Togo. Dr David Ihou : Il n’est pas content de Faure sur la pauvreté, l’habitat…

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L’Ambassadeur d’Allemagne au Togo, Joseph WEISS, a vu juste et lancé un cri d’alarme : « Quand je vois la pauvreté accablante à l’intérieur du pays et les vrais soucis de la population, une population qui ne comprend rien de ces disputes politiques des partis et qui n’y ait pour rien, je m’attendais à  plus de compréhension  et d’écoute des acteurs politiques ».

Cet acteur averti de la vie politique et économique du Togo a tout dit et directement interpellé le pouvoir et l’opposition. Les « acteurs politiques » du Togo ne voient apparemment pas la paupérisation de notre peuple, le chômage, la vie chère, la crise de l’habitat, et la crise de confiance entre les hommes et les femmes de notre pays…

La Chine, ce grand pays, ami de tous les pays du monde cela s’appelle « realpolitik », est devenu, sans être  un Etat démocratique, la deuxième puissance économique du monde, devant le Japon et tout juste  derrière les Etats-Unis d’Amérique !

Au lendemain du 14ème sommet de la Francophonie à KINSHASA, force est de constater que la France  et  François HOLLANDE n’ont pas vu, tout comme les dirigeants canadiens, québéquois  et africains, la misère extrême du peuple congolais, mais seulement les failles de la démocratie

1) Dans notre pays, le chômage frappe plus de 50% de la population active, et plus de 85% des jeunes diplômés, tandis que 80% de la population active de nos villes vivent de l’informel ! Je ne sais pas si le pouvoir et les leaders politiques de notre pays maîtrisent ces chiffres. J’ai suivi et je suis au jour  le jour, les déclarations, les activités et les stratégies occultes ou visibles des responsables politiques togolais.  Je ne vois nulle part des hommes et des femmes responsables qui pensent vraiment au sort de la population ! J’ai suivi aussi les débats entre Barak OBAMA et Mitte ROMNEY  et j’ai vu deux hommes responsables, qui n’ont pas seulement comme fixation d’être au pouvoir, mais ont fait et font des propositions concrètes, chiffrées surtout, de ce qu’ils vont faire pour l’Amérique et les Américains. Depuis des mois, ces deux hommes sillonnent leur pays, rencontrent les citoyens, discutent avec eux, animent des conférences, des débats, des discussions…

Cela fait des mois et des mois que j’ai tiré la sonnette d’alarme sur le chômage. Je n’ai pas vu les tenants du pouvoir nous présenter des chiffres (à ma connaissance) sur le chômage au Togo et des solutions pour y remédier. Je n’ai pas vu non plus un seul leader   politique de l’opposition évoquer, chiffres à l’appui, ce fléau  du chômage et les propositions pour y remédier. Je n’ai vu que des marcheurs professionnels, des discoureurs, et des pseudos leaders politiques, qui ne forment pas leurs militants, qui ne présentent pas de projets de société, pour que le peuple sache ce qu’ils ont de concret à se mettre sous la dent, en suivant ces Messieurs et ces Dames.

Pour réduire de façon substantielle le  chômage au Togo, je trouve trois voies principales à emprunter :

Le défi agropastoral : l’agriculture peut, à elle seule, absorber le tiers du chômage au Togo ! J’ai, à plusieurs reprises, présenté des projets concrets dans ce domaine et publiés dans les journaux de la place. L’élevage intensif, est lui aussi un pourvoyeur important d’emplois. J’invite avec insistance, tous ceux qui gouvernent  et veulent gouverner demain notre pays, de nous présenter des projets crédibles sur ces sujets.

L’industrialisation : l’industrie légère et agropastorale est l’autre voie royale pour résorber le chômage. Il est absurde que le Togo importe encore  des boîtes de tomate en pâte, des jus de fruits nature, des chaussures de sports usagers, des soutiens-gorge usagés etc…

Les grands travaux à grandes exigence de main d’œuvre : infrastructures routières, voies ferroviaires, voies fluviales, etc…  Pour ce dernier point, un effort réel du gouvernement est fait pour les routes, mais  malheureusement, des jeunes du CST détruisent, lors des manifestations, des infrastructures construites à grands  frais. Il appartient aux leaders  de l’opposition d’expliquer à ces jeunes que si les routes sont dégradées, ce sont les leaders politiques   nouveaux qui arriveront au pouvoir, qui vont réparer ces nouveaux dégâts.

2) La paupérisation : La pauvreté a augmenté de façon dramatique dans notre pays, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. Aujourd’hui  le Togolais lambda mange moins bien en quantité comme en qualité qu’en 1970 ! Le déficit calorique et protidique est patent.

