François Hollande va-t-il enfin mettre la pression sur Denis Sassou N’Guesso pour l’empêcher de modifier la Constitution ?

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Cette question qui obsède les Congolais a encore une fois resurgi avec la polémique sur le voyage de Jean-François Copé au Congo pour une conférence rémunérée le 23 juillet dernier.

Le Congo-Brazzaville est un petit pays riche, notamment en ressources naturelles mais très mal géré. L’argent du Congo c’est d’abord, vous le savez, le pétrole mais aussi le sous-sol avec du manganèse, le gaz, le fer, l’uranium, l’or et même du niobium, un métal rare utilisé notamment dans les réacteurs nucléaires, sans oublier une forêt exceptionnelle. Bref, le Congo est beaucoup moins pauvre que la plupart de ses voisins, mais la misère y est pourtant bien présente. En effet, avec une production quotidienne de pétrole de plus de 300 000 barils engendrant à elle seule plus des 2/3 des recettes de l’État, la manne semblait effectivement belle surtout au regard de la faible population du pays, à peine 3,5 millions d’habitants. Aujourd’hui pourtant le Congo n’est que 142è de l’indicateur de développement des nations unies et accuse un taux de chômage record, notamment chez les jeunes. 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins d’1 dollar US par jour.

Et, avec l’aide de ses amis de la droite française, un homme, Denis Sassou N’Guesso, officiellement né vers 1943, règne sans partage et d’une main de fer sur ce petit émirat du golfe de Guinée, presque sans discontinuer depuis le 05 février 1979, à l’exception d’un court intermède entre 1992 et 1997.

Monsieur le Président François Hollande, nous savons qu’en ce qui concerne l’Afrique, vous gérez vous-même directement les dossiers du Mali et de la République Démocratique du Congo, et le reste est géré par votre ministre des affaires étrangères Monsieur Laurent Fabius. Ce qui nous pousse à dire, en clair, que vous considérez que tant qu’il n’y a ni massacres, ni catastrophe humanitaire, pour vous tout est normal.

Quant au Quai d’Orsay sa ligne est que « François Hollande représente les intérêts français au Congo. Pour le reste, du point de vue de la diplomatie française, il faut que Denis Sassou N’Guesso arrive au terme de son mandat », feignant d’ignorer que la modification de la Constitution est la priorité des priorités pour ce vieux dictateur sanguinaire et corrompu, qui aura 73 ans en 2016 dont la moitié passée au pouvoir et qui considère que le pouvoir est son patrimoine, sa propriété. Autrement dit, pour Laurent Fabius, si les Congolais ne font rien eux-mêmes pour l’en empêcher, la France laissera faire car la France n’a pas intérêt à ce que le Congo soit instable.

D’ailleurs, Denis Sassou N’Guesso en est lui-même convaincu puisqu’il dit à qui veut l’entendre : « Ne comptez pas sur Hollande pour provoquer un coup de force au Congo comme la droite aime à le faire sans vergogne à l’exemple de la Côte d’Ivoire ou de la Libye », occultant volontairement le soutien dont il a lui-même bénéficié de cette droite française pour son retour au pouvoir par les armes, en 1997. Aurait-t-il reçu les assurances de la part du Quai d’Orsay ?

Pourtant cela n’enlève en rien sa détermination bien connue de voir François Hollande déguerpir en 2017 pour le retour au pouvoir de ses « Maîtres » de la droite. Et il y travaille très activement, cela est vrai, puisqu’il s’est juré de l’avoir pour son second quinquennat lors de la prochaine présidentielle française de 2017 en ces termes : « Ce François Hollande oublie que je suis un vieux président africain… » C’est bien connu, le vieux dictateur congolais a la rancune très tenace.

