Plus le temps passe plus la situation en Côte d’Ivoire semble s’enliser, maintes fois annoncée, promise sur les médias internationaux par le camp Ouattara et la diplomatie française, la chute de Gbagbo n’a toujours pas eu lieu et ce jeudi matin, de plus en plus d’ivoiriens et d’observateurs commencent à douter. La France qui en Libye a annoncé qu’un enlisement était possible s’arcboute toujours sur la position de reddition imminente d’un Laurent Gbagbo apparemment pas prêt de lâcher prise et des défenseurs toujours prêts à mourir pour lui et sa cause.
Nous autres médias de terrain, nous commençons progressivement à douter fortement des informations reçues sur le dossier, la guerre est là et la propagande fait rage, situation oblige. La réalité du terrain est beaucoup plus complexe les jours qui s’enchainent dévoilent les obstacles d’espoir d’un avenir heureux dans ce pays en crise depuis un coup d’Etat survenu en 1999 que bon nombre sembleraient regretter aujourd’hui. Plus les jours passent plus le souvenir du Pdci d’Houphouet et de Bédié au pouvoir devient amère.
A l’inverse des frappes aériennes, qui frapperaient les pièces d’artilleries visibles pour affaiblir et amener à la reddition, survenues ce mercredi soir, les troupes des Frci pro Ouattara qui tentent de progresser vers la résidence présidentielle et les autres points stratégiques localisés de la résistance pro Gbagbo sont depuis le début des hostilités constamment repoussés par la résistance des fds qui ont choisit le camp de la résistance. Selon des témoignages et autres images découvertes sur des médias français via internet, nous constatons que les forces pro Ouattara subissent un bon nombre de pertes en vie humaines que l’on nous cache. A en croire la communication du camp Ouattara, pas de morts et tout est toujours une question d’heure… Selon les témoignages recueillis et des sources militaires concordantes, un plan de défense efficace a été déployé dans la zone de la résidence construite par Félix Houphouet Boigny et jadis sa résidence aujourd’hui en passe de destruction et de « Fort Gbagbo ». Tout comme au plateau, la progression pour tout assaillant vers les abords de la résidence relève pour l’heure d’une tentative de non retour voire d’une mission impossible pour des combattants apparemment de dernière minute venus du nord du pays et n’ayant la maitrise du terrain et de la discipline militaire.
La France indique pourtant ce jeudi matin que la résistance de Gbagbo comprendrait un millier d’homme. Alain Juppé quant à lui indique devant les sénateurs français que la chute de Laurent Gbagbo serait « inéluctable ».
L’arrivée progressive d’image de l’offensive de ce mercredi, des massacres à l’ouest et leur diffusion à toute allure sur internet et téléphone mobile ont provoqué l’indignation d’un bon nombre d’habitants de la capitale ivoirienne. Ce mercredi matin au marché d’Angré miraculeusement ouvert nous rencontrons Franck, venu à la recherche de vivre de première nécessité malgré l’inflation constatée qui nous livre « Vous avez vu, ce ne sont même pas des militaires qu’on a vu sur France 24, des vrais plaisantins avec des kalachnikovs, nous on pensait que les Frci étaient une armée, comme nos Fds, mais là on comprend maintenant pourquoi ils n’y arrivent pas sans la France, triste pour nous autre ivoiriens pour demain, les politiciens tout bords confondus se foutent de nous, nous le peuple, nous ne l’oublierons jamais ». Voyant notre interlocuteur s’exprimer, Mohamed s’approche pour tenter de le calmer : « c’est une guerre, on comprend rien mais ça va aller, tout le monde est sur les nerfs car ça dure trop longtemps, on vit la guerre, la vrai pour la première fois et la galère aussi qu’elle entraine, une chose est sûre le pays est plus que jamais divisé en deux, l’élection a été du 50-50, ils devraient s’entendre, nous prions pour que ça aille ».
Par ailleurs, comme pour tenter de contre attaquée l’anarchie et le chao, les réseaux sociaux sur internet sont désormais utilisés pour les alertes en tout genre, sanitaires, sécuritaires et médicales.
Nul doute que si Laurent Gbagbo, qui à l’image de ses électeurs et de son camp crient au coup d’Etat et à l’ingérence, n’avait pas fait un gros score à l’élection, la résistance aurait été quasi inexistante et à forcerie dans le sud du pays ou le candidat de la Lmp a remporté la bataille électorale. Mais le contexte médiatique tend à faire l’impasse sur cette donne qui permet pourtant de comprendre la complexité de la situation et l’entêtement de ses derniers supporters armés qui mènent la résistance.
Alors que les combats ont repris ce jeudi matin, les inquiétudes sur les conséquences futures de cette guerre hantent désormais un peuple dans la tourmente de ses cauchemars. L’espoir de voir Gbagbo et Ouattara se serrer la main disparait progressivement. A quand la fin et la paix…?
Amy, Koaci.com Abidjan