Déstabilisation. L’Algérie dans l’oeil du cyclone

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Comment peut-on décrire la situation qui prévaut actuellement dans le nord de l’Afrique, notamment en Libye et au Mali? Quel est le dessein de la France à travers son projet visant la construction d’une base militaire en territoire libyen? La France envisage-t-elle le même projet au Mali?

La déstabilisation socio-économique et politico-sécuritaire dans ces deux pays et la campagne de désinformation orchestrée par les médias occidentaux semblent constituer les outils qui permettront, à ne pas en douter, à l’Elysée d’avoir un pied en Afrique.

Ces visées ne sont plus à vérifier selon des stratèges bien avertis, qui confient que la France est dans un rôle à double jeu dans la région du Sahel en particulier! La situation très complexe à nos frontières, qui donnera naissance à de nouvelles donnes sécuritaires, obligera l’Algérie à revoir son plan géostratégique et son dispositif pour préserver son territoire de toute éventuelle menace. La présente concordance «créée» dans la région n’est autre qu’une nouvelle forme d’impérialisme, la preuve étant la construction d’une base militaire française en Libye sous prétexte de cuirasser les champs pétroliers de Syrte en allant vers Ras Lanouf.

Usant de l’intoxication médiatique devenue une arme plus redoutable qu’une bombe, la France, qui prétend défendre les valeurs démocratiques universelles, vise, estiment nos interlocuteurs, à recoloniser les pays qu’elle a anciennement occupés, ce qui dévoile sa politique du deux poids, deux mesures. L’Algérie est bien consciente des cyniques objectifs laissés par Nicolas Sarkozy et hérités par François Hollande.

D’ailleurs, Alger et Paris si d’apparence semblent s’entendre, dans les coulisses, le dossier du Mali révèle de sérieuses divergences, notamment en ce qui concerne une intervention étrangère, que l’Algérie refuse globalement et dans le détail. Une position évidente pour le Conseil de sécurité de l’ONU qui doute de la nécessité d’une intervention militaire au Mali, ce qui ne plaît pas aux acteurs de l’Elysée qui ne lâchent pas prise et continuent d’exercer une pression pour décrocher l’aval de l’ONU sous le fallacieux prétexte de ramener la sécurité.

C’est la Cédéao qui est appelée à exécuter l’ordre colonial français. Pour ses propres intérêts, la France tente actuellement de mettre à son profit la situation au Mali et ne manquera certainement pas, sous prétexte de réorganiser l’armée malienne, d’exiger l’installation d’une base militaire.

Dr Ley-Ngardigal Djimadoum

Dans un entretien diffusé par le site «Algérienetwork», le Dr Ley-Ngardigal Djimadoum, secrétaire général de l’Action tchadienne pour l’unité et le socialisme et d’African Libyan Action Committees, le 6 août dernier, soulignait à ce propos: «Le Mali affaibli militairement, non seulement verrait se renforcer l’influence occidentale mais l’impérialisme français récupérerait puis atomiserait l’esprit patriotique qui a conduit à la création du Cndre. Sous prétexte de réorganiser l’armée malienne et l’aider à combattre les groupes rebelles au nord du pays, la France exigerait en retour l’installation d’une base militaire.»

Et d’ajouter: «Au demeurant, rappelons que l’Hexagone a toujours souhaité installer une base à Mopti. Cependant, le régime socialiste de Modibo Keita s’y était opposé.» Dans ses déclarations, le Dr Ley-Ngardigal Djimadoum ira jusqu’à avertir sur le célèbre plan d’Alain Peyrefitte portant création d’un Etat pour les Touareg, qui comprend le nord du Niger et du Mali, le sud de l’Algérie, le sud et l’ouest de la Libye.

A ce sujet, il soutient que «le Sahara a toujours été l’une des préoccupations majeures de l’impérialisme français suite à la guerre de Libération nationale. L’intérêt de la France pour cette région africaine est d’autant plus aigu avec la montée en puissance de la Chine dans le domaine économique sur le continent.

Cette « intrusion» chinoise dans le pré carré a affaibli considérablement la suprématie impériale de la France. Son sursaut impérialiste se traduit par un activisme guerrier dans cette région africaine (Libye, Mali, Tchad, Niger, Mauritanie). La France s’attellerait à concrétiser son vieux projet de 1957 de créer l’Organisation commune des régions sahariennes (Ocrs). Cette structure consistait à rassembler les régions sahariennes d’Algérie, du Mali, de Mauritanie, du Niger et du Tchad dans un ensemble unique sous contrôle de l’ancienne puissance coloniale. Les troubles qui affectent cette région ces dernières années, comme par exemple dans le Nord-Mali frontalier avec le Sahara algérien, impliqueraient la France ».

Pis encore, selon lui «les guerres de l’ombre ou secrètes que mènent les services secrets occidentaux pour recoloniser l’Afrique sont une réalité. En Libye, comme en Côte d’Ivoire, les agents de la Dgse étaient en action. Il en est de même pour le Mali aujourd’hui».

Ce qui signifie en d’autres termes, que l’Algérie est dans le point de mire de la France, néanmoins l’interlocuteur a qualifié l’Algérie de pays «incontestablement puissant et important. L’Algérie est aussi indépendante, insoumise depuis la victoire du FLN en 1962 sur l’impérialisme français. Elle empêche de facto la réalisation du projet de 1957 d’Alain Peyrefitte de la création d’un Etat saharien touareg, le contrôle de la bande saharo-sahélienne (riche en ressources minières stratégiques) par les puissances occidentales».

Une nouvelle déstabilisation de l’Algérie ne profiterait donc qu’à l’Hexagone, cependant, les Etats-Unis d’Amérique, qui partagent de gros intérêts avec l’Algérie, laisseront-ils l’Elysée s’incruster et s’installer dans une région aussi importante? Une question qui mérite une réponse en dollars!

I. G. L’expression

 

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