Ex-ministres et lobbyistes, la double casquette de la Françafrique

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RETRAITÉS DE LA VIE POLITIQUE, OU ACTUELS PARLEMENTAIRES, UNE DIZAINE D’ANCIENS MINISTRES SE SONT RECONVERTIS DANS LE LOBBYING EN AFRIQUE.

Gérard Longuet, alors ministre de la Défense, en visite le 19 mars 2012 à la base aérienne de Saint-Dizier, dont des Rafales venaient de participer à des bombardements en Libye

Oui, il y a une vie après les portefeuilles ministériels. A l’instar de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, ils sont un certain nombre à s’intéresser de près au développement de l’Afrique. Mais si l’ancien chef de l’UDI vise une action non lucrative à la tête de sa toute nouvelle « Fondation énergie pour l’Afrique » -aux contours flous et au mode de financement imprécis, d’autres le font aussi à des fins intéressées. 

Bon nombre d’anciens ministres se reconvertissent ainsi dans l’action privée ou le lobbying en Afrique. La Lettre du Continent, publication d’informations confidentielles de référence, dresse même le palmarès des 10 ex-ministres les plus influents. Des politiques qui aident d’autres politiques, comme la discrète Yamina Benguigui (très en cour à Brazzaville auprès de Denis Sassou-Nguesso), ancienne secrétaire d’Etat à la Francophonie qui pourrait « faciliter à Jean-Louis Borloo l’accès à plusieurs chefs d’Etat, dont Joseph Kabila (président de la République démocratique du Congo, ndlr) ». Mais la majorité fait partager son carnet d’adresse -et une certaine proximité avec des leaders africains- pour faire avancer des contrats à la demande d’entreprises. Ainsi, l’ancien ministre de la Défense (1995-1997) Charles Millon et l’ancien garde des Sceaux (2002-2005) et ministre des Transports (2005-2007), Dominique Perben, sont des personnalités influentes et bien installées sur le continent africain.

Des parlementaires en fonction

Parmi ces anciens ministres qui entretiennent leurs réseaux africains, deux occupent toujours une fonction parlementaire. L’ancien secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants de Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Bockel (2008-2009) est aujourd’hui sénateur du Haut-Rhin. S’il fréquente toujours l’influent Robert Bourgi, M. Bockel n’apparaît pas dans les écrans radars du lobbying d’entreprises.

En revanche, Gérard Longuet, sénateur UMP de la Meuse, ne néglige pas le rôle d’intermédiaire. Selon plusieurs sources, l’ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy (2011-2012) aurait séjourné fin février en Côte d’Ivoire. Un voyage d’affaires pour le compte de Sea Invest, une société belge qui gère un terminal minéralier du Port autonome d’Abidjan et qui souhaiterait se développer sur un autre port, celui de San Pedro. Gérard Longuet aurait ainsi lui-même évoqué le sujet le 26 février dernier lors d’un entretien avec Alassane Ouattara, le président Ivoirien. Une personnalité qu’il connaît bien. En tant que ministre de la Défense, il avait notamment supervisé les opérations de l’armée française lors de la crise post-électorale en 2011 conduisant à l’arrestation du président sortant, Laurent Gbagbo.

Selon sa déclaration auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), en tant qu’administrateur de Sea Invest France et Sea Invest Afrique, Gérard Longuet a gagné de 2009 à 2012 la somme de 40 000 euros annuels.

Mais depuis le 1er octobre 2014, ses indemnités sont passées à 50 000 euros annuels en qualité de Président du conseil d’administration de Sea Invest Afrique. Montant qui ne tient pas compte des différentes commissions et parts variables que peuvent engendrer les contrats. Une revalorisation qui correspondrait à l’intensification de ses activités chez Sea Invest, une entreprise qui ambitionne de jouer un rôle clé en Afrique en l’Ouest. 

L’Express

 

 

 

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