Gbagbo et Ouattara: Ces chiffres qui parlent d’eux mêmes

0

« Le président Gbagbo a utilisé l’argent de l’État pour se maintenir au pouvoir. Moi, je vais développer le pays ». Profession de foi de Ouattara lors de l’entretien qu’il a accordé à nos confrères d’Europe1, quelques heures avant de rejoindre le sommet du G8 à Deauville.

« Il faut faire sortir la Côte d’Ivoire de cette longue période d’agonie économique et réconcilier les ivoiriens, il y a un prix à payer. Je compte sur le G8 pour le faire dans le cadre d’un partenariat », a-t-il détaillé. Pour cela, « la Côte d’Ivoire a besoin de 15 à 20 milliards d’euros pour les cinq prochaines années », a précisé Alassane Ouattara, avant d’ajouter : « le président Nicolas Sarkozy a prévu un programme de désendettement de 2 milliards d’euros, bien sûr je demanderai un peu plus au président Obama ».

Le président ivoirien, pour la communauté internationale, Alassane Ouattara a déclaré : « le pays a besoin de soutien. »

Profession de foi d’un chef d’Etat qui bénéficie de l’état de grâce du nouvel arrivant (?). On convient volontiers de mettre au compte du passé sa gestion de l’Etat à la tête de la Primature de 1990 à 1993. Laquelle gestion, impulsée par les plans d’ajustement structurel du Fmi, a laissé plus de mauvais souvenirs que de bons points dans la mémoire collective : privatisations tous azimuts avec leur cortège de licenciements, asphyxie des entreprises privées par l’instauration de l’ASDI. Certes, il y a eu aussi le départ de certains directeurs de société, de régies financières (feu Angoua Koffi, directeur général des douanes a été l’exemple le plus patent), la réduction des avantages des barrons du PDCI. Mais, on ne peut occulter l’affaire des 19 tonnes d’effets personnels et la résidence savoyarde de 300 millions FCFA acquise peu de temps après sa nomination à la Primature pendant que les Ivoiriens étaient soumis à un régime « hyper amaigrissant ».

Le Fmi avait même blâmé le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara qui, dans sa gestion (et certainement pour des intérêts de positionnement) confondait allègrement ajustement et développement.

En effet, tout économiste le sait très bien, le concept d’ajustement est un terme qui exprime ou traduit « une adaptation » de la part d’un pays qui a subi des chocs extérieurs et/ou qui a commis des erreurs de politiques économiques. Ce concept s’oppose donc à celui de développement qui, pour sa part, traduit « un projet actif de structuration d’un tissu économique et social dans une perspective de long terme ». On peut alors noter que les politiques d’ajustement relèvent du court terme, tandis que les politiques de développement sont du long terme. L’économiste-banquier ne l’avait pas compris. Ces propos du chef de l’Etat cachent aussi et surtout une dénonciation calomnieuse de l’ancien régime dont, pourtant, la communauté financière internationale a noté avec grande satisfaction, la gestion rigoureuse et transparente des finances publiques.

Pourquoi les institutions de Bretton-Woods ont-elles accordé à la Côte d’Ivoire le point de décision ? Sinon reconnaître que le programme économique conclu avec ce pays a été exécuté de manière satisfaisante. A chacune de ses missions, le chef de délégation, Mme Doris Ross, le répète, « le Fmi est strict avec la Côte d’Ivoire, mais aussi objectif ». N’oublions pas que le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, a reçu deux prestigieux prix internationaux en rapport avec la gestion des finances publiques dans un pays en crise. A moins d’être des trophées de complaisance, c’est la preuve que les finances publiques ivoiriennes étaient bien gérées. A telle enseigne que le nouveau chef d’Etat l’a reconduit.

Le régime Gbagbo ne peut être diabolisé économiquement !!

La puissance financière ou dictatoriale d’un chef d’Etat ne peut le maintenir longtemps au pouvoir, sinon ses idées, son programme de gouvernement.

Rafraîchissons la mémoire des uns et des autres pour indiquer que la crise politico-militaire de septembre 2002 est intervenue au moment où l’économie ivoirienne commençait à donner des signes de reprise après la période de stagnation et de déclin de 1998 à 2000. Cette reprise était due en partie à des progrès significatifs en matière de stabilisation macroéconomique, ainsi qu’à une amélioration de l’allocation des ressources à la faveur de la mise en œuvre de réformes macroéconomiques et structurelles initiées par le régime Gbagbo et soutenues par les partenaires au développement de la Côte d’Ivoire. C’est alors que les institutions de Bretton-Woods ont repris leur coopération suspendue en 1998, après avoir observé de graves dérapages dans la gestion des finances publiques.

Pendant cette période (2000-2002), nombre d’injustices ont été réparées : rétablissement des salaires du corps enseignant, réévaluation des salaires des magistrats et du corps médical, accroissement du revenu des paysans etc.

Au moment où la Côte d’Ivoire allait bénéficier d’une réduction substantielle de sa dette extérieure, elle est confrontée à une crise politico-militaire qui réduit à néant, tous les efforts consentis (il était prévu et annoncé le déblocage des salaires et la mise en œuvre de l’Assurance maladie universelle).

