Affairisme, attentisme et immobilisme: Ils ont transformé les cabinets ministériels en propriétés privées et personnelles

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Le même système, les mêmes personnes à quelques exceptions près et ce, pour les mêmes résultats à des nuances près. Les cabinets de la présidence, de la primature et des ministères sont restés tels que, la machine de la Fonction Publique togolaise est grippée depuis des années. Ça dort surtout au sein des cabinets ministériels. Le non renouvellement des cadres en est à l’origine. Une tare que le Togo traîne comme un boulet et qui handicape sérieusement son processus de développement.

En principe, chaque président, premier ministre et ministre arrive aux affaires avec ses hommes à lui. Au Togo, ceci n’est pas le cas du moins avec le règne du RPT aujourd’hui UNIR. Le système qui régente le pays depuis des décennies a tout fait pour créer et imposer des fonctionnaires entièrement à part. Des cadres qui pensent que leurs postes sont des cadeaux à eux offerts et qui rechignent à les quitter lorsque le ministre qui les y a placés n’est plus aux affaires. Ce qui fait que le renouvellement des ressources humaines dans la sphère décisionnelle se fait aussi désirer que les larmes d’un chien. Le phénomène s’est généralisé dans les ministères où les ministres passent mais leurs directeurs de cabinet, attachés de cabinet, attachés de presse (aujourd’hui conseillers en communication), et autres conseillers y sont comme si de rien n’est.  Ayant pris goût aux « bitos » chauds et juteux à leurs postes, ceux-ci ne pensent plus céder place et font des pieds et des mains pour y demeurer des siècles, des siècles. Mais le problème, c’est qu’ils sont tous gagnés par l’immobilisme et le manque d’innovation annihilant toutes chances de sortir l’administration publique de l’ornière. Que diantre, pourquoi les ministres ne sont pas libres de former leurs cabinets ?

L’UFC en a fait l’amère expérience après son entrée au gouvernement en 2010. Pour former leurs cabinets respectifs, c’était la croix et la bannière pour les sept ministres UFC, le système RPT ayant tout verrouillé. Ce système néfaste et dangereux s’est accommodé de certaines considérations aux antipodes de la norme dont le régionalisme (dosage ethnique peu importe la compétence), l’appartenance politique et la mauvaise gouvernance, qu’il lui est resté difficile de savoir que, les hommes et leurs qualités influent beaucoup sur les institutions. Au moment où l’Homme de qualité et de valeur pense constamment aux voies et moyens pour sortir son pays de son état, celui sans qualité et aucune valeur reste préoccupé par lui-même, son sort, son ventre, ses plaisirs. Bref, lui-même, toujours lui et tant pis pour le devenir du pays. La bouffonnerie et la médiocrité, le RPT en a tellement cultivé dans ses rangs que le développement du Togo a pris un sérieux coup. Les zélés très intéressés avaient fini par avoir raison des hommes de valeur et de qualité qu’à un moment donné, le pays était obligé de tourner sur son ombre comme un zombie. Ils sont encore nombreux à crier, crier très fort à se tordre les cordes vocales pour leurs intérêts personnels mentant comme ils respirent de ne défendre que les intérêts du Togo. Foutaises des foutaises !

Il faut à présent que ça change et ça doit changer. D’aucuns ne doivent pas considérer les cabinets présidentiel, de la primature et ministériel comme leurs chasses gardées pour refuser de céder place. Le système est tel qu’à chaque fois qu’on change de gouvernement, il y en a qui courent voir leurs parrains afin qu’ils soient maintenus à leurs postes où ils n’ont rien foutu. Au moins s’ils avaient un bilan à défendre.

A la présidence de la République, au moins, l’on a connu de petits saupoudrages même si la plupart des poids lourds comme Charles Debbasch, Barry Moussa Barqué y gardent leur influence intacte. A la primature, Simféitchéou Pré est devenu inamovible au poste de directeur de cabinet à tel point qu’il a déjà vu défiler deux premiers ministres, le préfet d’Eyadema Komlan Mally et l’homme du PNUD Gilbert Houngbo.

Au ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales, Tèko Mèwènawovo est scotché au poste de directeur de cabinet comme une sangsue à un chien. Depuis que cet activiste du RPT y a remplacé Tabiou Taffa, il n’a plus quitté le poste. Les ministres sont passés mais lui Tèko n’a pas bougé son cul du cabinet en face du palais de justice de Lomé. L’actuel locataire des lieux Gilbert Bawara ne nous dira pas qu’il n’a aucun homme de confiance à proposer au poste. Comme le ministère de l’Administration Territoriale, les autres cabinets ministériels sont remplis de cadres qui pensent mourir avec le poste. Comme nous l’avons souligné plus haut,  à  son entrée au gouvernement suite à l’accord de mai 2010, l’UFC avait tenté non sans peine de bousculer les vilaines habitudes de la maison. Au final, ce parti a dû se contenter de nettoyer seulement les petites écuries, laissant le RPT continuer à gérer les gros morceaux comme les Affaires Etrangères. D’ailleurs, depuis que le « dircab RPT » des Affaires Etrangères Yawo Kpamatchou, paix à son âme, est passé de l’autre côté de la rive, le poste est toujours vacant.

A l’heure qu’il est dans le monde, la mode est à l’alternance porteuse de nouvelles façons de réfléchir, de concevoir et de gérer. Lorsque les mêmes hommes traînent leurs bosses au sein des cabinets, ils finissent par être atteint du syndrome de l’usure, lui-même source d’attentisme, d’affairisme et d’immobilisme. Or, l’attentisme, l’affairisme et l’immobilisme entraînent de facto la régression. Qui peut alors s’étonner que le Togo reste à la traîne au moment où ses voisins de la sous région avancent ? Le développement n’est-il pas avant tout une affaire de ressources humaines ?

Malika Igomzikpé Lynx.info

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