Six Swiss Exchange sous forme d’obligations.
En comparaison, Londres qui a devancé tout le monde pour être la première place européenne à traiter le Yuan chinois a démarré avec une ligne de swap de 200 milliards de Yuans (25 milliards d’Euros). Pour information, le Swap est une opération financière à travers un échange de flux financiers entre deux contreparties.
Le journal de la suisse romande rapporte aussi les propos du gouverneur de la Banque Centrale Britannique, la Bank of England, un certain Mervyn King qui affirme que contrairement au dollar, « la monnaie chinoise a un rôle stabilisateur des marchés, parce qu’il est improbable le risque d’une crise des liquidités en Yuans ». Il a tout dit. On n’a besoin de rien ajouter. C’est la preuve même de cette Europe qui s’installe content sous protectorat chinois.
Et pour remplacer le dollar avec le Yuan ? C’est le porte-parole de Six Group, le groupe avec 3900 employés auquel appartient la Bourse suisse, monsieur Alain Bichsel qui répond : «Techniquement nous sommes prêts. Tout fonctionne, même à petit feu».
C’est le quotidien français Le Figaro qui avait bien vu les choses lorsqu’un peu en avance, après l’accord entre la Chine et le Japon d’utiliser désormais le Yuan et non plus le dollar pour leurs échanges, et qui titrait à la une de son édition papier du 27 décembre 2011 ainsi :
« Le Yuan : une monnaie plus crédible face au dollar ».
Made in Germany 100% chinois
Les produits fabriqués en Allemagne bénéficient d’une bonne image sur les consommateurs pas seulement en Europe, mais dans le monde entier. Et si certains produits chinois qui souffrent de leur image auprès des consommateurs européens et américains étaient tout simplement estampillés MADE IN GERMANY ? C’est en tout cas ce que les régions les plus pauvres d’Allemagne sont en train de proposer à la Chine, et rencontrent un franc succès. En 2007, la municipalité allemande de d’Oranienburg, petite ville du Brandebourg avait fait rire tout le monde lorsqu’elle a émis l’idée de créer une ville chinoise en Allemagne avec 2000 travailleurs venus tout droit de Chine, ville chinoise en Allemagne avec des pagodes, avec des maisons traditionnelles chinoises et des fragments de la Grande Muraille, tout cela aux alentour d’un ancien aéroport militaire soviétique.
Coût du projet : 500 millions de dollars que la mairie n’a pas eu du mal à convaincre ses homologues chinois à investir, puisqu’au bout de la mise, il y a le fameux trophée « Made in Germany » sur les produits chinois qui vont y transiter. L’idée a fait des émules : l’aéroport de Schwerin-Parchim, d’une superficie de 650 hectares, a été acheté par une entreprise publique chinoise de logistique, la LinkGlobal Logistics détenue par la province du Henan.
En visitant le site web de l’aéroport allemand : www.parchim-airport.com on est surpris de constater que les messages d’accueil sont en langue chinoise. Le journaliste français Pierre Rouchaléou, dans un article sur Rue89 du 28/09/2007, nous donne même les détails sur cette transaction qui était de 100 millions de dollars, cofinancée par une banque nigériane. Une première, d’une banque africaine assistant un groupe chinois pour battre des concurrents comme Fedex, Hamburg Airport etc. Depuis, cette ville très pauvre serait en train de reprendre les couleurs.
C’est ce qui va donner des idées aux politiciens d’une autre région très pauvre, dans le nord de la France.
Made in France 100% chinois
Le 10 juillet 2012, c’est la présentation officielle de la Megazone Illange, dans le département français de la Moselle, à Illange, en périphérie de Thionville, l’implantation du premier pôle d’activités technologiques sino-européen dénommé : TerraLorraine. C’est un projet d’aménagement d’une zone de 230.000 m2 qui va à partir de 2014 accueillir 2000 entreprises chinoise dans le nord de la France.
Comme en Allemagne, ici aussi, les articles viendront tout droit de Chine et ici ils seront estampillés MADE IN FRANCE. C’est tout à fait légal, puisque les pressions des lobbys sur la commission européenne à Bruxelles a permis de ne jamais trancher de façon définitive, sur ce que serait le Made in Europe. Voilà pourquoi lorsque vous visitez les usines chinoises, une chose saute très vite aux yeux, ce sont les différents produits déjà estampillés Made in Germany, Made in Italy ou Made in France. Souvent, c’est l’inverse qui se produit.
Conclusion partielle de 1/3
Lorsqu’on dit que 2000 entreprises chinoises vont s’installer dans un village français ou allemand pour dit-on profiter du Made in France ou du Made in Germany, c’est bien pour les emplois et les retombées fiscales que la mairie va en avoir, mais ce n’est nullement révolutionnaire pour venir à bout de la pauvreté en Europe, puisque la Chine est déjà équipée pour surmonter toutes les barrières que l’Union Européenne lui tend tous les jours. Plutôt, je vois dans cette opération, que ce soit en Allemagne ou en France, un aveu d’échec des politiciens pour trouver des solutions contre la misère qui est là et qui a durablement élu domicile dans la quasi-totalité des pays européens.
L’Occident pour sortir des griffes de la Chine, doit changer de logiciel. L’imposture démocratique empêche de dire la vérité crue à la population, sur le vrai état de délabrement de la plupart des états, empêche de prendre des décisions courageuses contre les potentats qui rythment au final ce système de mafia démocratique. Nous ne sommes qu’au plat d’entrée de cette cuisine coloniale chinoise dans laquelle s’installe l’occident. Le pire doit encore arriver. A moins que, l’Europe réussisse sa propre décolonisation par rapport à l’Afrique pour éviter cette continue fuite en avant qui lui donne sans cesse l’illusion d’être au centre du monde. Grosse Erreur !
Douala le 19/08/2013
Jean-Paul Pougala(*)
Camerounais, Sans diplôme (parce que, recalé par les écoles du système qui n’ont pas réussi à me formater pour accepter mon infériorité et intérioriser ma subalternité).
Directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégiques de Douala au Cameroun. Et Enseignant de « Géostratégie Africaine » à l’Institut Supérieur de Management (ISMA) à Douala au Cameroun
Email : pougala [at]pougala.org