Fodjo Kadjo ABO : « L’Afrique pourra-t-elle résister au vent du mariage homosexuel ? »

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L’Afrique ne finira-t-elle pas par reconnaître le mariage homosexuel ? On peut difficilement s’empêcher de se poser cette question en voyant l’évolution de ce phénomène dans le monde.

L’homosexualité, naguère considérée comme une bestialité, était réprouvée et combattue dans la plupart des pays. Lentement mais surement, elle est parvenue à s’imposer. Du fléau qu’elle était hier, elle est devenue aujourd’hui une valeur digne d’être préservée et même promue à l’échelle planétaire.

Les homosexuels, en plus d’avoir réussi à faire accepter leur orientation sexuelle, ont obtenu le droit de se marier entre eux dans de nombreux pays. En France, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, au Canada, en Espagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Norvège, au Brésil, en Suède comme dans bien d’autres États, des individus de même sexe ont le droit de se mettre en ménage et de jouir de tous les avantages de la vie conjugale.

Par décision du 26 juin 2015, il y a juste quelques semaines, la Cour Suprême a autorisé le mariage homosexuel dans tous les États des États-Unis d’Amérique. Ce pays vient ainsi de rejoindre le concert des nations qui reconnaissent le mariage homosexuel.

Si les États-Unis d’Amérique, le pays le plus puissant de la planète, sont tombés aux mains des homosexuels, il est permis de se demander comment les pays africains, aussi fragiles les uns que les autres, pourront durablement tenir tête à ce phénomène.

L’homosexualité existe bien en Afrique aujourd’hui. Cela est une vérité incontestable. On chercherait en vain des pays africains où il n’y a pas de pédés et de lesbiennes. Mais on note que les Africains, dans leur immense majorité, ont horreur de l’homosexualité.

Les homosexuels africains, vomis par leurs concitoyens, sans cesse stigmatisés et même traqués dans certains pays, se voient contraints d’évoluer dans la plus grande clandestinité. Mais depuis quelques années, ces déviationnistes sortent de leurs tanières à la faveur du vent du mariage homosexuel qui souffle sur la planète.
Les homosexuels africains ont tellement pris confiance que dans certains pays, ils sont de plus en plus nombreux à s’organiser en associations et à revendiquer leurs droits avec le soutien d’organismes internationaux. Aujourd’hui, un pédé ou une lesbienne ne peut, ni être agressé par les victimes et témoins des actes impudiques qu’il se permet, ni être poursuivi pénalement pour atteinte à la moralité publique sans que des voix ne s’élèvent pour dénoncer des atteintes aux droits de l’homme et mettre des gouvernements en garde.

Face à cette situation, on est en droit de se demander si l’Afrique ne finira pas par tomber aux mains des homosexuels. Cette interrogation est loin d’être anodine.

Les pays africains ont toujours été et continue d’être un enjeu économique pour les Occidentaux qui ne ratent pas la moindre occasion de les exploiter à satiété. Ces États, après des siècles d’esclavage et de colonisation, sont tous indépendants aujourd’hui. Mais leur accession à la souveraineté n’a en rien altéré les velléités impérialistes des anciennes puissances coloniales. Il a fallu à celles-ci trouver des prétextes pour satisfaire leurs ambitions.

À la faveur de la crise économique mondiale qui avait particulièrement éprouvé les pays africains dans les années 1980, ces puissances réussirent à leur imposer comme solutions de sortie de crise, des mesures draconiennes suicidaires. Les agitations sociales provoquées par ces mesures ne tardèrent pas à dégénérer en crises politiques marquées par des demandes de changements. C’est dans ce contexte que le vent de la démocratie fut déclenché.

Les Occidentaux, en plus des avantages tirés des mesures d’ajustement structurel imposées aux pays africains, firent de ce fameux vent de la démocratie un nouveau prétexte pour s’ingérer dans la gestion des affaires intérieures de ces États. Sous le manteau de moniteur de la démocratie, ils parvinrent à défaire des régimes qui ne leur étaient pas favorables en ayant soin d’installer au pouvoir des dirigeants disposés à préserver leurs intérêts.

Tous les pays africains étant désormais engagés sur le chemin de la démocratie, il fallait trouver un autre prétexte pour permettre aux Occidentaux de continuer à s’ingérer dans les affaires de ces États. La bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme ont été pour eux une excellente trouvaille.

On constate aujourd’hui que dans la plupart des pays africains, des progrès ont été réalisés en matière de respect des droits de l’homme et de bonne gouvernance. Si ces progrès se poursuivent, dans quelques années, le rôle d’assistant dans ces deux domaines ne pourra plus être invoqué par les Occidentaux pour maintenir ces États sous leur dépendance ; il faudra alors trouver un autre prétexte : le mariage homosexuel pourrait être ce nouveau prétexte.

Il est de notoriété publique que les Africains, dans leur immense majorité, ont une aversion pour les homosexuels. Ils ne sont pas prêts à accepter comme valeurs des comportements qui, plus que des actes contre nature, sont de vératables sacrilèges que même des animaux ne se permettent pas. Ils n’ont jamais vu et ils ne verront sans doute jamais deux béliers ou deux coqs s’accoupler ; ils n’ont jamais vu et ils ne verront jamais deux chiennes ou deux vaches s’accoupler. Il serait donc très difficile de leur demander d’accepter que de façon officielle deux hommes puissent se marier entre eux et que deux femmes aussi puissent faire autant.

Les Occidentaux, qui connaissent très bien les dispositions d’esprit des Africains par rapport à l’homosexualité, pourraient en faire un fonds de commerce. Ils savent que les peuples africains et leurs dirigeants ne sont pas prêts à accepter le mariage homosexuel. Ils vont donc chercher à le leur imposer en misant sur deux scénarios pour atteindre leur objectif.

En premier lieu, les dirigeants africains qui accepteront de faire leur jeu en tentant de faire légaliser le mariage homosexuel dans leurs pays ne tarderont pas à tomber en disgrâce auprès de leurs peuples. Le désordre et la confusion qui en résulteront seront pour les Occidentaux un argument pour intervenir en sapeurs-pompiers et en profiter pour continuer à s’ingérer dans les affaires intérieures des pays concernés à travers le soutien apporté, au nom du respect de l’ordre constitutionnel, aux régimes en difficulté.

En second lieu, les régimes qui refuseront de reconnaître l’homosexualité seront ajoutés au répertoire des régimes non respectueux des libertés démocratiques et combattus sans ménagement. Ils se verront refuser ou retirer des aides, mesures qui ne manqueront pas de leur créer des difficultés sur le plan économique et, par répercussion, dans le domaine sociopolitique. De plus, des opposants prêts à tout pour accéder au pouvoir seront utilisés pour leur mener la vie impossible et, en cas d’entêtement prolongé, les décapiter purement et simplement. Les nouveaux dirigeants installés dans un tel contexte, de véritables marionnettes, n’hésiteront pas à faire la part belle aux homosexuels.

Ces réflexions, que je pourrais développer davantage, me donnent de bonnes raisons de penser ou de dire que les Africains doivent se préparer à reconnaître le mariage homosexuel. L’Afrique du Sud a déjà donné le ton depuis novembre 2006 : deux personnes de même sexe peuvent se marier dans ce pays. Ainsi va le monde !

Fodjo Kadjo ABO

 

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