« Les Togolais découvrent, peut-être un peu tard, la véritable personnalité de Gilchrist Olympio qui est un vrai toquard irrécupérable, le plus taré des enfants de Sylvanus Olympio, un multiparricide et un polydestructeur de l’héritage nationaliste. Ce qui pose la question de la nature des relations qu’il entretenait avec son père de son vivant. Le caillassage a été une thérapie collective salutaire: l’idole est détrônée et enterrée, le peuple peut aller de l’avant maintenant. »
Lynx.info: Gilchrist Olympio est actuellement en mauvaise posture avec son ancien parti.Comment vous l’expliquez pour un homme que Agboyibor disait avoir une carrure au Togo comme Nelson Mandela?
Comi Toulabor : Il me semble que Yawovi Agboyibor a été très mal inspiré pour comparer Gilchrist Olympio à Nelson Mandela. Il est le premier à ne pas croire en ses propres propos, et quand on connaît un peu Monsieur Bélier noir, l’homme de « retour de l’aschencheur » et de la « cogechon », il faut dire qu’il exprime l’exact contraire de ce qu’il pense profondément. Gilchrist Olympio est en mauvaise posture, c’est vrai et cela arrive un peu tard. Son caillassage le 17 avril dernier constitue le point d’orgue de ce qu’il a déclenché depuis qu’il s’est mis volontairement hors de la compétition électorale du 4 mars tout en essayant d’empêcher par des moyens tordus son parti, voire toute l’opposition, de présenter un candidat face à son ami personnel Faure. Le fait que son parti ait déjoué in extremis ses manœuvres l’a mis en colère sorti de ses gonds, surtout qu’il n’a jamais porté son secrétaire général Jean-Pierre Fabre dans son cœur. Les Togolais découvrent, peut-être un peu tard, la véritable personnalité de Gilchrist Olympio qui est un vrai toquard irrécupérable, le plus taré des enfants de Sylvanus Olympio, un multiparricide et un polydestructeur de l’héritage nationaliste. Ce qui pose la question de la nature des relations qu’il entretenait avec son père de son vivant. Le caillassage a été une thérapie collective salutaire: l’idole est détrônée et enterrée, le peuple peut aller de l’avant maintenant. Car plus que les opposants nomades et opportunistes, appâtés par un portefeuille ministériel ou primatural, Gilchrist Olympio polluait la lutte jusque dans ses valeurs les plus nobles, dans sa quintescence même. Psalmodions ensemble cette supplique au fils de Sylvanus: Adieu vieux Dromadaire et bienvenu chez tes cousins germains, les ânes du RPT, qui attendaient ton retour au bercail depuis la mort de celui qui a zigouillé ton père et a voulu te trucider à Soudou, sans compter tes nombreux amis et proches qu’il a tués un à un sans que tu lèves ton petit doigt pour réclamer justice ni pour toi-même ni pour eux. Adieu vieux Dromadaire !
Lynx.info : Les risques pour le parti….
D’aucuns prévoient le risque d’implosion de l’UFC. Les suites de la présidentielle du 4 mars ont participé en fait à clarifier le débat politique non seulement au niveau interne de l’UFC mais aussi au niveau de la classe politique toute entière. Clarification entre les opposants avec conviction et les opposants de convenance. On assiste à une redistribution de cartes de jeu au sein de la classe politique depuis la mort du dictateur Eyadéma, et cette recomposition est intéressante à suivre pour l’avenir. Ainsi les relations incestueuses, consommées en cachette, entre Gilchrist Olympio et Faure sont-elles maintenant sur la place publique. Il appartient au bureau de l’UFC de prendre ses distances avec son débile de patron et les irréductibles talibans qui sont à son service personnel à travers un communiqué afin de mettre une fois pour toute les poings sur les trois i de son nom et prénom. Depuis que la carapace de la popularité derrière laquelle il s’abrite s’est fracturée, le bureau de l’UFC ne peut plus se contenter de fermer les yeux sur les inclinations pro-fauristes de son leader, de peur d’être lui-même désavoué par le peuple.
Lynx.info : Au RPT on semble prendre la défense de Gilchrist Olympio. Comment expliquez-vous ce revirement ?
Plutôt que de faire un travail de production idéologique et d’organisation indépendamment de l’administration d’Etat et de l’armée sans lesquels il n’existe, le RPT emploie des méthodes paresseuses à courte vue qui consistent à débaucher ses adversaires politiques. Gilchrist Olympio a prêté ses flancs à ce jeu pour la première fois à Abuja en avril 2005, et il en a pris goût depuis. Il fait partie désormais des meubles de la maison RPT. Son conseiller le plus proche et le plus écouté est Pascal Bodjona avec qui il a des échanges téléphoniques réguliers tout en se rendant de fréquentes visites Paris ou à Lomé. Les Togolais ignorent ces faits et quand ils sont rapportés, ils pensent que c’est une stratégie pour dénigrer leur icône. Gilchrist Olympio est encarté au RPT et il est normal que ce parti le défende et fasse sa promotion sur son site : c’est pitoyable. Mais avec le caillassage du 17 avril, l’effet stroboscopique qui brouillait la vue de nombre de Togolais s’est dissipé.
Lynx.info : Comment expliquez-vous qu’avec 60% de voix aux élections, Faure puisse s’activer à la recherche d’un gouvernement d’union nationale ?
C’est tout le paradoxe de sa situation. Faure sait que les 60 % de voix que ses sigisbées de la CENI et de la Cour constitutionnelle lui ont généreusement attribuées ne comblent pas son déficit de légitimité. Dans un système politique normal, disposer d’une telle victoire et chercher à former un gouvernement d’union nationale, vestige du parti unique, serait inconcevable. Même si Gilchrist Olympio et ses talibans rentrent au gouvernement, cela ne comblera pas le déficit de légitimité de Faure. On ne compense pas une victoire frauduleuse par un gouvernement d’union nationale, mais au Togo tout est possible, n’est-ce pas !
Lynx .info….mais Gilbert Bawara semble priviligier l’esprit d’ouverture de Faure pour l’expliquer…
Gilbert Bawara doit avoir une conception assez tronquée et singulière de l’esprit d’ouverture dans ce cas. Si le perroquet ou le griot ne répète pas ou ne chante pas à longueur de journée les louanges de son propriétaire, il perdrait son statut et les avantages qui vont avec. Gilbert Bawara est le premier à moquer son chef dans son salon cossu et dans les cercles intimes autour des bouteilles aussi prestigieuses que chères du monde. L’apologie de l’esprit d’ouverture de Faure n’a aucun sens venant d’un plaisantin qui est prêt à se transformer en paillasson pour les chaussures de son patron ou carrément en son PQ.
Merci
Merci à vous qui faites un travail dangereux mais indispensable pour le Togo!
Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info
Bordeaux 21 avril 2010