Egypte: le coup d’Etat militaro-Etats-unien a réussi.

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C’est fait! Le coup d’état militaro-Etats-unien vient de réussir en Egypte. L’armée a démis Mohammed Morsi de la présidence et lui interdit de sortir du pays. Systématiquement diabolisé depuis les tous premiers jours de son arrivée au pouvoir après des élections transparentes, Mohammed Morsi a fini par être éjecté après que « l’opposition », pourtant battue aux élections en 2012, ait réussi à faire descendre des millions d’Egyptiens dans les rues. Morsi est accusé (de façon ridicule mais très efficacement puisque les accusations seront médiatiquement relayées et largement amplifiées) tour-à-tour de n’avoir pu régler, après un an d’exercice du pouvoir, les problèmes des Egyptiens, de s’accaparer de tous les pouvoirs et d’avoir fait pire sur le plan des libertés que Moubarak et tous les régimes précédents. Mais c’est de la Tanzanie que viendra le coup de grâce. Séjournant dans ce pays, dernière étape de son périple africain entamé depuis bientôt une semaine, le président des USA, Obama prononçait une phrase lourde de sens indiquant que le président « Morsi doit écouter la rue ». Laurent Fabius a embrayé à son tour en disant: « Quand il y a une telle masse de problèmes et une telle masse de population qui exprime plus qu’un malaise, un refus, une angoisse, il faut que le gouvernement égyptien écoute le peuple. (…) Il faut que le président Morsi entende ce qui se passe », a-t-il expliqué sur la chaîne i-Télé. » (Et si François Hollande et sa clique de socialistes qualifiés d’incompétents à longueur de journées écoutaient aussi les Français!?). Le premier ministre britannique a fait des déclarations allant dans le même sens aujourd’hui même. David Cameron a précisé d’ailleurs qu’un « message vraiment clair est envoyé à Morsi ». Ce soir, c’est fait, cette armée qui a réprimé des Egyptiens depuis des dizaines d’années, et qui est formée, équipée et soutenue par les USA et qui a fait disparaître des dizaines de personnes lors des manifestations populaires contre Moubarak a repris la situation en main. Au fond, elle n’a jamais perdu la maîtrise de la situation sous le regard sûr de qui on sait. Plus intéressant encore à savoir, le général Abdul Fatah Al-Sissi, chef d’état-major de l’armée égyptienne, auteur direct du coup d’état a été en contact direct durant tout le processus de renversement du gouvernement avec Chuck Hagel, secrétaire à la défense des Etats-Unis d’Amérique. Christian Mallard, chef du service étranger de la télévision publique France 3 l’affirmait hier le 05 juillet sur France 24: « Al-Sissi fut en contact permanent avec Chuck Hagel ». Le journal Le Monde (favorable, il faut le préciser, au coup d’état contre Morsi), tout en prenant soin de masquer le rôle des Etats-Unis qu’il met plutôt comme soutien aux côtés du pouvoir, nous apprend ce matin 7 juillet tout de même « des sources concordantes provenant des Frères musulmans, de l’armée et des renseignements, ont affirmé à l’agence de presse AP que la destitution du président égyptien avait été décidée par les militaires dès le 23 juin, une semaine avant la manifestation du 30 juin, qui a poussé des dizaines de millions d’Egyptiens dans la rue. » Claire Talon, auteure de l’article dans le Monde ajoute « à l’appui de l’hypothèse d’un coup préparé, des détails troublants ont accompagné la destitution du président. L’armée aurait fait filmer par ses avions les images des manifestations du 30 juin avant de les diffuser aux agences de presse. Les coupures d’électricité et les pénuries de gaz et d’essence ont mystérieusement cessé dès la destitution de M. Morsi, alors que ce problème avait miné sa légitimité depuis des mois. » (L’article complet du Monde ici http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/07/06/egypte-un-coup-d-etat-prepare-a-l-avance-par-les-militaires_3443524_3212.html)

Il faut dire que les Egyptiens viennent vraiment de commencer le « grand marathon démocratique » qui va les conduire en enfer, dans l’enthousiasme et l’avidité servile de certains de leurs propres frères, et parfois avec leur propre accord manipulé méthodiquement. Peut-être que les Egyptiens eux-mêmes comprendront un jour l’importance historico-géostratégique de leur pays et que pour ces raisons là, en aucun cas, les Occidentaux, Israël et leurs « amis arabes » ne leur permettront pas aussi facilement de décider, de l’intérieur, de l’avenir de l’Egypte. Nasser traité de Hitler par les mêmes qui acclament aujourd’hui « la deuxième phase de la Révolution en Egypte » n’avait pas été assassiné pour que 40 ans plus tard le peuple égyptien décide librement de son avenir.

Contrairement donc à certains commentaires qu’on entend ici ou là, Morsi n’a pas été placé au pouvoir par les Occidentaux. Il est faux de dire le contraire. Morsi a été élu et ce n’est qu’à contre-coeur qu’il a été toléré par les Occidentaux et Israël. Et, il faut le rappeler, dès les premiers jours de sa présidence, Morsi a subi la réalité du pouvoir dans un pays aussi important pour les Occidentaux et Israël comme l’Egypte. Non seulement l’Egypte a le Canal de Suez, un des nerfs de l’économie occidentale, mais il est le pays le plus peuplé de ce qu’on appelle « le monde arabe », sa proximité géographique avec Israël qui est en train d’éliminer totalement les Palestiniens font qu’on ne peut laisser n’importe qui le diriger. Dans le même temps, des cadres de l’armée, une institution véritablement américano-britannique dans le pays, et des dignitaires de l’ancien régime de Moubarak, qui n’ont nulle autre ambition pour leur pays si ce n’est qu’il reste un pays rentier et touristique, ont des intérêts économiques très forts (hôtels, compagnie de transport, magasins, agences de tourisme…), lesquels intérêts subissent les contrecoups de la campagne de diabolisation portant sur les « Frères Musulmans » au pouvoir en Egypte. Il fallait donc agir pour mettre au pouvoir des hommes plus lisses et plus obséquieux qualifiés de « modernistes » comme El Baradei, l’ancien président de l’AIEA (la fameuse Agence internationale de l’Energie atomique) ou Amr Moussa, l’ancien président de la Ligue Arabe. C’est ce qui est en train de se passer. 
Pour finir, disons que ce qui se passe là, en Egypte, n’est qu’un copier-coller parfait de ce qui s’est passé en Algérie dans les années 90 où le Front islamique du Salut avait remporté les élections avant d’être destitué par l’armée. La suite sera très sanglante. On a connu le même phénomène en Palestine où le Hamas avait gagné les élections alors que les Occidentaux et leurs amis ne le veulent pas au pouvoir.

Quelques minutes après le coup d’état, voici la réaction de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de la France:

« Dans la situation très dégradée et d’extrême tension de l’Egypte, de nouvelles élections ont finalement été annoncées, après une période de transition. La France en prend acte. Elle souhaite que les échéances soient préparées dans le respect de la paix civile, du pluralisme, des libertés individuelles et des acquis de la transition démocratique, afin que le peuple égyptien puisse choisir librement ses dirigeants et son avenir. »

Que celui qui a des oreilles entende!

03 juillet 2013

Web: http://lajuda.blogspot.ch/2013/07/egypte-le-coup-detat-militaro-etats.html

KPOGLI Komla

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