Isabelle Ameganvi: M Olympio a choisi en toute conscience de sortir de la vie politique par la petite porte

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Lynx.info : Gilchrist Olympio est exclu de l’UFC. Il va vous manquer ?

Isabelle Ameganvi : L’UFC est un grand parti, un parti structuré et respectueux de ses règles de fonctionnement qui sont démocratiques. Ce qui veut dire qu’en l’absence du président national, en situation d’empêchement comme c’est le cas présentement, les vice-présidents, dans l’ordre de préséance, assurent la coordination des activités du Bureau National et la direction du parti. 

Voyez-vous, la sanction prise à l’encontre de M. Gilchrist Olympio est une affaire regrettable lorsque l’on considère ce qu’il a représenté ou incarné jusqu’alors dans la longue lutte du peuple togolais pour se libérer de la dictature du régime RPT. Mais il faut avouer que les initiatives personnelles et les démarches solitaires engagées de manière constante par M. Olympio contre les aspirations des populations togolaises et contre les intérêts de son propre parti, l’Union des Forces de Changement (UFC), n’ont laissé aucun choix au Bureau National.

Nous sommes nombreux au sein du Bureau National à avoir tout tenté pour protéger le président National contre lui-même, au fur et à mesure que nous percevions le fossé grandissant entre ses prises de position unilatérales et les aspirations de nos militants. Lesquelles aspirations sont identiques à celles de l’écrasante majorité de la population togolaise. Car en hommes et femmes politiques responsables, nous avons conscience que ce qui fait la force de l’UFC, c’est justement d’être à l’écoute et de porter les aspirations du plus grand nombre.

La section Dames du parti, qui a toujours été d’un soutien indéfectible s’est organisée pour protéger le Président National des manœuvres de certains frondeurs. Rien n’y fit

Lynx.info : Mais on dit qu’il était le financier, le père fondateur du parti c’est ça ?

Vous savez, l’UFC n’a jamais eu de père fondateur, ni de guide éclairé, encore moins de timonier national !
Quant aux activités du parti, elles sont financées grâce aux cotisations de ses militants et aux contributions de divers donateurs. Si au début de la création du parti M. Gilchrist Olympio a été le principal contributeur, ce n’est plus le cas depuis plusieurs années.

Aux dernières législatives sa contribution était plus que modique tandis que la dernière présidentielle n’a connu aucune contribution financière de M. Gilchrist Olympio, même pas les 20 millions de FCFA qu’il a fallu payer pour le cautionnement nécessaire à la constitution de son dossier de candidature.

Lynx.info : Il est parti avec tout il paraît. Les cadres même le site du parti aussi avec. Le parti ne va pas t-il s’étioler ?

Je vous ai déjà dit que l’UFC est un grand parti, un parti structuré pouvant déployer des cadres de grande valeur dans tous les domaines, tant sur le territoire national qu’au sein de la diaspora. Laissez-moi vous confesser que dans sa démarche solitaire, M. Olympio a eu toutes les peines du monde à trouver sept compères pour pourvoir les postes qu’il se fait fort d’avoir ‘’négociés’’. Il a fallu racoler, bien au-delà des membres du parti.
S’agissant du site dont vous parlez, vous constaterez aisément l’état de médiocrité dans lequel il se trouve depuis qu’il est tombé entre les mains des seuls comparses de M. Olympio, qui n’ont même pas le courage de signer leurs écrits. Non, M. Olympio n’est parti avec rien du tout. L’UFC demeure intacte. En revanche, M Olympio a choisi en toute conscience de sortir de la vie politique par la petite porte et personne n’a pu l’en empêcher.

Lynx.info : De l’avis de certains togolais c’est un aveu d’impuissance de toute l’opposition togolaise qui a amené M. Olympio à faire un pacte avec le RPT. Y a t-il une autre version ?

L’UFC ne s’est jamais avouée impuissante à poursuivre la lutte de libération du peuple togolais. Certes, cette lutte est longue et continue d’être éprouvante pour tous ceux qui y sont impliqués, pour les familles de ceux qui sont tombés, que ce soit à Soudou ou dans les massacres par lesquels le RPT répond aux revendications démocratiques de la population depuis ceux de la lagune de Bè en avril 1991.

Nous pouvons comprendre que M. Olympio, exténué et dépité ne se sente plus en mesure de continuer le combat. Il devrait avoir la décence de passer le flambeau au lieu de capituler lamentablement, laissant tout un peuple au milieu du gué.

