Le 3 avril dernier, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, M. Soro Guillaume a prononcé un discours qui pourrait faire date. Le président Ouattara et ses proches qui ne font que ruser avec le processus de réconciliation viennent de se faire taper sur les doigts par le PAN, lequel refuse ainsi d’être comptable de sa gestion actuelle du processus de réconciliation.
Quand Soro Guillaume prend ses distances avec la vision de Ouattara sur la réconciliation
Très souvent dans ses discours, le président Alassane Ouattara se satisfait des compliments un peu trop flatteurs que lui font ses proches ou ses visiteurs. On se souvient encore des propos éloignés de la réalité ivoirienne de Monsieur Manuel Valls, Mme Ségolène Royal, et tout dernièrement de la maire de Paris, Mme Anne Hidalgo.
Ces dirigeants français voient dans leurs lunettes une Côte d’Ivoire sortie de la crise et résolument engagée sur le chemin du développement. Pour ces « gentils » visiteurs, le président ivoirien fait de grands efforts pour réconcilier les Ivoiriens en même temps qu’il développe le pays qui affiche un taux de croissance à 2 chiffres.
Seulement, ces personnes oublient que l’homme que le président Ouattara lui-même appelait affectueusement « Laurent » et en qui se reconnaissent au minimum 45 % d’Ivoiriens porte à ses poignées des menottes et qu’il est privé de liberté pour des raisons discutables. De ce fait, ces quelques millions d’Ivoiriens qui pensent que le traitement infligé à Gbagbo est injuste ne se sentent aucunement concernés par la réconciliation nationale chantée. Celle-là même que les actuels tenants du pays n’activent qu’en fonction de l’intérêt qu’ils peuvent en tirer.
Il a beau être celui qui a pris les armes pour affaisser le régime de la Refondation, Soro Guillaume refuse de danser sur cette musique des hypocrites. Son discours du 3 avril a été clair à ce sujet, la réconciliation n’est pas qu’un mot qu’il faut chanter pour faire fléchir les positions. Il est ici besoin de poser des actes concrets que tout le monde connait pour permettre à la Côte d’Ivoire d’avancer avec tous ses fils les bras des uns dans ceux des autres.
Certains verront dans ce discours une démarche de M. Soro Kigbafori Guillaume de sauver ses vieux jours en cas de retournement de situation. Qu’à cela ne tienne, le PAN connait le remède qu’il faut à la Côte d’Ivoire pour que ses propres péchés lui soient pardonnés, mais aussi pour qu’il pardonne ceux des autres dont il a souffert.
Soro – Ouattara, début d’un divorce longtemps annoncé ?
Le président Ouattara est là, forcé de se départir de la position de ceux qui lui conseillent de maintenir la vis serrée sur son opposition pour continuer de gouverner tranquillement. Ces arguments habillés d’une phrase toute faite qui est que « le pardon ne peut exclure la justice » ne peuvent donc plus tenir. Ou alors, 2017 devra être l’année de tous les procès, y compris ceux des proches de Soro qui sécurisent en ce moment le pouvoir de Ouattara et qui ne devraient pas hésiter à le citer s’ils venaient à être livrés, ou les prisonniers déjà inquiétés sont libérés, ce qui apaisera au moins le coeur de leurs familles, amis et sympathisants.
Le plus simple pour parler de réconciliation est de libérer tous les prisonniers politiques et ramener au pays avec assurance de zéro représailles ceux qui se sont réfugiés à l’étranger. Après « la première marche vers le réveil définitif de notre jeune nation est sans aucun doute la Réconciliation entre ses filles et ses fils » de son discours prononcé en 2012, Soro Guillaume sort face à l’immobilisme un proverbe juif disant : « Dans l’amitié, ménage une petite place pour la brouille; et dans la brouille, une autre pour la réconciliation. » Ouattara & Co qui n’avaient pas entendu la teneur du preneur prendront ils en compte ce dernier ?
Toujours est-il que les positions déjà bien différentes aujourd’hui devraient continuer de s’éloigner d’ici à 2020. Et au-delà de la question de la réconciliation, des sources proches de Soro indiquent que Ouattara le trouvera sur son chemin s’il venait à céder à la tentation d’un troisième mandat pour lequel l’encouragent certains de ses proches.
Afrique-sur7.fr
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