J’ai continué de négociations mêmes sous les bombes à la résidence de Gbagbo
Il n’y est pas allé du dos de la cuillère. Alcide Djédjé, ex-ministre des Affaires étrangères proche de l’ancien Président Laurent Gbagbo accuse Young-jin Choi, ex représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Côte d’Ivoire d’avoir «outrepassé ses prérogatives» pendant l’élection présidentielle de novembre 2010 dans le pays. Toute chose qui, selon lui, a contribué à exacerber les tensions dans le conflit ivoirien. M. Djédjé qui comparaissait ce mercredi 11 février devant la Cour d’assises d’Abidjan Plateau avec trois autres prévenus dans le cadre des procès de la crise postélectorale, a tenu à préciser la mission de «certification des élections» de l’Onu-ci. «Il ne s’agissait pas de dire qui a gagné ou n’a pas gagné les élections», a-t-il relevé, mais le Représentant spécial des Nations Unis, selon l’accusé, avait pour mission de juste confirmer si les élections se sont déroulées conformément aux textes ivoiriens. Aussi, s’est-il offusqué, que contre toute attente le haut cadre des Nations Unies soit allé plus loin dans sa déviation en prenant partie pour le camp du candidat Alassane Ouattara. Interrogé par le président de la Cour sur son rôle précis dans cette crise qui a endeuillé le pays avec plus de 3 000 morts selon les chiffres officiels, il dira : «j’ai continué de négociations mêmes sous les bombes à la résidence de Gbagbo». Il a souligné, en outre, avoir été le chef de file des négociations avec l’Union Africaine, les Ambassadeurs et même Ahoussou Jeannot le porte-porte du camp Ouattara confiné au Golf Hôtel afin d’aboutir à une sortie de crise. A la question de savoir, qui selon lui a gagné les élections de 2010, il s’est voulu on ne peut plus diplomate : « vous avez la légitimité lorsque le Conseil constitutionnel vous a déclaré vainqueur». Il sera suivi dans son argumentaire par Christine Adjobi, ex-ministre de la Santé et de la lutte contre le Sida qui a encore fustigé l’action de la mission onusienne dans la crise ivoirienne. « On pensait que l’Onuci est venue pour la paix, mais dans le fait elle a posé des actes qui laissent à désirer», a-t-elle accusé. Elle se souvient avoir été rejetée par les soldats de l’Onuci alors qu’elle courrait vers eux lors de son passage au Golf Hôtel après l’arrestation du Président Laurent Gbagbo. Ettien Amoikon, ex-ministre des Tics et Raphael Dogbo, ex-secrétaire d’état des personnes handicapées dans le dernier gouvernement de Laurent Gbagbo ont également été entendus sur leur éventuelle implication dans la crise postélectorale. Tous les quatre ont plaidé non coupables des faits qui leur sont reprochés. A savoir «atteinte à la sûreté de l’Etat, complot contre la défense nationale, atteinte à l’autorité de l’Etat, constitution et direction de bande armée, attentat à l’ordre public». Le procès ce poursuit demain jeudi avec la comparution de quatre autres prévenus parmi lesquels figurent Kuyo Téha Nacisse, ex-chef de cabinet et Koné Boubakar, ancien chef du protocole de Laurent Gbagbo.
Saré Saré