Cependant, sous l’éclairage du Président Gbagbo, l’économie ivoirienne résiste à la crise. Le déficit budgétaire est contenu à 2% du produit intérieur brut et son taux d’inflation à 2,5%. Le dynamisme des importations ne dément pas. Le tonnage traité par le port autonome d’Abidjan ne cesse de progresser. L’économie locale tirée par le binôme café-cacao ne s’est pas effondrée. Des relais de croissance apparaissent avec le pétrole dont les chiffres sont publiés en Côte d’Ivoire pour la première fois depuis que le pays est indépendant. Le pétrole donne un coup de pouce et les recettes sont en partie utilisées dans le cadre des chantiers de la capitale Yamoussoukro, du vaste programme d’électrification, la réhabilitation du réseau routier etc.

L’économie va de mieux en mieux et ce dynamisme s’accentue jusqu’au point de décision. Après trois missions en Côte d’Ivoire, pas une seule fois la communauté financière internationale n’a évoqué une quelconque mauvaise gouvernance. Là où on a tenté de prendre Laurent Gbagbo par défaut, on a vu la manière avec laquelle il a traité ce dossier : il s’agit de l’affaire café-cacao. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que dans le programme de gouvernement de la Refondation, la bonne gouvernance repose sur ce postulat : « La grave crise économique, politique et sociale que vit le pays est imputable essentiellement à la mauvaise gouvernance, à la corruption généralisée, à l’autoritarisme politique et économique, à l’impunité, aux gaspillages. Il faut y mettre fin. C’est une exigence nationale. Je m’y consacrerai avec d’autant plus de détermination et d’abnégation que par ses deux dimensions politique et technique, la bonne gouvernance constitue la synthèse de nos objectifs de refondation… ».

Si aujourd’hui, il ne reste que le point d’achèvement, il faut reconnaître qu’il y a d’abord eu le point de décision après tout un programme économique qu’il a fallu faire accepter aux Ivoiriens. On se rappelle ces grèves des enseignants et des médecins sans service minimum, ces arrêts de travail des douaniers, policiers, ces débrayages des transporteurs, des huissiers. Bref, de tous ces corps constitués suite aux sacrifices à consentir pour bénéficier du point d’achèvement. Même si on ne veut pas lui devoir de considération, tâchons de remercier la fille de ménage qui a su faire le marché sans lequel l’épouse ne peut faire un bon plat pour son époux.

A la fin de la troisième mission du Fmi, le ministre de l’Economie et des Finances, annonçait que le budget 2011 était prêt. On n’attendait que la fin de la présidentielle pour le mettre à exécution. On ne peut raisonnablement pas dire que Laurent Gbagbo a utilisé l’argent du pays pour se maintenir au pouvoir.

Avec l’investiture, l’état de grâce s’achève. Les regards sont à présent tournés vers la case pour voir comment les murs de la nouvelle Côte d’Ivoire seront montés.

Au demeurant, l’histoire de la Côte d’Ivoire prouve que le « Tous pourris » est un slogan qui se retourne toujours contre la démocratie et ses défenseurs. Surtout, ce slogan transforme en chasse aux sorcières ce qui devrait conduire à une réflexion de fond sur un système. Mais, justement, le veut-on ? N’est-il pas significatif que ce soit souvent les plus conservateurs qui sont les plus prompts à allumer des bûchers ? Tous ceux qui, aujourd’hui, diabolisent sans vergogne l’ancien régime, ne sont que les rouages d’un mécanisme pervers qu’ils ont eux-mêmes mis en place et dans lequel ils se complaisent. C’est ce mécanisme qu’il convient de dénoncer, et de dénoncer encore, et non les hommes qu’il faut coûte que coûte abattre. Que cache la sortie d’Alassane Ouattara sur la question des finances publiques ivoiriennes ?

En résumé

Alassane Dramane Ouattara : Premier ministre de 1990 – 1993

Pays non divisé, pas de guerre, pas d’embargo, pas d’occupation militaire de l’étranger, Houphouët Boigny sur son lit d’hôpital (Ce qui veut dire seul à la commande).

1) Croissance du PIB: de -1,2% à -0,4%

2) Recettes Fiscales: de 573,4 milliards à 451,16 milliards soit une baisse de 20%

3) Déficit des Finances Publiques: 3% du PIB

4) Volume de la Dette intérieure (arriérés fournisseurs): 378,4 milliards

5) Paiement de la dette intérieure: 59,23 milliards/an (c’est une moyenne)

6) Dette extérieure: de 77,2% du PIB à 89,8% 7) Il a vendu toutes les entreprises d’état de la Côte d’Ivoire à 1euro symbolique (Électricité, Eau, téléphone etc.)

Laurent Koudou Gbagbo : Président de la république de Côte d’Ivoire de 2000 à 2010

Pays divisé en 2, guerre financée par ADO selon Zakaria l’un des chefs rebelles, embargo, et occupation militaire des forces étrangères.

1) Croissance du PIB: de -2,3% à +3,8% avec un atterrissage en 2010 estimé à + de 4%

2) Recette fiscale : de 1035,4 milliards à 1 795 milliards soit une progression de 73,42%

3) Déficit des finances publiques : 1,5% du PIB

4) Volume de la dette intérieure : 132 milliards

5) Paiement de la dette intérieure : 237 milliards

6) Dette extérieure : 16% du PIB.

À vous de juger ! Ici les chiffres parlent d’eux-mêmes. Et c’est Sans commentaire.

Souveraineté africaine

 

Partager

Laisser une réponse