Enquêtes et révélations. Faure Gnassingbé, l’argent, la drogue, la corruption, les femmes…

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Avec les violences, les arrestations en cascade et la situation politique tendue actuellement, Faure Gnassingbé, le président togolais est incontestablement sous forte pression. Une situation qui ne semble pas s’améliorer tant le successeur de Eyadéma Gnassingbé, malgré ses efforts, croule sous le poids d’un pouvoir jugé corrompu et de surcroît policier où l’argent, les soupçons de trafic de drogue et les femmes font bon ménage.

 Depuis le 12 juin, le ton populaire est monté d’un cran contre le régime de Faure Gnassingbé au Togo. Une manifestation organisée par le Collectif sauvons le Togo (Cst, un regroupement de partis d’opposition et d’associations de la société civile) s’est transformée en quasi guérilla dans les rues et quartiers de Lomé, la capitale.

Ces manifestants dénoncent essentiellement la nouvelle loi sur le « découpage électoral » en prévision des législatives prévues pour le dernier trimestre 2012. « Un texte taillé sur mesure favorable aux fraudes et censé éviter à Faure Gnassingbé une cohabitation préjudiciable à son maintien au pouvoir après 2015 », dénonce l’Opposition.

Un pouvoir assis sur une poudrière

Et pourtant, le jeune président n’a pas démérité après son accession sanglante à la magistrature suprême en avril 2005. Il a, en effet, réussi à arracher la signature de l’Accord politique global (Apg) avec l’Opposition, lancé une Commission vérité, justice et réconciliation (Cvjr) aux conclusions mitigées, et surtout débauché Gilchrist Olympio le prétendu « opposant historique », fils du premier président togolais, Sylvanus Olympio.

Autant de « victoires » qui ont permis au Togo de réintégrer le concert des nations en décembre 2007, avec la reprise de la coopération entre Lomé et Bruxelles (Ue) après près de quinze ans de rupture. En octobre 2011, ce petit pays de l’Afrique de l’ouest a même été élu membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (Onu). Consécration.

Mais, sur le plan intérieur, la situation est toute autre. La majorité de la population vit dans une misère ambiante tandis que les proches du pouvoir paradent dans l’opulence. La presse togolaise (celle qui reste encore libre) relate souvent les « shoppings à coup de millions d’euros » de l’actuelle directrice générale des Impôts, Ingrid Awadé, sur les Champs Elysées. Quant au sulfureux ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Pascal Bodjona, il serait impliqué dans des affaires de corruption et de malversations. Et, ce ne sont pas les seuls.

Selon plusieurs analystes, la quasi totalité du sérail présidentiel serait trempée dans des affaires illicites. Experts en marchés de gré à gré et en fausses factures, ministres et autres personnalités aux mœurs légères rivalisant avec le « Bunga Bunga » à la Berlusconi (ancien Premier ministre italien).

En outre, le Togo serait devenu la plaque tournante d’un trafic international de drogue. Plusieurs noms de personnalités sont souvent cités dans la presse locale et régionale : Kpatcha Gnassingbé (demi-frère du président actuellement condamné pour atteinte à « la sûreté de l’Etat »), Mey Gnassingbé (un autre demi-frère, actuel chargé de missions à la présidence)… D’autres font malheureusement les frais de rumeurs « infondées ». C’est le cas, par exemple, du Consul de la Slovaquie, Victor Sossou récemment indexé dans un canard régional. « A force de côtoyer les hyènes, on finit par manger de la viande avariée », dit-on souvent.

Pis encore, depuis décembre 2011, le nom du Togo revient dans un autre dossier tout autant pourri. Selon un rapport du FBI, des officiels togolais seraient impliqués dans un vaste réseau de trafic de véhicules d’occasion passant par Lomé au profit du Hezbollah libanais (un mouvement terroriste).

Un boulet appelé l’armée

La cheville ouvrière du pouvoir au Togo est incontestablement l’armée à l’effectif réel indéterminé. Or, la grande muette n’est nullement pas républicaine dans ce pays. Elle couvre depuis plusieurs décennies, les déviances du clan Gnassingbé. Comment peut-il en être autrement puisque des officiers supérieurs des Forces armées togolaises (Fat) sont eux-mêmes accusés de crimes imprescriptibles ?

En effet, en 2005 après la mort de Eyadema Gnassingbé (38 ans au pouvoir), l’armée aurait participé au massacre de près d’un millier de Togolais, selon plusieurs rapports d’associations de défense des droits de l’Homme et de l’Onu.

En 2011, des accusations de tortures ont été publiquement portées contre le colonel Massina, chef de l’Anr (Agence nationale de renseignement), le commandant Kulo et le capitaine Kadanga et même le général Titikpina dans le cadre du procès pour « tentative de coup d’Etat » avec comme accusé principal, Kpatcha Gnassingbé. Des faits confirmés en février 2012 par un rapport de la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh). Mais, le site officiel du Togo a diffusé une version expurgée de ce document et Koffi Kounté, le président de la Cndh, s’est réfugié en Europe, à cause de « menaces de mort ». Hallucinant !

C’est donc tout ce beau monde qui forme la bande de collaborateurs de Faure Gnassingbé. Tous ne sont pas aussi corrompus qu’on le fait croire. Loin de là. Mais, ils sont très peu et n’ont pratiquement pas de pouvoir, ces « illuminés » qui tentent de ramener le jeune président à la raison. Des brebis chez les loups donc. Reste à savoir si l’Opposition togolaise gangrenée depuis toujours par une crise de leadership saura tirer profit de cette fragilité du régime pour conquérir le pouvoir et concrétiser l’alternance démocratique dans ce

pays.

AfriSCOOP à Paris, Paul M. CARTIER

 

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