Jack is back
Après son tweet énigmatique — « Jack is back » –, l’ancien patron du FMI suscite l’inquiétude chez certains hommes politiques qui craignent maintenant de possibles règlements de comptes.
« C’est limite menaçant. » Ce commentaire entendu dans les rangs socialistes à propos du premier tweet de Dominique Strauss-Kahn — « Jack is back » — posté dimanche sur son nouveau compte, illustre le petit frisson qui a saisi le monde politique après ces trois mots. « Tout le monde a peur de comprendre », résume une connaissance de DSK.
Dix jours après sa relaxe dans le procès du Carlton (décrit par tous les commentateurs comme un fiasco judiciaire pour l’instruction), l’ancien patron du FMI a réussi son coup : son premier tweet a enflammé les réseaux sociaux et mis en émoi le monde politique et médiatique.
Fidèle au poste depuis le début, la communicante Anne Hommel s’amuse de l’effet produit, mais tente de calmer le jeu : « Il ne faut pas chercher dans ce tweet une interprétation qui n’existe pas. Après avoir été pendant quatre ans obligé de se taire, Dominique a ouvert ce compte sur Twitter. Il pourra ainsi, au gré de ce qui l’inspirera, avoir sa propre expression. »
Affaire Piroska Nagy (la collaboratrice du FMI qui s’était plainte de harcèlement sexuel) Sofitel de New York, incarcération à Rikers Island, Carlton de Lille, suicide il y a quelques mois de son associé de la banque LSK… Revenu du fond de l’enfer après avoir été donné plusieurs fois pour mort (comme Jack Bauer le héros de la série « 24 Heures chrono ») Strauss-Kahn se contentera-t-il maintenant de donner son appréciation sur l’air du temps ? Certains en doutent. Comme ce membre du gouvernement qui confie sur un ton entendu : « Il va régler ses comptes avec des personnalités de droite et de gauche. Il n’a pas la mémoire courte, il se souvient des gens proches qui sont venus donner des leçons de morale à la télévision. »
Pour le moment, DSK savoure sa dernière victoire judiciaire qui le libère enfin d’une lourde pression. Et voit avec plaisir d’anciens « amis » qui avaient pris leurs distances, avec parfois des mots très durs, revenir vers lui, un brin gênés. « Depuis le jugement du Carlton, son téléphone sonne beaucoup plus souvent qu’avant », confie l’un de ses proches.
L’ancien ministre de l’Economie, qui avait recommandé au début de la crise financière en Grèce d’effacer la dette de ce pays avant qu’elle ne se transforme en fardeau ingérable, pourrait à nouveau peser dans le débat grâce à son expertise économique. En privé, DSK dit le plus grand bien d’Emmanuel Macron, son successeur à Bercy, à qui il prédit un bel avenir politique. Il échange de temps en temps par textos avec Manuel Valls.
Mais il est encore un peu tôt pour savoir comment Strauss-Kahn, qui exclut un retour dans la politique active, va se réinstaller dans le paysage français. « La relaxe ne date que de dix jours, il faut lui laisser un peu de temps », répond-on dans son entourage. Une indication : il ne travaille pas pour l’instant sur un livre que s’arracheraient pourtant les éditeurs du monde entier.
Mais qui est Jack?
« Jack is back » (« Jack est de retour ») pouvait-on lire dans le premier tweet de DSK. Mais de qui parle-t-il ? A chaque hypothèse, les médias crient eurêka ! S’agit-il de Jack Dawson, héros de « Titanic », que l’on croyait — à tort — mort dans le naufrage, ou de Jack Bauer, le flic de la série « 24 Heures chrono », qui retombe toujours sur ses pieds. Même Jack Torrance, père meurtrier du film « Shining », est convoqué, et pourquoi pas Jack l’Eventreur ? Les plus pragmatiques évoquent le restaurant Jack is back, à Marrakech, que DSK fréquente.
Des idées sortent du lot, comme l’allusion au morceau de Ray Charles, dont le refrain est : « Hit the road, Jack ! And don’t you come back no more » (Taille la route, Jack ! Et surtout ne reviens plus jamais…) Le site du quotidien belge « le Soir » a une autre hypothèse : dans le film « L.A. Confidential », le héros Jack Vincennes lance : « Jack’s back », au retour d’une mise à pied ! Les paris sont ouverts.
Philippe Martinat (avec Rosalie Lucas) Le Parisien