Côte d’Ivoire. Mireille Duteil ( Le Point) passe aux mensonges. Bernard Houdin recadre !

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Octobre 2002 : le Coup d’Etat du 19 septembre commence à se figer en une rébellion qui, on ne s’en doute pas encore, va conduire la Côte d’Ivoire dans la situation qu’elle connait aujourd’hui. Je suis à Paris et je découvre sur LCI, une chaine d’info en continue, un débat sur la crise ivoirienne. Au milieu « d’experts » de l’Afrique, Madame Mireille Duteil évoque doctement le problème : « cette crise est un affrontement entre les musulmans du Nord et les chrétiens du Sud ! »

Un de ses collègues intervenants, en pamoison, lui fait écho : « Mireille a tout dit, on peut s’arrêter là ! ».En quelques secondes la pensée dominante vient d’envahir les foyers français et les dix ans qui vont suivre seront un long combat pour tenter de préserver la réalité ivoirienne, à des années lumières de ces clichés désespérants d’indigence. Décembre 2012 : dans le magazine français Le Point, sous le titre ronflant « La Côte d’Ivoire se rêve en « Tigre » africain », l’envoyée spéciale du journal assène magistralement : « …Le pays indiscutablement renaît. Il veut tourner la page de dix ans de rivalités exacerbées entre le Nord et le Sud, entre les Dioulas et les Bétés, entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo ». Bien sur, cette envoyée spéciale est Mireille Duteil !

Selon l’adage qui veut que « seuls les imbéciles ne changent pas d’idées », on pourrait conclure que Madame Duteil est limitée….Je n’en pense rien et je crois, plutôt, qu’elle est une actrice sans états d’âme du story telling qui est « vendu » à l’opinion publique française et internationale depuis une décennie pour « habiller » la mainmise de puissants intérêts économico-financiers qui, dans cette énième version du « cavalier et de la monture », ont choisi Alassane Drahmane Ouattara (ADO) comme cheval.

En effet, sous couvert d’un article qui serait « balancé », ADO réussissant à relever le pays mais peinant dans le domaine de la réconciliation, Mireille Duteil énonce mensonges et contre-vérités avec un zèle sidérant. En voici les plus criants :

1/ « Laurent Gbagbo s’est accroché becs et ongles au pouvoir après avoir perdu l’élection présidentielle. Une dramatique obstination qui a coûté 3000 vies en cinq mois. »

Non, madame, Laurent Gbagbo, véritable démocrate et père du multipartisme en Côte d’Ivoire n’a fait que respecter les lois de son pays, à commencer par les décisions du Conseil Constitutionnel (que l’on ne nous parle pas d’un Conseil aux ordres de Gbagbo et, sur le sujet, j’attends , avec « gourmandise », la suite du recours de Monsieur Sarkozy auprès du Conseil français concernant ses comptes de campagne….). Et dès le début du contentieux électoral il a demandé le recomptage des voix et préconisé une solution politique. C’est le camp d’en face, soutenu jusqu’à la déraison par le président français de l’époque qui a transformé cette crise en conflit armé où l’immense majorité des victimes est imputable aux exactions des « troupes » d’ADO, en particulier le massacre de Duékoué, le 27 mars 2011 où plus de 1000 hommes, femmes et enfants furent abattus en une seule journée coupables d’être d’une « mauvaise » ethnie.

Mais les faits sont têtus ! La Vérité commence à se profiler, au fur et à mesure que le brouillard opaque qui entoure cette affaire se dissipe. Des voix s’élèvent qui dénoncent des « élections truquées » (François Loncle, député PS) ou qui affirment que la France aurait pu « régler en 3 jours le problème de la rébellion en 2003.(…) et que Laurent Gbagbo avait la stature d’un Homme d’Etat » ( Colonel Georges Peillon, ancien porte-parole de la Force Licorne).

Au terme de ce processus de reconstitution des faits réels, il apparaitra à tous et à toutes que l’élection du 28 novembre 2010 aura été une honte pour la démocratie et tous ceux qui s’en prévalent et s’érigent en donneurs de leçons à la terre entière.

