à Lille le 25 juin 2010
Chers camarades,
Je vous fais parvenir le présent document concernant la situation économique, politique et sociale du Togo.
Le document est composé de neuf chapitres pouvant se lire indépendamment les uns des autres.
Il décrit la situation réelle et les conditions dans lesquelles vivent les Togolais.
A la lecture de ce document, on peut se poser la question de savoir si le Togo a jamais accédé à l’indépendance, question valable du reste pour la plupart des pays du sud du Sahara.
Certes, la France-Afrique traditionnelle, celle inventée par la droite de De Gaulle et entretenue par ses suivants jusqu’à N. Sarkozy, a vécu. Mais aujourd’hui le pouvoir français, à cause de sa désinvolture et de son mépris illustrés dans le discours de Dakar (26 juillet 2007), n’a plus de politique africaine. Le pouvoir français se contente désormais de protéger les intérêts de quelques amis du Président, installés en Afrique pour mener des affaires plus ou moins avouables.
Ce document a pour ambition de donner à mon Parti une contribution qui doit lui permettre d’annoncer pour l’élection présidentielle de 2012, la vraie rupture que les Africains attendent, puis de la mettre en œuvre au lendemain de notre victoire. Nos centaines de milliers de compatriotes électeurs issus du continent y seront très sensibles…
En réalité, ce qui est décrit ici vaut pour l’ensemble des pays d’Afrique du Sud du Sahara et pourra donc utilement nous servir à définir une politique africaine globale. Les peuples africains n’ont pas besoin d’aide extérieure pour se développer. Il n’est pas concevable de vivre sur le continent le plus riche de la planète en étant les peuples les plus pauvres. Les Africains ont besoin de partenaires respectueux de leur identité. La démocratie africaine est à inventer par les Africains eux-mêmes : tout juste ont-ils besoin de s’inspirer des expériences vécues ailleurs. Il en va de même pour le développement qui ne peut pas se concevoir comme unique.
Voilà ce à quoi nous devons réfléchir au sein du PS, collectivement, pour contribuer à mettre fin au scandale africain fait de pauvreté, de maladies, de tyrannies, d’émigration…
UN MOT SUR LE TOGO
Le Togo est une bande de terre de 55 000km2, située sur la côte du Golfe de Guinée, limitée au Nord par le Burkina Faso, le Bénin à l’Est et le Ghana à l’Ouest. Le pays compte environ 6 millions d’habitants, répartis en 37 ethnies.
Colonie allemande entre 1884 et 1914, le Togo passe sous tutelle française sous le contrôle de la SDN en 1914. Il accède à l’indépendance le 27 avril 1960 sous la conduite de Sylvanus Olympio, son premier Président qui sera assassiné le 13 janvier 1963 par une demi-douzaine de sergents fraîchement libérés par l’armée française après la guerre d’Algérie.
Le pays tombe alors sous une dictature sanglante sous la férule de Gnassingbé Eyadema jusqu’à sa mort le 5 février 2005, date à laquelle l’armée confie le pouvoir à un des nombreux fils du défunt président.
Le système mis en place depuis 1967 continue de fonctionner à plein régime : il est fait d’un dosage machiavélique de violence politique, d’absence totale de démocratie, d’impunité, de corruption et de pillage systématique des biens publics.
Même le discours de La Baule, prononcé en 1990 par François Mitterrand et réclamant la démocratie pour les peuples africains n’a aucun effet ici. Les élections ne sont qu’un simulacre par lequel tout participant n’apporte que sa part de légitimation au pouvoir.
Découragés et affamés, les Togolais ne pensent plus qu’à leur survie.
Les partis politiques d’opposition autorisés depuis 1991, sont constamment humiliés et discrédités .De guerre las, beaucoup ont fini par accepter de collaborer avec le pouvoir. Le dernier exemple est celui de M. Gilchrist Olympio, “champion de l’opposition historique” . . .
Le scrutin de 2010 pour l’élection présidentielle n’a pas dérogé à la règle : fraudes massives, bourrage des urnes, menaces, . . . devant le regard ébahi des observateurs européens.
Pour la première fois sérieusement remise en cause à l’intérieur par des manifestations hebdomadaires géantes, “boudée” et isolée à l’extérieur grâce
à notre entregent diplomatique, la dictature togolaise est en butte à de réelles difficultés. Elle n’a jamais été aussi fragile et elle le montre par sa fébrilité. Ce n’est pas le moment de relâcher notre pression. C’est le moment que j’ai choisi pour lancer un parti, le SURSAUT, avec l’objectif de rassembler l’opposition sur les valeurs républicaines.
Pour le faire, j’ai besoin de l’aide de tous les démocrates du monde au premier rang desquels je place naturellement le parti où j’ai toujours milité, le PS de France.
Kofi YAMGNANE
Fait à Paris, le 25 juin 2010