Il est de coutume que quand on aide quelqu’un a gagné qu’on revendique avec lui aussi la victoire. Gbagbo l’avait prédit et dit, il faut qu’il ait une fin à ce long film. Le film est bien fini avec un président encore dans les locaux du cinéma: Alassane Wattara.
Terré au Golf Hôtel et protégé par le monde entier sinon les soldats du monde entier, Wattara se fait le roi de l’Eburnie sans le trône. Stratégiquement il fallait vaincre le professeur, journaliste, historien et politique Laurent Gbagbo afin que la Côte d’Ivoire les revienne comme au temps du vieux Félix Houpheit Boigny. Pour atteindre à leur fin chacun à parler d’un premier tour ou Gbagbo serait balayé. Le résultat est bien là : C’est 38% contre 32% pour Wattara et 25% pour Bédié. On se sert les coudes et on peaufine un plan. Il faut faire partir Gbagbo par des alliances. Les postes ministérielles pleuvent. Les Houphéitistes de Henri Bédié devraient s’asseoir sur la primature. Le ministère de l’économie et d’autres ministères d’Etat. L’appétit du pouvoir a même poussé Wattara à promettre 13 postes au seul parti. Et on se demande combien de ministères il pensait en créer pour la petite Côte d’Ivoire ? Les Forces Nouvelles (FN) de Guillaume Soro aussi étaient embusquées pour les mêmes postes. La société civile a aussi été approchée par le même Wattara. Ici on remarque le goût effréné du pouvoir. La soif de rester sur ce fauteuil, pour lequel il a enclenché la rébellion, se lit ici et se reconnait ici.
Et Wattara roule les Houpheitistes dans la farine
Quand les Forces Nouvelles, le RDR prennent d’assaut l’hôtel du Golf pour en faire leur QG, il y a un qui manque: Henri Konan Bédié. On l’intime de s’ajouter au groupe. Deux jours avant les élections du deuxième tour, Henriette et Henri Bédie prennent une suite au Golf hôtel et chacun croise les doigts pour attendre ce que va dire la France, les réseaux financiers et Obama qui ne connait absolument rien de la politique africaine. Signe des temps, en deux ans de règne, rien de concret du nègre de la maison blanche pour ses frères nègres d’Afrique. Georges Bush, qu’on a traité de tous les noms, aura été le président américain qui aura aidé le plus l’Afrique dans l’histoire de l’Amérique en faisant de la lutte contre le SIDA sa priorité en y injectant des milliards de dollars. On ne le dit pas assez ! Et les Africains ne le savent pas tout aussi. Les problèmes de la région des grands Lacs c’est aussi les démocrates américains qui en sont les vrais fauteurs.
C’est dans cette atmosphère où il faut attendre les maîtres blancs de ce monde pour passer à l’offensive que Bédié commence par comprendre. Les coups de fils de l’Elysée tombent sur Wattara qui ne fait pas le résume, ni le point de la situation à personne.
Entre deux avions, le « Voyou président Nicolas Sarkozy », si nous empruntons le terme du confrère Marianne, donne l’ordre de faire de Wattara le président de la Côte d’Ivoire. Les médias français sautent sur l’occasion. Et chacun balance ce qu’il a vu dans les urnes et à sa manière depuis l’hexagone. Pour frapper et faire comprendre qu’il y a une rébellion encore au nord, Nicolas sarkozy intime l’ordre de reconduire le rebelle Guillaume Soro. C’est stratégique et digne de la politique française en Afrique. Dans le pire des cas on peut passer par la rébellion pour dénicher Laurent Gbagbo alors il faut garder Soro. Les houphéitistes et Henri Konan Bédié se sentent trahis. Quand Bedié demande des explications, Wattara répond par des excuses. Le lendemain Henriette et Henri rentrent chez eux à la maison et laissent Wattara gardé par l’ONUCI dans sa nouvelle République du Golf [ndlr, hôtel du Golf]. Les Baoulés qui auraient aidés les Sénoufo du nord favorables à Wattara ne disent curieusement plus aucun mot sur la prétendue victoire de Alassane Wattara. Allez y comprendre….
Camus Ali Lynx.info