Certains courtisans mal inspirés de M Olympio se plaisent à le comparer à Nelson Mandela., Contrairement à ces déclarations, la vie de ce grand homme n’est pas celle d’une capitulation pour cinq strapontins. C’est pour cela que Mandela est rentré dans l’histoire universelle, de son vivant.

Au Togo aussi, nous avons des références historiques qui peuvent inspirer notre action politique. Pa de Souza n’a pas choisi de se rallier au dernier moment à la cause de la puissance coloniale parce que le combat politique était trop dur. Et encore moins parce que son âge ou sa santé ne lui permettait plus d’être le porte drapeau des nationalistes. Bien au contraire, il a laissé faire ceux qui avaient la force, la détermination et le courage
de mener le combat pour l’indépendance à son terme. Sylvanus Olympio était de ceux-là qui ont maintenu le cap, jusqu’au bout, malgré les difficultés de l’époque. C’est ainsi que tous deux sont entrés dans l’histoire de notre pays, le premier comme « patriarche et garant moral de la direction de la lutte pour l’indépendance », le second comme le père de l’indépendance du Togo.

Lynx.info : Comment expliquez-vous que ce que Gilchrist a refusé au père de Faure, il le fasse avec le fils ?

C’est simple ! M. Gilchrist Olympio, n’a pas su s’adapter à la situation de force majeure qui a conduit le Bureau National de l’UFC à désigner un candidat autre que lui à la présidentielle du 04 Mars 2010.  Il semble que Mr Gilchrist Olympio n’ait pas supporté que le parti continue de fonctionner et d’aller de l’avant alors que lui était immobilisé, à la suite de sa chute, malencontreuse et douloureuse.

Depuis lors, il ne cesse d’en vouloir à tout le monde, en ramant contre le Bureau National, contre le parti et contre le candidat Jean-Pierre Fabre. Cela explique qu’aujourd’hui, il accepte ce qu’il refusait hier.

Lynx.info : Quelle lecture faites-vous des ministères accordés à L’UFC ?

Attention ! Ne dites surtout pas ‘’accordés à l’UFC’’ parce que l’UFC ne participe pas à ce gouvernement. Les ministères dont vous parlez sont, comme vous le dites, ‘’accordés’’ à M. Gilchrist Olympio, suite à ses démarches personnelles et solitaires.

Cette mise au point étant faite, je dirai qu’il n’a échappé à personne, que le RPT n’a fait que rajouter quelques chaises pliables autour de la table. Le gouvernement mis en place est, rien que par le nombre de ministres qui le composent, en décalage complet avec les exigences du moment qui ont pour nom rigueur et efficacité pour sortir de la crise.  Les togolais qui n’ ont en rien besoin d’ un gouvernement pléthorique, lequel peut, à la rigueur se justifier que dans un pays qui a l’étendue et les ressources naturelles de la RDC!

Lynx.info : Mais la nouvelle donne est que tous les ministres UFC ont des coudées libres dans leurs ministères. Croyez-vous sincèrement au pacte Gilchrist -Solitoki du RPT ?

Je vous répète qu’il n’y a pas de ‘’ministres UFC’’ dans ce gouvernement. Le ‘’pacte Gilchrist -Solitoki du RPT’’, comme vous dites est un non évènement.

Lynx.info : Revenons aux cadres UFC. On n’a vu Me Djovi Gally lors des prières du FRAC ou vous même étiez agressé. On l’a revu aux côtés d’Olympio. Comment vous l’expliquez ?

Je pense que vous devriez poser cette question à Me. Djovi Gally lui-même.

Lynx.info : C’est une frange de l’UFC qui pense que Olympio a bien eu l’aval des fédérations. Quelle est votre version ?

Si nous avons la même compréhension du mot frange, vous parlez d’une minorité plus ou moins marginale. Dans ce cas vous avez parfaitement raison puisque sur une quarantaine de fédérations que compte l’UFC, seules deux ou trois se sont laissées abuser par Gilchrist Olympio et ses acolytes.

Lynx.info : Jean- Pierre Fabre parle d’un congrès. Que se passerait-il si Olympio et sa frange avait raison ?

La convocation d’un congrès est une prérogative statutaire du Bureau National. Elle n’est du ressort ni de Jean-Pierre Fabre ni de Gilchrist Olympio.

Le moment venu, le congrès, en toute souveraineté, décidera de qui a raison.

Lynx.info : On reproche au FRAC de n’avoir pas une visibilité. Tous les ténors disent ne pas mettre la stratégie sur la place publique. Est-ce la bonne stratégie ?

Naturellement ! La place publique n’est pas le meilleur endroit pour discuter stratégie !

Merci  Isabelle Améganvi

Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info

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