« Le 22 février 2012, la Chambre préliminaire III de la cour pénale internationale a décidé d’élargir son autorisation d’enquêter sur la situation en Côte d’Ivoire pour inclure les crimes relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010 » nous dit le communiqué de presse de la CPI en date du 23 février 2012. Pour la CPI, les évènements violents survenus en Côte d’ivoire pendant cette période y compris ceux qui auraient eu lieu depuis le 28 novembre 2010 doivent être traités comme une seule situation dans laquelle une crise continue impliquant une querelle politique prolongée et une lutte pour le pouvoir a mené aux évènements sur lesquels la Chambre a déjà autorisé l’ouverture d’une enquête.
Guillaume Soro visé
Il est clair qu’en élargissant le cadre temporel de l’enquête pour inclure la période allant de 2002 à 2010, la CPI dont la politique vise essentiellement les plus hauts responsables (dans la hiérarchie de la chaîne de responsabilité) des crimes relevant de la compétence de la CPI à savoir, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, cherche là à épingler l’actuel premier ministre, ministre d’Etat, ministre de la Défense, Guillaume Kigbafori Soro, ancien secrétaire général du MPCI, mouvement rebelle du 19 septembre 2002. Et si le second tour des élections présidentielles du 28 novembre 2010 a débouché sur une guerre fratricide faisant 3000 morts et de nombreux cas de viols, c’est aussi en partie à cause du climat déjà délétère du fait de la partition du pays où l’on avait une rébellion qui soutenait Ouattara et l’armée loyaliste aux ordres du pouvoir Gbagbo. Il était aussi observé que de 2002 à 2010, la Côte d’Ivoire avait deux gouvernements, deux administrations, deux armées et deux leaders nationaux que sont Soro et Gbagbo. Et si le premier lui, continue de bénéficier de la protection des nouvelles autorités ivoiriennes là où le second lui, est entre les mailles de la justice internationale, cet état de grâce ne sera que de courte durée au vue de cette dernière décision de la CPI.
Soro menacé, menace !
Une décision qui n’est pas sans conséquence sur tous ceux qui seraient susceptibles de détenir des preuves accablant l’actuel premier ministre ivoirien et au nombre desquels certains membres des Forces Nouvelles, mais et surtout des proches d’Ibrahim Coulibaly dit « IB ».
Patron du commando invisible qui a affronté les forces loyalistes de décembre 2010 au 31 mars 2011, date d’entrée à Abidjan des FRCI, IB était aussi l’une des chevilles ouvrières de la rébellion du 19 septembre 2002. Il n’est secret pour personne que c’est depuis son exil à Ouagadougou (Burkina Faso) qu’il finançait Guillaume Soro et ses camarades sur le terrain à Bouaké. Mais très vite Soro qui a pris goût au pouvoir va écarter son mentor du système. IB sera arrêté à Paris en 2006. Depuis, les deux hommes ont décidé de se faire la guerre. Les hommes d’IB sont traqués et tués à Bouaké. Depuis son exil au Bénin, Ibrahim Coulibaly tente le tout pour le tout avec « noël à Abidjan » en décembre 2007. Il échoue mais ne désespère point. Il ira jusqu’à signer un pacte avec le pouvoir Gbagbo pour dit-il se venger de Soro. C’est dans ce contexte que survint les évènements de novembre 2010. IB qui entretient une base arrière à Abidjan voit là une occasion d’entrer en scène. Mais cette fois-ci de façon invisible. Il investit plusieurs quartiers d’Abidjan dont Adjamé où il réussit à enrôler l’union des jeunes d’Adjamé, section Dallas.
Le président de cette section, un certain Kanté Nohoun, un infiltré de la police nationale devient son oreille et coordonne les actions du commando invisible dans la commune d’Adjamé. Soro pris en otage à l’hôtel du golfe par Ouattara assiste impuissamment aux combats entre les FDS et le commando invisible.
Le commando invisible gagne du terrain mettant parfois en déroute l’armée loyaliste. Soro y voit une faiblesse, car lui qui est sensé coordonner la lutte de libération en Côte d’Ivoire (philosophie de la rébellion), vient là d’être devancé par son rival IB. Fâché, Guillaume Soro signe nuitamment un pacte avec le diable. Il appelle le général Philippe Mangou et lui donne les positions du commando invisible. Le jeudi 17 mars 2011, le général Philippe Mangou et ses hommes font une descente musclée au quartier Dallas d’Adjamé où se trouvent les locaux du ministère de la Défense et du service civique, mais aussi où sont planqués les hommes du commandant « IB ». Bilan, 12 assaillants tués (voir vidéo sur youtube : attaque des rebelles au ministère de la défense des fds de CI).
Kanté Nohoun et certains de ses camarades ont miraculeusement la vie sauve.
IB est informé que le coup vient de Soro. A son tour il propose ses services au camp Gbagbo pour dégommer son rival Soro. Il fait le tour des casernes des loyalistes pour les alimenter en nourriture, armes et hommes. Finalement, il sera froidement abattu le 27 avril 2011, longtemps après la chute de Gbagbo.
Kanté Nohoun et le reste du commando invisible s’évaporent dans la nature. C’est donc, au moment où la famille et les proches de IB réclament son corps que la CPI vient d’épingler Guillaume Kigbafori Soro. Selon une source proche de la rébellion, si Soro tombe, Ouattara tombera aussi. Mais si Soro peut menacer l’actuel chef de l’état ivoirien pour l’avoir soutenu et contribuer à sa prise de pouvoir, Soro craint fort les amis de IB son rival et qui seraient susceptibles de témoigner contre lui à la barre, pour se venger de leur chef tué selon eux par les hommes de Soro. Kanté Nohoun et ses amis du commando invisible sont avertis !
Adeline Kouassi