« Ces enfants ne valent plus grand-chose », « Ils ne savent même plus écrire de bonnes phrases et ne parlent qu’un français approximatif », « Nos élèves n’ont plus que les plaisirs de la vie dans la tête». Tels sont entre autres, les reproches faits aux élèves des établissements scolaires tous degrés confondus.
Du cours préparatoire première année (CP1) en Terminale, l’on ne cesse de nous rebattre les oreilles sur la baisse de niveau des élèves. Tout le monde s’en plaint, notamment enseignants, parents, inspecteurs et autres acteurs du monde scolaire. Mais ce que tout ce beau monde oublie souvent de relever, ce sont les manquements des enseignants. Tels enseignants, tels élèves, sommes-nous tentés de dire. Les élèves d’aujourd’hui sont à l’image de leurs encadreurs.
En effet, un bon ou meilleur formateur ne peut qu’engendrer de bons et meilleurs élèves sauf ceux qui sont nés pour ne rien piger du tout. Ainsi, au lieu de bons enseignants bien formés à l’art de la pédagogie, qu’avons-nous ?
De nos jours, n’est enseignant qui a l’amour du métier mais qui veut arrondir les angles. Devenir enseignant dans un établissement du Togo n’est plus une affaire de vocation et de sacerdoce mais plutôt une question de survie. Des enseignants recrutés qui ne sont pas formés et qui n’ont pas aussi le niveau comme leurs élèves sur qui ils s’acharnent tout le temps. Des instructeurs qui confondent tout. « Fainéant », « vaurien » ou « vas-y taré », certains enseignants lancent de telles injures à la figure de leurs élèves comme s’ils avaient affaire à des adversaires. Comment des enfants, habitués à tels spectacles, peuvent continuer à être présents dans les salles de classes ? Sincèrement, les enseignants d’aujourd’hui soumettent les apprenants à une torture morale et psychologique qui ne dit pas son nom. Comble, s’il arrive à un élève d’être désiré par une fille de la classe que l’enseignant convoite ardemment. Cet élève est foutu et tant pis pour lui et ses notes dans la discipline de cet enseignant. Ainsi, les méthodes d’une autre époque et les insuffisances des enseignants sont soigneusement évitées dans les forums et débats. On fait semblant d’aborder le sujet puis plus rien. Et le mal continue de causer des dégâts.
Les parents aussi ont un grand rôle à jouer dans cette affaire. Le mensonge, le vol, bref les vices en général ne doivent pas être en bonne place dans le vécu quotidien des parents. Ce faisant, les enfants auront tendance à les imiter croyant que ce sont là les valeurs de la société.
Revenons aux enseignants. Exemple, un instructeur qui se cherche en français peut inculquer quelles notions aux élèves ? Sur le terrain, l’on a des encadreurs des maths et physiques qui peinent à résoudre eux-mêmes des problèmes faisant pouffer de rire et de moquerie leurs élèves. Dans ces conditions, comment ces élèves pourront faire des efforts pour comprendre des sujets que leurs enseignants ont toutes les peines du monde à circonscrire ?
Et puis, la plupart des enseignants de nos jours ont perdu les notions de pédagogie nécessaires à une bonne formation des élèves. La pédagogie, oh cette science si indispensable dans le domaine est devenue le cadet des soucis de nos enseignants.
Pour trouver nos amis enseignants, il faut aller sur le terrain de la drague des jeunes filles de leurs établissements. Ils sont forts dans ça. Au lycée moderne de Sokodé à 355 km de Lomé, certains se plaisent même à dire à leurs élèves filles ceci : « La chèvre ne broute que là où elle est attachée ». La bassesse au summum et le comble de la déchéance morale. Chers ministre des Enseignements Primaire et Secondaire, DG, inspecteur général de l’Education, directeurs régionaux, inspecteurs, conseillers pédagogiques, voyez-vous le genre d’enseignants que vous envoyiez sur le terrain encadrer les enfants. La rigueur et le sens aigu de la probité morale, les enseignants tendent à le perdre au profit de la culture du vice et de la facilité. Il y en a parmi eux qui proposent des choses incroyables aux élèves surtout à ceux dont les parents sont riches. Falsifier les bulletins de notes et accorder des faveurs, quoi de plus normal de nos jours. Ceci se généralise et entraîne la naissance d’une catégorie d’élèves qui ne font aucun effort mais qui passent de classe en classe pour se retrouver à un niveau où ils abandonnent pour aller voir ailleurs.
Accuser les élèves oui, mais voir aussi du côté des enseignants et des parents surtout eux serait une des panacées à la crise actuelle de l’enseignement au Togo. L’école togolaise ne pourrait que mieux se porter. Qui doit inculquer les vraies valeurs à qui après tout ? N’est-ce pas les parents, enseignants et la société en général !
Anicet Moutouari Lynx.info