Développement de l’Afrique : éviter d’être des moutons de Panurge !

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Aujourd’hui, la Révolution Permanente aborde la question essentielle qui sous-tend tous ces efforts que nous fournissons chaque jour : le développement de l’Afrique. Que n’aurions nous pas entendu déjà que je vienne dire de nouveau. Cependant, comme toujours, la Révolution Permanente a sa vision des choses. C’est pourquoi elle vous invite à un débat d’idée, un débat de construction, un débat sur notre avenir commun, celui de bâtir une Afrique développée. Alors permettez-moi d’introduire ce débat par ce questionnement fondamental : le développement, c’est quoi ?
 
Je ne prendrai pas la peine de vous embrouiller avec ma définition du développement. Mais je l’évoque tout de même, à toutes fins utiles.
 
Pour moi, le développement, c’est d’abord un processus visant l’amélioration continue des conditions de vie dans une cité humaine. C’est ensuite un état d’esprit, un ensemble d’indicateurs définis dans chaque société humaine dont la réalisation donne le sentiment au citoyen qu’il a atteint un niveau de développement individuel. C’est enfin, une combinaison de ces indicateurs de développement, dont la manipulation mathématique fait ressortir un ratio de personnes en situation de développement individuel, beaucoup plus élevé que le ratio de personnes, ne remplissant pas les conditions minimales de développement.
 
Puis, dans un univers où la société humaine est organisée en agglomérations, le développement s’entend aussi de la réalisation d’un ensemble d’infrastructures adaptées aux besoins de tous avec une capacité de la collectivité humaine, d’en assurer la pérennité pour les générations actuelles et futures. On parlera alors de développement durable.
 
Comme vous le voyez, cette définition du développement pue la corruption intellectuelle parce qu’elle a comme indicateur, la société occidentale. C’est pourquoi me remettant en cause, j’ose demander : ne sommes-nous pas devenus des moutons de Panurge ?
 
L’expression mouton de Panurge désigne une personne suivant un mouvement ou une majorité sans réfléchir.
 
Dans mon cas et dans le vôtre, être des moutons de Panurge, c’est suivre le modèle de développement des pays dits développés, sans réfléchir. Et pourtant, nous voyons leurs grandes agglomérations polluées, leurs sociétés déshumanisées, leur environnement en constante dégradation, leurs technologies militaires devenir un danger pour l’espèce humaine, résumant tout l’avenir de l’être humain à l’accumulation de biens matériels.
 
Malgré tout cela, nous les suivons ; nous sommes sommés d’être comme eux, de nous battre pour être au même niveau de pollution, de déshumanisation, de corruption de nos rapports à d’autres, en détruisant notre environnement, en développant ou en nous appropriant des technologies qui inévitablement, nous mèneront dans le gouffre vers lequel ils sont tous en train de s’enfoncer.
 
Alors je m’interroge : pourquoi nos aïeux, nos pères fondateurs de l’Afrique, venus semble-t-il sur la terre avant l’homme blanc, ont-ils plutôt cherché à s’adapter à la nature, orienter leur dynamique de développement vers un contrat social entre la nature et eux, pour ne rechercher que le strict nécessaire pour vivre, en évitant la folie des grandeurs qui sans aucun doute, aurait abouti à la déshumanisation de leurs sociétés et à leur destruction?
 
Ceux-là, n’ont-ils pas réfléchi mieux que nous, mieux que l’homme blanc, en faisant un tout autre choix que celui de la conception matérialiste du développement ?
 
Et s’ils avaient compris que le développement n’était pas une question d’accumulation matérialiste mais plutôt, une question d’harmonie avec l’univers, la nature, nos proches, les cités voisines, sans désir de puissance ni volonté d’anéantissement ?
 
Et s’ils avaient compris qu’être développé, c’est choisir son propre mode de vie, non celui de l’autre, parce que dans ce choix personnel, l’on a déjà fait l’expérience du bonheur, l’expérience de vivre bien, de vivre mieux, de vivre en paix, en respirant l’air frais de la nature, en mangeant des produits agricoles frais et sans teneur chimique, en voyageant peu, car l’harmonie avec les siens procure le bonheur dont on a besoin pour vivre longtemps ?
 
Et si nos aïeux avait plutôt compris qu’il fallait un développement spirituel et non matérialiste, car Dieu lui-même n’a développé qu’en créant un équilibre entre les choses naturelles, sans détruire mais en assemblant les énergies pour les conserver en situation d’équilibre parfait ?
 
Et si le développement, le vrai, c’est celui que possédaient les bantu, les autres peuples noirs, avant la folie des grandeurs des Pharaons qui alors provoquèrent la colère de Dieu, car cette folie des grandeurs ne peut s’exprimer sans conquête, ni anéantissement des autres peuples, car elle s’accompagne d’un désir de puissance qui tire son orgueil de la domination et de l’exploitation des autres peuples ?
 
Pour ceux qui ont la foi chrétienne, croyez-vous que Dieu ne pouvait pas fabriquer des fusées, des Jets privés, des soucoupes volantes, des voitures climatisées, blindées ou volantes avec lesquelles au moment de la Montée de Jésus Christ, il serait venu le chercher ? 
 
Malgré cet exemple divin, nous continuons d’accepter qu’on traite nos frères et sœurs africains de paresseux parce qu’ils n’ont pas encore atteint le niveau vertigineux et déshumanisé de quête matérialiste de l’homme blanc.
 
Nous continuons de penser qu’être développé, c’est être bardé d’une industrie nucléaire, astronomique, automobile, spatiale et, construire des buildings, tout en se dotant d’armes de destruction massive.
 
Or toutes ces vanités, que notre mort inévitable rend plus qu’évidentes, nous harcèlent et nous rendent esclaves, convaincus autant que nous sommes, que tant que nous n’aurions pas atteint le niveau d’avilissement matérialiste du Blanc, nous ne pourront jamais prétendre être développés.
 
Posture de moutons de Panurge, posture de gens qui n’ont rien compris, posture de gens qui pensent qu’il faut suivre bêtement les autres, sans inventer notre propre destin.
 
Alors je pense que nous devons rêver un autre modèle de société pour l’Afrique. Car en définitive, notre retard nous permet d’éviter d’emprunter les chemins que l’Occident et l’Asie ont empruntés dans la précipitation, chemins dont les limites se profilent désormais à l’horizon.
 
Loin de moi, l’idée de vous proposer le mode de vie des pygmées. Mais je pense que l’Afrique conserve une chance unique de faire mieux en faisant autrement.
 
Et vous, qu’en dites-vous ? Le débat est ouvert !
 
 
A très bientôt.
                                      
Hassane Magued

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