Quand il vient au pouvoir en 2005, le premier acte de Faure avait consisté à endormir les Togolais par une histoire farfelue de « sang jeune pour un Togo jeune ». Les réseaux obscurs font glisser dans chaque oreille togolaise que l’homme du 5 février 2005, son père défunt étant l’homme du 13 janvier 1967, veut des compétences pour aider le Togo à « re-de-ve-nir » un Etat. D’autant plus qu’avec les grèves successives et la coopération suspendue par l’UE et les bailleurs de fonds, tout ceci verni d’une simagrée de népotisme, le Togo ne présentait plus les critères d’un Etat. L’administration étant elle-même laminée et devenue une civière sur laquelle se reposait tous les vices de la cité (débauche, prostitution, corruption, mensonge, incivisme…). La première compétence togolaise atterrit et n’est autre que Pascal Bodjona, ambassadeur du Togo aux Etats-Unis. Le pape des diplômes fraudés et traficotés. Celui-là même deviendra la pièce maîtresse du système du fils. Faure s’ajoute les amis du lycée qui ont fait avec lui les « 100 coups ». Chose curieuse, tous sont sortis droit des rets de la » jet set » togolaise. Donc, des ignorants de tout ce qui a trait à la misère, au mal vivre. Il rappelle Gilbert Bawara encore dans les bureaux de Laurent Désiré Kabila au Congo Kinshasa. Ingrid Awadé était déjà sur le terrain. À toute cette brochette, on flanque des vétérans du parti unique comme Barry Moussa Barqué, Solitoki Esso… Des réservistes Fanbaré Nachaba, Kofi Sama, Bitokotipou Yagninime. Des militaires, Atcha Titikpina, Assih Agossoye, Félix Kadangah… et des colons bien sûr, Charles Deabbsch.
Très habile, il puise dans l’opposition après une élection législative biaisée en 2007. Les premiers mange-mil, Gnininvi (CDPA), Agboyibor (CAR) arrivent et tombent dans les escarcelles comme des fruits mûrs. Bien que le premier n’ait pas pu avoir un seul député après 25 ans d’existence de son parti, il s’approche tout de même de la « case à manger ». L’argent et le facteur temps feront le reste. Contre toute attente, le patriarche de l’UFC, Gilchrist Olympio lui-même vient donner ses deux mains pour que Faure mette les menottes. Le tour est joué. Depuis, le pouvoir est devenu un jeu d’enfant. D’autant plus qu’il n’y a rien face. Si ce n’est encore un Jean Pierre Fabre, qui n’a pas lui aussi compris que le pouvoir en Afrique ne se trouve pas dans les urnes, sur les plages, mais bien dans les loges maçonniques, chez Bolloré et à l’Elysée.
Duel entre les « Fauristes » et les « Nostalgiques » du RPT !
Une guerre sans merci se joue au Togo, sans qu’aucun journaliste ne soit au courant. Pour l’annonce imminente de la naissance du parti courant janvier 2012 de Faure dont les contours, l’organigramme et le nom sont encore sous le sceau du secret d’Etat, les « nostalgiques » ont commencé par se faire du souci. Le prince est clair : « Tout sauf les vieux crocodiles ». Mais l’erreur ici, est que les « jeunes caïmans » n’ont plus rien de jeunes dans le bradage du patrimoine public. Pis, tous ont fait déjà leurs preuves. Mais les « nostalgiques » ne veulent pas se laisser faire. La preuve, des poids lourds comme l’ambassadeur Comla Paka, deuxième homme fort du RPT après Solitoki Esso est depuis au Togo pour le travail de terrain. Félix Sagbo non plus est aussi à la maison au Togo. Les vieux se concertent par codes et font remonter au sommet une prétendue peur que le parti de Faure peut «même mourir le jour de sa naissance ». On essaie comme on peut, de définir tous les aspects qui peuvent jouer contre le prince. Lui n’étant pas un bâtisseur, il y a comme un gros risque de faire couler, et le RPT et le nouveau parti naissant. Une atmosphère de méfiance mutuelle est depuis dans le milieu restreint du « Klan ». Les intrigues, les coups bas, les mensonges sont le quotidien au palais de la Marina.
Du côté des jeunes, on essaie de se taire au maximum. Tous sont des millionnaires. La plupart n’ont jamais fait un travail sur le terrain, donc pas connu du public. In fine, ils savent bien ce qui peut aussi jouer contre eux si les vieux devraient s’éclipser définitivement. Mais à la fin, ces jeunes pour la plupart des richissimes de la cité, tiennent à voir les vieux loin d’eux. Feront-ils l’affaire dans un Togo où le seul nom Gnassingbé fait grincer les dents et donne la « nausée » à la population ?
Mais la seule question est de savoir, si Faure est bien conscient qu’il n’est pas aimé par les Togolais pour enfin libérer le plancher ? A cette question, un proche du président est clair : « Allez y poser cette question à Ouattara ».
Quant au match entre « vieux crocodiles » et « jeunes caïmans » autour de Faure, il a bien commencé. Mais apparemment avec une première partie en faveur des jeunes caïmans. Les vieux crocodiles sauront-ils renverser la deuxième mis temps ? Tout est encore dans le secret des dieux. Au Togo, on peut toujours transformer une histoire banale en une loi de la république. Et ce n’est pas tous les vieux qui n’ont pas encore dit leur dernier mot qui vont démentir le Lynx !
Désirée Bigui Lynx.info