Faure : Impunité à gogo. Il a fini par fermer les yeux sur le cas Paniah Gagnon et les autres

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  Paniah Gagnon, ce nom ne dit pas grand-chose à l’opinion nationale togolaise et internationale. Eh bien, agent des douanes de son état, Paniah Gagnon est à l’heure  où nous écrivons ces lignes l’actuel chef de poste des douanes de Kodjoviakopé du côté de la frontière entre le Ghana et le Togo à l’entrée de Lomé. A  ce poste très juteux, il a ajouté celui non moins succulent de président de la section togolaise de la Croix Rouge. En début d’année, c’est sur le compte du rejeton de ce monsieur à  peine âgé de 18 ans et qui étudie aux Etats Unis que les yankees ont flairé des magouilles à travers la découverte d’une rondelette somme de 2 mignons milliards de F CFA. Deux milliards sur le compte d’un gamin à peine sorti de l’adolescence et sur les bancs d’école, il faut être sous les tropiques pour ne pas flairer le montage grotesque. Au  pays d’Abraham Lincoln et de John Fitzgerald Kennedy, l’on ne peut admettre qu’un gamin puisse posséder une telle somme sur son compte bancaire. De fil en aiguille, les recherches débouchent sur les transactions du papa Paniah Gagnon, douanier de son état en service à Lomé.  Puisque ce père a servi le clan au pouvoir à Lomé, on fait tout pour étouffer l’affaire et en plus, on évoque comme quoi Paniah Gagnon est président de la section togolaise de la Croix Rouge et que mettre sur la place publique ses ennuis porterait un coup à l’image de l’organisation internationale. Jusque-là, cette affaire  qui avait fait la une des rédactions locales et qui ressemble très « Faure » à celles dont le Togolais est habitué, n’a pas connu de suite comme d’ailleurs toutes les autres avant elle.   
 

Au Burkina voisin, pour la même affaire de découverte et de saisie de 3 millions d’euros soit environ 2 milliards de F CFA chez un membre de sa famille, le DG  des douanes  Ousmane Guvio a été interpellé et limogé. Ça, c’est au pays des hommes intègres. Au Togo où les hommes du sérail crèchent sur des lits dorés et sont assurés de l’impunité ambiante, qui va inquiéter Paniah Gagnon, le chef de poste des douanes de Kodjoviakopé ? Oh oui, qui peut inquiéter l’actuel président de la Croix Rouge Togolaise qui a aussi  fait pour le régime, un homme qui roule pour les Gnassingbé ? Pour la petite histoire, Paniah Gagnon  (Gagnon qui signifie l’argent est bon dans la langue Ewé parlée au sud du Togo) a été trésorier général de Rock Gnassingbé au moment où cet autre prince trônait haut à la tête de la Fédération Togolaise de Football.

Au Togo malheureusement,  le fait de puiser dans les fonds publics est devenu un sport national à telle enseigne que celui qui se montre un peu intègre, est vu comme un homme anormal ou fou. Le  message est passé depuis dans les rangs du clan au pouvoir où l’on assiste à une course effrénée pour l’accumulation de richesses. Tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir et prennent des décisions au Togo pillent comme ils peuvent sans être inquiétés outre mesure. Le pillage est même devenu à ciel ouvert d’autant plus que la Cour des comptes dirigée par un certain Tankpandja Lalle n’existe que de nom, que la Justice de Me Tchitchao Tchalim n’est que l’ombre d’elle-même, que et que….

Oh la Justice togolaise, parlons-en un peu. L’homme de tous les dossiers judiciaires  pourris de la République son altesse Robert Baoubadi Bakaï pourrait nous être utile sur ce terrain à pentes sinusales. Lui Robert Bakaï qui prenait le malin plaisir de traiter les affaires louches et de poudre blanche dans l’une de ses villas secrètes sise à Kégué sur la bretelle reliant la voie Lomé-Vogan au domicile de l’honorable Kpatcha Gnassingbé. En bon procureur de la République dans une République bananière, Robert Bakaï en a profité pour s’enrichir.  Aujourd’hui, pour cause de sa gloutonnerie et de sa duplicité, Robert Bakaï ronge ses pouces dans un bureau exigu au Ministère de la Fonction Publique. C’est l’affaire Agba Bertin qui l’a dévoilé dans tous ses états de procureur ami des trafiquants libanais (le Libanais Maroune Saad fiché par Interpol et qui disait à qui voulait l’entendre qu’il a toute la Justice togolaise en poche ne nous dira pas le contraire), de procureur adorant le cash et les billets craquants, de procureur avide de pouvoir et soucieux paraître plus puissant avec tout ce que cela suppose en terme de sources de pouvoir. Des Robert Bakaï, la Justice togolaise en compte encore dans ses rangs.  Le règne de l’impunité ne peut que se perpétuer au Togo car, entre les voleurs et ceux appelés à les traquer, c’est même pipe même tabac, comme de vrais jumeaux.

