Esso Solitoki : Il prêche au Sahara avec ses Réformes Administratives

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Au moment où le fonctionnaire togolais, oh le pauvre, lutte pour sa survie dans la jungle de la société d’aujourd’hui, le ministre de la Fonction Publique et des Réformes Administratives Esso Magnim Solitoki lui fait un de ses numéros maison. Quel Togolais sérieux ne sait pas que le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) dont Solitoki Esso est Secrétaire Général, adore les effets d’annonce ? Qui au pays des Gnassingbé, n’a jamais entendu le RPT jurer la main sur le cœur, qu’il fera ci et ça pour améliorer le quotidien des Togolais ? Si l’on devait considérer les professions de bonne foi du RPT depuis que ce parti existe, le Togo n’en serait pas là.

Il y a plus d’un mois, le patron des agents publics Solitoki a pris son bâton de pèlerin pour parcourir les différents départements de l’Administration publique en vue de propager la bonne nouvelle du régime RPT, celle des réformes administratives. Actuellement, il est l’un des ministres de Faure les plus médiatisés sur la chaîne mère TVT. Esso Solitoki explique et dit aux fonctionnaires qui veulent l’entendre, qu’une nouvelle ère s’annonce pour eux et pour tout le pays.  Il n’est jamais tard pour bien faire, murmurent d’aucuns.

Après plus de 40 ans de népotisme, de régionalisme, de favoritisme, le RPT veut dépoussiérer sa Fonction Publique de ses tares. Fini la belle époque où l’animation populaire permettait à des individus comme Têko Méwonawovo, l’inamovible directeur de cabinet du ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités de trouver leur place au soleil ? Enfin les recrutements à la Fonction Publique sur la base du mérite et non à partir de listes concoctées au siège du RPT ? Fini les promotions et affectations de postes en fonction de compétences et non de l’appartenance ethnique et politique ? Le régime est-il enfin décidé à jouer désormais la carte de la Justice pour tous et de la fin de l’impunité ? 

Et en plus, s’il n’est plus permis à certains individus de s’absenter 30 fois par mois pour venir prendre à la fin du mois leur salaire et si personne n’est plus en mesure d’user de son patronyme pour occuper un poste auquel il n’est même pas compétent et si seulement si, Solitoki et son big boss rassurent les Togolais que rien ne sera plus comme avant au sein de la Fonction Publique et ce, à travers des actes concrets, comme un seul homme, tous les Togolais croiront à la fameuse réforme administrative.

En toute franchise, avec un statut général de la Fonction Publique datant des années 1968, une grille salariale aussi effilée que les fils barbelés électriques de la base de Guantanamo non loin de Cuba, le fonctionnaire togolais n’a pas le cœur à la réforme. Pour lui, toute réforme devrait commencer par la hausse de salaires. Contrairement à ce que d’aucuns croient, la Fonction Publique togolaise est un véritable ghetto où les conditions de vie et de travail sont très loin d’être enviables. Du 1er au 30 du mois, le fonctionnaire ne fait que lutter pour sa survie. Les seuls bénéficiaires reconnus de l’Administration Publique sont les gros bonnets, notamment les ministres, DG, Directeurs de Cabinets, Secrétaires Généraux. A part ces éléphants qui s’en sortent mieux par ces temps qui courent au Togo, les autres sont obligés de se débrouiller pour survivre. L’on ne parle même pas de vivre mais de survie. Que voulons-nous, lorsque certains privilégiés doivent puiser dans les caisses comme ils veulent ou emprunter dans des banques comme ils entendent pour après, faire rembourser les autres, le pays ne peut que s’appauvrir davantage. La richesse nationale est très inégalement répartie ; le fonctionnaire togolais ne peut donc avoir sa part du gâteau. Tout ce qui lui est demandé, c’est de végéter, de se taire ou de s’éteindre lentement comme la lumière d’une lampe en manque de pétrole. 

Magnim Esso Solitoki prêcherait dans un désert comme celui du Sahara si lui et son patron Faure ne revoyaient pas le statut général de la Fonction Publique pour l’adapter aux normes de l’heure. Qu’ils le fassent pour voir si le fonctionnaire ne serait pas plus motivé qu’avant.

Anicet Gomaro Lynx.info

 

 

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