Côte d’Ivoire: Des « mercenaires » burkinabè haussent le ton

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Ils sont très mécontents. Ils disent avoir été roulés dans la farine. Aujourd’hui, ils ont le regard tourné vers l’ex-chef rebelle Zakaria Koné qui a conduit, pendant la crise en Côte d’Ivoire, certaines opérations militaires d’envergure, afin de déloger Laurent Gbagbo du palais présidentiel. C’est Zakaria Koné qui, disent-ils, les a contactés à Ouagadougou et leur a proposé de participer aux différentes offensives qui devaient permettre au camp Ouattara de prendre la ville d’Abidjan et, de façon précise, la Présidence ivoirienne alors occupée par Gbagbo et ses hommes malgré les résultats de l’élection présidentielle qui leur étaient défavorables.

Les ex-combattants, de nationalité burkinabè, que nous avons rencontrés, et qui n’hésitent pas à se qualifier de « mercenaires », affirment que les promesses financières qui leur avaient été faites par le chef rebelle n’ont jamais été respectées. Pourtant, « nous avons combattu au risque de notre vie », affirme, d’un ton ferme, l’un d’entre eux. Et un autre de préciser que le chef rebelle avait promis à chacun, cinq millions de francs. « Nous avons accepté d’aller au front parce que le marché était conclu et que Zakaria Koné nous avait donné la ferme assurance que les sommes promises seraient réglées. Nous les avons aidés à déloger Gbagbo et à s’installer au pouvoir. Mais nous avons été très surpris de constater, après la prise du pouvoir, que les promesses ont été jetées aux oubliettes ».

L’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Burkina, Abdou Touré, est bien au courant de cette affaire brûlante. Lorsque nous l’avons contacté, il a affirmé avoir déjà été saisi par les plaignants. Mais très vite, il ajoute que ce n’est pas lui qui doit traiter ce dossier, mais plutôt le ministre ivoirien chargé des ex-combattants. « Dites-leur de contacter le ministre ; je n’ai rien à voir dans ça », a-t-il martelé avant de mettre un terme à la conversation. Les « mercenaires » affirment pourtant qu’il est le représentant de l’Etat ivoirien au Burkina Faso et devrait, de ce fait, « transmettre leur préoccupation au pouvoir ivoirien, suivre l’évolution du dossier et les tenir informés d’autant plus qu’il s’agit d’une affaire cruciale ».

Selon nos sources, certains membres du gouvernement ivoirien sont bien au parfum de l’affaire. Mais l’information ne serait pas remontée jusqu’à la haute sphère de l’Etat. Le Président Alassane Dramane Ouattara et son ex-Premier ministre, devenu, récemment, président de l’Assemblée nationale, ont-ils eu vent de cette affaire ? Si oui, pourquoi le problème n’est-il pas encore réglé ? L’ex-chef rebelle, que nous avons tenté de joindre en vain, n’a pas non plus repris contact « avec ses anciens compagnons de guerre aujourd’hui mécontents », affirment ces derniers.

Dans tous les cas, les « mercenaires » attendent fermement d’être payés. Certains d’entre eux menacent même de faire d’autres révélations si la partie ivoirienne ne tient pas parole. Déjà, ils confient que « trois vagues de combattants burkinabè ont été envoyées au front aux côtés des forces nouvelles ». Affaire à suivre.

Hervé D’AFRICK

Le Reporter

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