Après la présidentielle de juin 1998 remportée haut les mains par Gilchrist Olympio dit « Yovovia » et confisquée personnellement les armes à la main par feu Eyadema, Lamboni Mindi, directeur général à l’époque de la Caisse d’Epargne du Togo aujourd’hui Banque Populaire pour l’Epargne et le Crédit (BPEC), qui s’était sérieusement mis à griller de l’arachide avec les sous des pauvres épargnants en compagnie du tout puissant Fambaré Ouattara Natchaba, avait fini par être sauté pour se retrouver  en catimini à l’Assemblée mouton togolaise à la législature de 2002-2007. Il venait d’être couvert pour cause de son militantisme au sein du RPT.  Natchaba était l’un des hommes forts du régime, il fallait donc tout faire pour cacher le pot aux roses. Ce genre d’exercice était une formalité pour les hommes du sérail à l’époque surtout que les traits de fatigue étaient visibles dans la démarche du dictateur Eyadema. Lamboni Mindi est aujourd’hui Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. La tête de Natchaba avait été sauvée et celle de Mindi aussi. Lamboni Mindi est parti depuis de la Banque Populaire pour l’Epargne et le Crédit (BPEC) mais cette dernière n’est pas délivrée des griffes des démons noirs. L’actuel DG de la BPEC Tagba Abissi dont le mandat prenait fin en 2014 a été viré le 20 avril dernier pour imprudence dans l’octroi de prêts et malversations portant sur des millions de FCFA. Il est remplacé par le président du conseil d’administration Kavégué Georges. Tagba Abissi a été tout simplement viré sans qu’aucun compte ne lui soit demandé. Quid de Charles Takou passé entre-temps à la SNPT et des autres renvoyés pour aller couler des jours tranquilles avec l’argent du contribuable ?  La même épaisse couverture d’impunité, les rejetons Gnassingbé en ont largement bénéficié. Certains impatients d’attendre le geste du père, de la maman, du frère ou de la sœur s’en remettaient au beau frère feu Richard Attipoé à la tête de la Société Nationale d’Investissement (SNI) pour des prêts.  Des millions de F CFA non remboursés  jusqu’à ce jour ont été engloutis dans ces prêts sans condition aux fils Gnassingbé et ce, au nom du père, de la fille et du beau.  Au final, c’est au peuple togolais de régler la note salée laissée par feu Richard Attipoé et ses beaux.  Pour la petite histoire, c’est dans cette boîte SNI que bossait comme petite secrétaire une certaine Ibrahima Mémounatou aujourd’hui ministre des cas sociaux dans le gouvernement Houngbo II.  Et le cas Kanekatoua du nom de l’argentier de feu Eyadema et ancien DG de la Banque Togolaise pour le Commerce et  l’Industrie (BTCI) dont les enfants vivent  richement aux Etats-Unis avec les sous issus du blanchiment auquel le père  s’était livré à la tête de cette banque. Sans oublier Awa Béléi ex DG du port autonome de Lomé aujourd’hui Chef d’Etat-major particulier du prince Faure.  Etant DG du port, Béléi s’était donné le luxe avec l’argent amassé au port de payer une résidence en Suisse pour y loger une pute en vue de ses cent coups lors de ses passages en terres helvétiques. Une fille qui avait traîné son sale cul dans les lits de certains hauts placés à Lomé avant de croiser le chemin du Colonel Awa Béléi à l’époque. Qui dit qu’être au pouvoir sous les tropiques n’est pas une bonne affaire?  Dans ces conditions, d’aucuns ne peuvent que détester à mort l’alternance. Si d’autres montent au pouvoir, qui va leur offrir encore leurs privilèges illimités ?

Igomzikpé Malika , Anicet Moutouari Lynx.info

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