Côte d’Ivoire : Supercherie éclairée

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LES FAITS :

Le nombre d’électeurs inscrits = 5.784.490

1er tour : (Cf. fichier pdf en copie; source : CEI Côte d’Ivoire) – http://www.ceici.org/elections/docs/EPR_31102010_RESUL_PROVI_CEI_03112010_A4.pdf)
Nombre votants = 4.843.445
Taux de participation = 83%, soit (4.843.445/5.784.490)
Parmi ces votants, on compte 225.624 suffrages nuls

2nd tour : (Cf. fichier pdf en copie; source CEI Côte d’Ivoire)
Nombre votants = 4.689.366 selon les chiffres communiqués solennellement par M. Youssouf Bakayoko à l’Hôtel du Golf et répartis comme suit, toujours selon M. Bakayoko, président de la CEI : Gbagbo Laurent = 2.107.055 voix ; Ouattara Alassane : 2.483.164 voix)
Références de l’info : résultats officiels CEI et dépêche Agence Chine nouvelle (Xinhuanet) : http://french.news.cn/afrique/2010-12/03/c_13632834.htm

La même CEI, pourtant, avait toujours annoncé et confirmé, même 3 jours après le scrutin, un taux de participation d’environ 70 % soit un nombre de votants censé tourner autour de 4.049.143 (pour 70% net).
Référence 1 :  « La Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne a annoncé hier que le taux de participation au second tour de la présidentielle, qui opposait dimanche le chef de l’État sortant Laurent Gbagbo à l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO), s’élèvait à 70 % environ des 5,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Un chiffre plus faible qu’au premier tour, au cours duquel 83 % des électeurs inscrits s’étaient rués dans les bureaux de vote. »
Source de l’info : http://www.france24.com/fr/20101129-cote-ivoire-election-presidentielle-taux-participation-second-tour-cei-gbagbo-ouattara
Référence 2 : « Devant de nombreux journalistes, l’un des deux hommes a arraché des mains du porte-parole de la CEI, Bamba Yacouba, les feuilles sur lesquelles étaient inscrites les premières tendances du scrutin. « C’est un hold-up électoral ! Ces résultats n’ont pas été validés par la commission centrale ! », ont lancé les protestataires à l’adresse de la presse, priée de plier bagages. Peu de temps après les troubles, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, Young-jin Choi, s’est rendu à la CEI afin, a-t-il alors affirmé, de s’informer des tenants et aboutissants de l’incident.
Initialement prévue dans la matinée de mardi, l’annonce des chiffres provisoires a finalement été repoussée à ce mercredi matin. Plus de 48 heures après la fermeture des bureaux de vote, les Ivoiriens ne disposent que des chiffres issus des votes de la diaspora et du taux de participation des autochtones, estimé à 70 % environ.  » 

Source de l’info : http://www.france24.com/fr/20101201-pagaille-a-commission-electorale-annonce-resultats-retardee-gbagbo-cote-ivoire-presidentielle-ouattara (Soit donc toujours les quelques 4.050.000 électeurs environ).
+ de nombreuses autres références citant ce chiffre de 70% de taux de participation, chiffre non démenti jusqu’au mercredi soir minuit, délai légal de proclamation de résultats par la CEI (sous réserve d’acceptation par le Conseil constitutionnel).

Dans le même temps, un site internet relativement peu connu sur la scène cybernétique (www.lesgrandesoreilles.com) diffuse tous azimuts, dès le lundi (et en « primeur »), que les membres de la CEI ont communiqué aux chancelleries occidentales, entre autres, que M. Ouattara a remporté l’élection avec un score de plus de 53 % des pourcentages que M. Bakayoko confirmera plus tard :
Alassane Ouattara : 54,1 % – Laurent Gbabgo : 45,9%.
Ce site dit tenir ses informations de source sûre, directement interne à la CEI. C’est d’ailleurs les chiffres que tout le monde s’attend à entendre lors de la proclamation avortée du mardi 30 novembre.
Ces chiffres, comme toujours sur internet, sont répercutés et amplifiés y compris par des mass médias.
Le site lesgrandesoreilles.com appartient à M Jean Paul Ney (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Ney#Travail_sur_la_s.C3.A9curit.C3.A9 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Ney ; http://www.google.be/#hl=fr&source=hp&biw=1366&bih=610&q=%22Jean+Paul+Ney%22&aq=f&aqi=g2&aql=&oq=&gs_rfai=&fp=3a19567e286809a0
)

L’ANALYSE :

1- Ou la CEI, la veille de la publication de SES propres résultats, ne savait toujours pas quel était le réel taux de participation et a annoncé, à plusieurs reprises, un taux de participation erroné de 70%,
2- Ou alors des suffrages non encore pris en compte (au moins 500.000) sont arrivés le jour avant la publication des résultats, et ont donc augmenté le taux de participation du jour au lendemain (si on peut ainsi dire) de 11 %.

Dans tous les cas, il ne faut pas 24 heures à un conseil constitutionnel pour s’interroger sur les faits présentés ci-dessus. D’autant plus, on l’imagine, que les membres du Conseil constitutionnel n’ont certainement pas attendu la transmission officielle des résultats pour prendre connaissance des vrais chiffres de participation (qui, en effet, tournaient autour de 70%).

La différence entre le taux de participation annoncé par la CEI à maintes reprises et les résultats finaux présentés par cette même CEI interpelle sérieusement.
Quand on sait que, lors du premier tour, le taux de participation avait pu être estimé avec la même rapidité ET sans erreur, on est en droit de se demander si la proclamation par la CEI d’une victoire de Ouattara n’est pas entachée de sérieuses et importantes irrégularités.

