Une grande première au Togo depuis cinquante ans ! Le recensement en cours est financé en amont et en aval par l’argent du contribuable…donc des Togolais. Gilbert Bawara, ministre de l’Aménagement territorial a toutes les raisons de jubiler : « Il nous faut nous émanciper ». Si l’initiative est à louer, il y aussi à se poser des questions sur cette « prise de conscience » subite des dirigeants togolais habitués pour la construction d’une piste rurale à lorgner du côté de l’UE et des éternels bailleurs de fonds. Une liste électorale fiable, des élections acceptées par tous, les Togolais ne demandent pas mieux ! Mais ici, ce qui donne déjà quelques couacs est le caractère désordonné de ce recensement des les premiers jours avec des pannes répétitives, l’insuffisance des kits d’enrôlement, le délestage du courant électrique, le retard dans le déploiement du matériel, les revendications financières des opérateurs de saisies… Interrogé par le Lynx, le ministre Bawara a été très clair : « Nous avions connu au début du recensement quelques difficultés nous en sommes conscients. Mais actuellement, tous ces dysfonctionnements ont trouvé une solution ». Du coté de l’opposition, on est encore sur ses réserves. Jean Kissi de la jeunesse du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) parle d’un « grand bordel ». Dans leur communiqué de presse du 25 mars 2013, le CST et Arc-en -Ciel tirent à boulets rouges et trouvent de commun accord que le recensement est bâclé. Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, présidente de la Coalition Arc-en-ciel apporte plus de précisions dans une interview avec le confrère Afreepress : « Les craintes que nous avons au début de ce recensement ce sont confirmées, l’observation que nous avons eue à faire de l’opération durant les dix premiers jours nous a montré qu’en réalité rien n’était prêt pour qu’il y ait un recensement digne de ce nom ». Avant de planter le décor sur des mineurs que les apparatchiks de Faure ont aligné sur le fichier électoral : « … Nous avons des preuves d’enrôlement de mineurs au cours de ce recensement que nous verserons le moment venu au dossier. L’audit permettra également de relever ce que nous disons, mais dans tous les cas nous avons des preuves que nous apporterons au moment opportun. C’est pour que nous comprenions tous mieux ce qui s’est passé » s’offusque-elle. Si pour une fois, Faure est bien décidé à aider les Togolais à « s’émanciper » en finançant le recensement avec l’argent du Togo, vivement qu’il ne le fasse pas pour être le premier bénéficiaire. C’est à ce prix que nous apprécierons les mots de son ministre Gilbert Bawara qui parle d’un début d’émancipation des Togolais !
Camus Ali Lynx.info