En 1970, le Togolais moyen vivait relativement bien avec un revenu moyen de 50.000FCFA (cinquante mille francs) par mois, dans notre capitale, Lomé : loyer, nourriture, habillement, frais médicaux. En 2012, les fonctionnaires Togolais vivent moins bien, avec un salaire moyen de 120. 000FCFA mensuels, qu’en 1970 avec, 50 000FCFA mensuels !

Dans les campagnes, la pauvreté et la paupérisation sont patentes. Dans les années 1980, quand nous allions en week- end au village, nous ne prenions avec nous, que de la viande, du poisson séché et des condiments manufacturés, pour nos parents et amis. En retour, quand nous repartions à Lomé, notre véhicule était rempli de haricot, de maïs, d’ignames, de gari, de tomates, piments etc., cadeaux des villageois que nous refusions en vain. Aujourd’hui, si je vais au village pour le week- end, je dois emporter  avec moi, le riz l’igname ou l’haricot que je dois manger, et parfois, c’est ce que j’apporte avec moi qui nourrit la famille restante au village, pendant les 24 ou 48 heures de séjour au village !

Si vous rendez visite à une famille de Lomé, à l’heure du repas, vous constatez, avec amertume, que les repas que les habitants prennent sont pauvres cela limite, misérables. Heureusement que, comparativement aux autres pays de la sous-région, nos campagnes produisent encore assez d’aliments  de première nécessité (igname, maïs, mil, haricot etc.), bien que les campagnes se vident de bras valides, attirés vers les villes. Mais au delà de tout ça, il faut reconnaître qu’avec 300 fCFA, vous pouvez manger à Lomé, ce que vous ne pourrez jamais faire à ABIDJAN, Accra, Bamako …

La paupérisation dans les campagnes, vient du fait que les jeunes ne veulent plus cultiver la terre, avec les vielles méthodes de nos grands parents et c’est pourquoi la modernisation de notre Agriculture est une priorité absolue. La paupérisation dans nos villes tient aussi au fait que plusieurs milliers de jeunes sont déversés dans nos ville, sans qualification aucune. Et survivent tant bien que mal…

Le désoeuvrement, l’alcool (sodabi) et la drogue aidant, ces jeunes sont en déperdition totale. La formation professionnelle à un métier (maçon, plombier, ferrailleur, menuisier, mécanicien, peintre etc.) ferait l’affaire, mais encore faudrait-il que ces jeunes aient un niveau intellectuel minimal …

2) L’habitat. J’ai pris sur moi de visiter six habitations  par quartier, dans six quartiers de la ville de Lomé et j’en ai eu pour mon compte ! Une pièce, des murs crottés, une tôle ondulée, sans plafond, une petite fenêtre, voilà où dorment, par exemple, une maman et ses quatre enfants ! Dans une pièce d’un autre quartier, où vivent un homme, sa femme et leur enfant de deux ans, ce n’est guère mieux. Le lit occupe la moitié de la pièce, les habits de l’homme sont accrochés à des clous, une petite bassine fermée renferme les pagnes et les habits de la femme ; dehors, deux douches communes aux cinq pièces individuelles louées, et un WC rudimentaire. Pas d’eau courante, mais tout de même l’électricité. Un cynique me demander a si ce n’est  pas tout de même mieux qu’un SDF en France (Sans Domicile Fixe) ! Mais cela révulse de voir son prochain habiter des taudis pareils !

Je ne sais pas si j’avais rêvé, mais il me semble que la TVT avait annoncé un projet de mille logements sociaux, initié par le gouvernement ? Où en êtes –vous, Monsieur le Ministre de l’urbanisme et de l’habitat ? Une  politique minima de l’habitat et du logement doit être urgemment mise en route. Si je n’ai pas rêvé, le gouvernement a fait état de ce projet, mais je n’ai entendu aucun leader de l’opposition, aucun dirigeant du CST ou d’Arc-en- ciel  parler de ce problème gravissime. Mais, peut-être que Zeus Ajavon et ces avocats du CST ne trouvent pas la nécessité d’avoir des logements décents dans la ville. Ils invitent souvent leurs militants et sympathisants à dormir à la belle étoile, à cuisiner en plein air, à faire leurs besoins naturels en plein air ( je n’ai pas vu de wc publics à Dekon), quand ils font leur sit-in à  Dekon ! C’est peut-être pour cela que les habitants du quartier Adéwui  étaient réticents à les recevoir !

Dr David IHOU, Ancien Ministre de la santé et de la population –Consultant en géopolitique et Stratégie sécuritaire.

 

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