2/ « dans l’immédiat, les étrangers, dont 14 000 français, sont de retour avec femmes et enfants »

Si je lis bien, grâce à ADO,  les français, en particulier, « sont de retour » ! Mais ils n’étaient pas partis, l’épisode surmédiatisé de novembre 2004 ayant duré quelques…semaines. J’ai vécu toute cette période en Côte d’Ivoire et je peux témoigner de cela. Mieux même, sous la présidence de Laurent Gbagbo les intérêts français ont prospérés :

-renouvellement de la concession du port d’Abidjan au groupe Bolloré,

-renouvellement de la concession du 3ème Pont d’Abidjan au groupe Bouygues (alors qu’aujourd’hui ADO « s’en attribue » l’honneur…),

-signature de la première concession d’exploration pétrolière en Côte d’Ivoire au groupe Total,

-renouvellement de la concession de l’Aéroport d’Abidjan au groupe AERIA (Chambre de Commerce de Marseille).

La « légende » d’un Laurent Gbagbo « antifrançais » a été montée comme une opération de com’ mais ne résiste pas à une analyse honnête et rigoureuse :

-le père de Laurent Gbagbo s’est battu dans les Forces françaises libres, le Général Bentegeat, Chef d’Etat Major à l’époque l’ai décoré de la Légion d’Honneur et l’Ambassadeur de France ainsi que le Général Henri Poncet, commandant la Force Licorne à ce moment là, ont, en mars 2005, assisté à ses obsèques à Mama, son village natal.

-Laurent Gbagbo est Docteur en Histoire de l’Université de Paris-La Sorbonne,

-son premier fils, Michel, est français. (Il est, d’ailleurs emprisonné de façon honteuse dans le nord du pays au motif, selon l’ancien Ministre de la Justice de Côte d’Ivoire, « qu’il a été pris avec son père »!)

-Laurent Gbagbo n’a JAMAIS tenu de propos contre la France en tant que Nation, il a, au contraire, toujours privilégié une relation adulte avec l’ancien colonisateur, dans le strict respect de la souveraineté de chacun (à ce propos n’est ce pas le Général De Gaulle qui a mis fin à la présence militaire américaine en France, sans que cela n’empêche qu’il soit le premier à apporter son soutien total à l’Amérique dans la crise des missiles de Cuba ?)

-Laurent Gbagbo a toujours souhaité que les intérêts économiques français puissent prendre, ou garder, toute leur place en Côte d’Ivoire, dans le strict respect de la loi.(cf les exemples ci-dessus)

3/ Elle falsifie l’Histoire de la Côte d’Ivoire de ces dix dernières années en voulant faire croire à l’opinion française que si ADO et les siens « rechignent » au pardon c’est à cause « des manœuvres et des violences de Gbagbo (… ) pendant une décennie » !

La réalité est tout autre. Elu démocratiquement en octobre 2000, au terme d’une période difficile de transition militaire sous la direction du Général Robert Guei, Laurent Gbagbo n’aura de cesse de chercher à restaurer l’unité nationale et le tissu socio-politique :

– en septembre 2001 il organise le Forum de Réconciliation dont il donne la présidence à un opposant, Seydou Elimane Diarra (qui deviendra le premier Premier Ministre après les Accords de Marcoussis en janvier 2003). A l’occasion de ce Forum il fait rentre d’exil l’ancien président Henri Konan Bédié, il facilite le retour d’ADO, qui s’était « retiré » en France dans la crainte de voir le Général Guei le poursuivre après l’invalidation de sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2000, et il convainc Guei à revenir de son village de Kabakouma, à l’extrême ouest du pays.

– dans la foulée ce Forum, à la mi-2002, il forme un gouvernement « d’ union » où l’on retrouve 5 ministres PDCI et 4 ministres RDR. C’est ce gouvernement que les assaillants de septembre 2002 tenteront de renverser !

– pendant toute la période qui a suivi et s’est achevée le 11 avril 2011 dans le fracas des bombes françaises, Laurent Gbagbo, arc-bouté sur la Constitution, a défendu l’intérêt général et cherché sans cesse à trouver une solution pacifique aux épreuves que traversait le pays. Il suffit simplement de rappeler que près de 70% des membres de ses gouvernements successifs, de 2002 à 2010, étaient des opposants qui avaient constitué le » Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix »(RHDP) et les principaux dirigeants actuels, à la Présidence où au Gouvernement, en faisaient partie, à commencer par le plus « symbolique » de la dérive totalitaire actuelle, Hamed Bakayoko.