D’autre part, sur quel nombre de votants, si M. Ney ne ment pas, l’informateur du « journaliste » lui aurait-il donné le tuyau des résultats dès le lundi ? Etait-ce sur les 4.686.366 votants, soit 81,12%, ou sur les toujours 70% de taux de participation qui étaient alors annoncés ? On se le demande.

On comprend que les « observateurs » occidentaux (ces mêmes qui « observent » souvent les élections au Kamerun, en Guinée Equatoriale, au Tchad ou ailleurs, pays dans lesquels les « irrégularités constatées ne sont pas de nature à invalider le processus électoral ») ne veuillent pas considérer ces curiosités de chiffres, au vu et au su de tous,
et on comprend que les Chinois, les Russes ou  les Angolais, pays qui ne sont sous le diktat d’aucune « grande puissance » occidentale, ne se soient pas rangés comme de nombreux autres pays (de gré ou de force ?) derrière les sirènes des amis (au FMI, en Françafrique et ailleurs) de M. Ouattara.

Tout semble s’être déroulé comme si, ayant constaté qu’avec un taux de participation de 70% comme annoncé (et on suppose vérifié maintes fois avant d’être annoncé), M. Gbagbo resterait au pouvoir, « on » (que chacun se fasse son idée) a volontairement gonflé le taux de participation pour inverser la tendance constatée. C’est ce que dénoncent les membres pro-Gbagbo de la CEI (mais comme ils sont par essence dictatoriaux, ils ne peuvent que mentir, n’est-ce-pas, contrairement aux amis des occidentaux, les Bongo père et fils, les Gnassingbé père et fils, les Wade père et fils, les Biya père, les Obiang Nguema père, les Ouattara Alassane père, etc, qui eux, ne peuvent être que de bonne foi et totalement honnêtes. C’est connu, n’est-ce-pas ?)

CONCLUSION :

Chères lectrices, chers lecteurs,

La prudence, l’objectivité et la défense de la vraie démocratie, commandent donc de ne pas s’emballer en phase avec les médias dominants et leurs maîtres qui célèbrent et défendent une « victoire » entachée de tant d’interrogations, et qui fustigent un homme, imparfait comme tous les hommes, mais :
– un homme qui, contrairement à bien d’autres avant lui (les alliés d’aujourd’hui compris -Bédié-), a permis à son adversaire d’enfin se présenter à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, 
– un homme qui, sans aucun doute, a accepté de jouer franc jeu en allant aux élections sans avoir fait ni sans avoir eu l’intention de les truquer comme d’autres qu’on ne dénonce jamais mais qui bourrent les urnes, font voter les morts, baladent les électeurs de l’opposition le jour du vote pour qu’ils ne votent pas, organisent des charters électoraux;
– en somme, un homme qui a parfaitement joué le jeu démocratique au point de confier la présidence de la CEI à une personnalité proche de l’opposition (pour ne pas dire opposante), et d’accepter de ne pas militairement contrôler toutes les zones où s’est déroulé le scrutin, 
– un homme qui, en 10 ans de présence au pouvoir, n’a eu que 2 années de pouvoir total sur le pays total, mais qui pendant 8 ans n’a eu du pouvoir que sur un pays partagé, ou a dû partager le pouvoir sur le pays entier (et encore, il n’a pas vraiment eu le pouvoir sur la partie Nord du pays malgré les accords de paix de Ouagadougou et le partage politique du pouvoir avec « l’ex »(?)-rébellion.
– un homme qui, pour ces raisons, ne peut avoir été dictateur (même s’il l’avait voulu) sur la partie qu’il dirigeait, et où personne ne conteste sa popularité. Quel dictat aurait-il imposé à qui, en ces 10 ans de présidence ?

En définitive, il apparaît plutôt que ceux qui aujourd’hui ont tombé les masques, croyant que leur plan était enfin achevé (à savoir le « gouvernement Ouattara-Soro » et leurs soutiens étrangers) sont justement,
de par leur passé françafricain,
de par leur passé au soutien des dictatures les plus féroces en Afrique,
de par leur passé de rebelle et d’homme qui ont tenté d’utiliser la force pour avoir le pouvoir,
de par leur imprégnation des politiques capitalistes du FMI et de ses réseaux de multinationales et de lobbies financiers et économiques,
il apparaît plutôt, au regard des faits et des analyses ci-dessus déclinés, que s’il fallait faire confiance à l’un des deux camps dans cette affaire, ce n’est certainement pas au camp de M. Ouattara.
Bien au contraire, il apparaît clairement que sans le bond de 11% (plus de 500.000 voix) du taux de participation « sur la ligne d’arrivée » le mercredi probablement, M. Ouattara n’aurait pas les 376.109 voix d’avance que M. Bakayoko de la CEI lui prête et qui feraient sa « victoire ».

En définitive, l’injustice n’est pas du côté qu’on croit. Et les épisodes des tubes à essai contenant de l’eau brandie devant l’AG des Nations Unies par Colin Powell pour démontrer qu’il y avait des armes de destruction massive où vous savez, alors qu’il n’en était rien, doivent nous rappeler que, s’agissant des pays dits du Tiers-Monde lorsque l’occident hurle au loup, la justice et la vérité ne sont pas toujours de son côté.

Bonne réflexion.

M. Sandjo
Analyste politique – Membre de l’Union des Populations du Cameroun
http://www.upc-cameroun.com
Membre du CODE – http://lecode.afrikblog.com 

 

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