« Si Me Agboyibo m’a envoyé Apévon et dit dans un journal qu’il ne se laissera pas enfariner, et déclare aujourd’hui qu’il est venu uniquement à Paris pur rencontrer une personnalité française, dans ce cas, il ne mérite pas la confiance du peuple togolais. »
Comment l’idée de candidature unique a-t-elle germé dans votre esprit ?
… Ce n’est pas une idée qui a germé dans mon esprit mais c’est une nécessité. Les Togolais de par le monde ont à l’esprit que sans candidature unique, point de salut pour ce processus électoral non pas parce que électoralement parlant, il faudrait accumuler les voix des uns et des autres pour gagner, mais parce que lorsqu’il s’agira de revendiquer la victoire, prendre le pouvoir, il ne faudrait pas que les divisions et l’instrumentalisation des uns et des autres conduisent à l’échec. C’est pourquoi la plupart des Togolais que j’ai rencontrés lors de mes missions et ici à Paris ont émis le vœu que tous les leaders puissent se réunir autour d’une plate-forme pour montrer qu’on peut gérer ce pays dans un processus alternatif crédible, consensuel et que les craintes de dérapages et de fractures du pays sont des craintes instrumentalisées par le régime pour perdurer au pouvoir.
Est-ce que vous étiez sincère dans votre démarche en invitant des gens à Paris ?
Moi je ne suis pas habitué à la langue de bois. Je comprends ce que vous dites. Vous voulez parler notamment de Me Agboyibo qui s’est plaint qu’il a été victime d’un guet-apens. Excusez-moi. Vous pensez que Me Agboyibo de par son expérience politique puisse tomber dans un guet-apens ? Vous le voyez sincère quand il dit cela ? Alors que la veille de la rencontre, il a précisé dans un journal de la place qu’il va à Paris et que si c’est pour une question de candidature unique, il ne se laissera pas enfariner. Vous croyez qu’il n’était pas au courant de ce sujet ? Lorsque je préparais cette rencontre, Me Agboyibo a envoyé un émissaire en l’occurrence le confrère Me Apévon à qui, il a demandé de me fournir toutes les informations nécessaires qui me démontreront que l’opinion est avec lui. Que la candidature unique ne peut que se concevoir autour de lui. Non, soyons sincère. C’est parce que Me Agboyibo a vu que le cours des discussions, après avoir épuisé quatre points à l’ordre du jour et le cinquième qui concerne la désignation du candidat unique, ne va pas à son avantage qu’il a claqué la porte. Pourquoi ne pas quitter la réunion dès le départ lorsque vous savez qu’elle avait un autre objet que celui pour lequel vous étiez arrivé ?
Me Agboyibo dit que vous deviez le présenter à une personnalité de haut rang à Paris. Qu’en est-il exactement ?
Me Agboyibo a été Premier ministre pendant seize mois. C’est un petit ministre de l’Intérieur qui va le présenter aux autorités françaises ? Croyez-vous en cette version ? Tout cela, ce sont des chimères. Me Agboyibo veut se dédouaner. Lui-même sait très bien qu’il ne veut pas de cette candidature unique à condition qu’elle tourne autour de lui. Il sait très bien que le peuple ne lui pardonnera jamais cette défaillance. Voilà pourquoi il cherche des arguties. Soyons cohérent et sincère. Si Me Agboyibo m’a envoyé Apévon et dit dans un journal qu’il ne se laissera pas enfariner, et déclare aujourd’hui qu’il est venu uniquement à Paris pur rencontrer une personnalité française, dans ce cas, il ne mérite pas la confiance du peuple togolais.
Après Agboyibo et Mme Adjamagbo, M. Agbéyomé qui a été désigné directeur de campagne de Fabre vient de se désister. Me Boko naturellement, il y a quelque chose qui n’a pas bien marché dans votre initiative de Paris ?
Vous savez, les négociations pour une candidature unique sont très difficiles. Partout, les uns les autres regardent avant tout leurs intérêts personnels et politiques, c’est normal. Nous sommes dans une optique de recherche des voies démocratiques pour le pays. C’est normal que les uns et les autres se désistent. Mais ce qui est essentiel, c’est la dynamique créée à Paris. Mais ceux qui sortent représentent quoi ? Me Agboyibo a sa base électorale dans le Yoto avec 150.000 voix lors des dernières législatives. M. Gnininvi et Agbéyomé ont aussi leur base électorale dans le Yoto. C’est un trio qui a une base électorale très faible dans le Yoto par rapport à tous ceux qui viennent rejoindre aujourd’hui la dynamique unitaire. M. Gogué, regardez sa base électorale dans les savanes, M. Abi Tchessa à Sotouboua, M. Péré dans la Kozah, M. Kofi Yamgnane à Bassar.
Voyez-vous tous ces hommes, ce que l’initiative de Paris a apporté. Qui aurait cru il y a quelques années que les gens venus d’horizons divers peuvent apporter leur soutien à l’UFC que les gens présentent comme le parti par lequel le pays se déchirera en cas d’alternance ? Le Togo a besoin de réunir tous ses fils autour d’une plate-forme. Je suis content que ce soit M. Kofi, le candidat recalé par le système, qui est aujourd’hui celui qui est chargé d’élaborer les grandes lignes de cette plate-forme qui tourne autour de la réconciliation et des retrouvailles de tous le fils du pays pour écrire une nouvelle page de l’histoire du Togo. Que les gens soient clairs. Que MM. Agbéyomé, Agboyibo et Gnininvi, s’ils veullent rejoindre le RPT, c’est leur droit le plus absolu, comme c’est le droit pour les autres aussi de rejoindre le candidat du front. J’ai la conviction que ce scrutin présidentiel sera un référendum. Allons-nous continuer avec le système RPT avec des béquilles comme le CAR, la CDPA et éventuellement OBUTS ?
Ne pensez-vous pas que les réticences d’Agboyibo, Gnininvi et Agbéyomé sont dues aux dissensions internes de l’UFC où le leader Gilchrist Olympio rechigne à accorder son onction à Jean-Pierre Fabre ?
Je ne le crois pas parce que le sort a voulu que le Togo puisse obtenir l’alternance cette année. Pourquoi je dis cela ? Vous savez que de par le passé c’est autour de la personnalité de Gilchrist Olympio que s’agrippaient les négociations pour le choix du candidat unique. Tout le monde disait que s’il venait au pouvoir, il va y avoir des règlements de compte. Ce n’est pas facile qu’un père cède sa place à son fils pour prendre la relève pendant qu’il vit encore. Je comprends bien les hésitations de Gilchrist mais je vais vous donner cet exemple de l’UMP en 2007 qui a permis à M. Sarkozy de prendre le contrôle du parti et gagner les élections. Chirac qui a créé l’UMP n’avait pas donné son onction. Sarkozy grâce à ses manœuvres politiques et son efficacité, a réussi à contrôler l’appareil de l’UMP. Aujourd’hui c’est la même chose au niveau de l’UFC. Comparaison n’est pas raison mais à quelques approximations près, c’est la même chose. Moi j’admire beaucoup comment Jean-Pierre Fabre a réussi à contrôler l’appareil et se positionner à la tête d’un parti qui ne doit pas éclater…
Source : Kanal Fm
Transcription de la rédaction du correcteur