4/ Après les attaques d’aout/septembre 2011, « le pouvoir réalise que des anciens de Gbagbo se sont réorganisés au Ghana et au Libéria ».

Madame Duteil, qui « reconnait » timidement une évidence (« la brousse et les petites villes sont un champ de ruines ») se « ressaisi » rapidement et indexe les coupables : les « anciens de Gbagbo » et veut nous faire croire (toujours la déclinaison du story telling qui a été travaillé par les spin doctors des pouvoirs occidentaux) qu’ADO a été victime de sa bonne foi : « J’ai été déçu (…) Ils nous ont trompés ».

La vérité est que si des dirigeants proches du président Laurent Gbagbo sont partis en exil, avec des centaines de milliers d’ivoiriens de tout âge et de toute condition, ce fut, d’abord, pour sauver leur vie et que leur souhait permanent est de se retrouver chez eux, dans un pays apaisé, ce qui est très loin d ‘être le cas aujourd’hui. En aucun cas, dans le droit fil de la philosophie politique de Laurent Gbagbo, ils ne cherchent à déstabiliser la Côte d’Ivoire. Dès son arrestation le 11 avril 2011 Laurent Gbagbo avait fixé, avec son sens inné de l’Histoire, la nouvelle donne : « La crise militaire est terminée, il reste à régler la partie civile de la crise pour que le pays reprenne ».

C’est cette « feuille de route » que les partisans de Laurent Gbagbo suivent et non pas je ne sais quelle politique du pire qui est aux antipodes de la démarche historique de Laurent Gbagbo. C’est plutôt les luttes intestines et les contradictions des divers groupes armés qui se disputent « le butin » qui alimentent ce climat d’insécurité où l’absence de visibilité rend l’avenir préoccupant. En voulant le pouvoir à tout prix, ADO a piétiné l’ordre social et laissé la violence et l’arbitraire gouverner le pays. C’est parce que Laurent Gbagbo canalise les énergies et les entraine dans son combat politique que le pays n’a pas encore brulé.

La Côte d’Ivoire a besoin de réconciliation pour assurer la paix sociale et d’une gestion républicaine pour favoriser la bonne gouvernance. Il faut donc dénoncer avec force la falsification récurrente de la réalité comme, parmi d’autres, madame Duteil se fait le chantre sans vergogne. Et qu’elle se rassure : les pro-Gbagbo ne rasent pas les murs. Ils sont conscients de la spirale destructrice dans laquelle ADO entraine le pays et, ne voulant pas ajouter un problème au problème, refusent de tomber dans le jeu de la provocation outrancière du pouvoir en place. Là où madame Duteil voit de la faiblesse nous y voyons de la maturité et du sens de l’Etat.

Les ivoiriens ne sont pas dupes. Malgré ces années de crises et les souffrances quotidiennes d’aujourd’hui ils savent qu’après la parenthèse « ADO » reviendra le temps de la marche en avant vers le progrès   économique et social dans le cadre d’un Etat redevenu souverain.

Et, finalement, madame Duteil, dans son « emportement lyrique » à décrire le cortège présidentiel dans les rues d’Abidjan donne, involontairement, raison au président Laurent Gbagbo : « les voitures s’écartent pour laisser passer le cortège présidentiel : trois pick-up des Opérations des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) bourrés de soldats en armes et dotés d’une mitrailleuse légère( ….) Ils ouvrent la voie au chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara ». Merci madame, vous venez de nous confirmer qu’ADO était bien le candidat de l’étranger en 2010 et que deux ans plus tard, malgré les efforts inouïs de certains pour le mettre en place et le soutenir, il ne peut se déplacer que sous la protection d’une force internationale. Pour tous les ivoiriens et toutes les ivoiriennes le symbole est éclatant et lourd de signification !

Bernard Houdin

Conseiller Spécial du Président Laurent Gbagbo

 

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