Par ailleurs, depuis sa rencontre avec François Hollande à l’Élysée, le 08 avril dernier, l’entourage proche de Denis Sassou N’Guesso laisse entendre « qu’il n’y a plus de problèmes entre François Hollande et Denis Sassou N’Guesso parce que tout homme a un prix et François Hollande n’a pas été insensible… » Or, nous savons que François Hollande a certes ses défauts, comme tout humain, mais en tout cas les personnes qui le connaissent bien nous disent : « la chance pour le Congo, c’est d’avoir François Hollande à l’Élysée parce qu’il est incorruptible. Cela doit fortement inquiéter Sassou N’Guesso. » Pourquoi Denis Sassou N’Guesso fait-il donc passer en sourdine cette nouvelle de corruption concernant François Hollande ? Est-ce une stratégie pour le déstabiliser avec cette rumeur de corruption en 2017 au profit de ses amis de la droite ?

Adossé, comme on peut le voir, à sa puissance financière, le fruit du pillage des richesses du pays au détriment du peuple depuis 30 ans, et à son assise internationale via de puissants réseaux (politiques, économiques et maçonniques) qu’il s’est constitués en soudoyant et en arrosant à tout va tout au long de ses 30 années de pouvoir sans partage, Denis Sassou N’Guesso est persuadé qu’il va, une fois encore, corrompre et acheter tout le monde et parvenir à modifier tranquillement la Constitution pour rester au pouvoir à vie.

Son clan a caporalisé tous les pans de l’économie du pays et occupe tous les postes importants dans le gouvernement, dans l’administration, dans l’armée, la gendarmerie et la police…, érigeant ainsi le clientélisme et la corruption comme mode de gestion du pays. La presse, les organisations syndicales indépendantes et l’opposition sont bâillonnées pour bien faire passer dans l’opinion nationale et internationale l’idée selon laquelle il manque d’adversaire à sa taille. Bref, gouverner par la terreur, telle est sa stratégie pour tenter d’imposer un passage en force en 2016. C’est aussi cela la stabilité selon Denis Sassou N’Guesso et ses soutiens français.

Contrairement à la propagande officielle du pouvoir, le peuple congolais réclame le changement et l’alternance démocratique. Bien que paupérisés (à dessein pour les rendre plus vulnérables) et écrasés par le poids de sa dictature féroce, les Congolais dans leur écrasante majorité se battent pour le changement et demandent à Denis Sassou N’Guesso de respecter la Constitution et de ne plus se représenter en 2016. Les Congolais ne cherchent pas la guerre, ils demandent simplement le respect de la Constitution et l’alternance démocratique dans la paix. Pendant ce temps, Denis Sassou N’Guesso, lui, continue d’acheter massivement des armes en Chine et en Russie. Toutes ces armes pour quoi en faire ?

Oui, le peuple congolais veut mettre fin à toutes ces injustices flagrantes qui ont déjà trop duré, et il se bat pour que la Constitution soit respectée dans toutes ses dispositions afin d’assurer une alternance démocratique et pacifique en 2016. Jusqu’à présent, c’est David contre Goliath, mais si la communauté internationale et notamment la France fait barrage et fait clairement savoir qu’elle ne tolérera pas une modification opportuniste de la Constitution au Congo ou partout ailleurs, ce message sera reçu cinq sur cinq par tous dictateurs africains, et Denis Sassou N’Guesso ne prendra pas le risque car il sait qu’il s’exposerait éventuellement aux représailles de la France.

Monsieur le Président François Hollande, c’est parce que nous sommes conscients que la voix de la France pèse suffisamment lourd pour décourager toute tentative de modification opportuniste de la Constitution que nous vous demandons, nous vous implorons, nous vous supplions de nous aider à créer dès maintenant les conditions d’une alternance démocratique et pacifique en 2016 et de mettre fin une fois pour toutes à ce funeste projet d’un vieux dictateur sanguinaire et corrompu, qui aura 73 ans en 2016 dont la moitié passée au pouvoir et qui considère que le pouvoir est son patrimoine, sa propriété.

La relation franco-congolaise n’est pas l’apanage de Monsieur Denis Sassou N’Guesso. C’est une relation séculaire qui existe bien avant lui et qui continuera, nous en sommes convaincus, d’une manière encore beaucoup plus intense et beaucoup plus enrichissante pour les deux pays, après lui.

Bienvenu MABILEMONO
S.G. Du Mouvement pour l’Unité et le Développement du Congo – M.U.D.C

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