En voulant coûte que coûte tripatouiller la constitution pour rester éternellement au pouvoir, Ouattara met en place les conditions d’une nouvelle guerre en Côte d’Ivoire.Ils se sont bien trompés tous ces gens qui ne prennent jamais rien au sérieux dans la démarche machiavélique de Ouattara depuis qu’il est entré sur la scène politique en Côte d’Ivoire.
En effet, lorsque Cissé Bacongo a fait sa bourde relative à la suppression de la limitation des mandats en Côte d’Ivoire en début janvier 2016 en proposant d’«abroger la limitation de la durée du mandat présidentiel et de revenir à l’ancienne rédaction de la disposition traitant cette question telle que résultant de la constitution de 1960», il y a eu des gens pour arguer de manière très arrogante et simpliste que cette proposition venait d’un Cissé Bacongo en mal de promotion et qui se lançait dans des supputations sans lendemain, juste pour sauver son poste de ministre.
Or nous qui connaissons Ouattara depuis 1989, savons qu’il est un habitué des ballons d’essai. Les exemples sont nombreux. Au temps où nous menions la bataille de la liberté syndicale et de la dignité de la formation estudiantine et scolaire, nous avons subi les affres de cet homme. Depuis lors nous suivons ses pas comme l’on joue aux échec contre un adversaire imprévisible mais pas très innovateur. Ces choses là ne nous surprennent donc pas. Nous savions donc que la proposition de Bacongo ne venait pas de lui. Elle consistait tout simplement à jauger les chances de l’homme Ouattara auprès de ses partenaires étrangers, qui étaient jusqu’à une époque récente très régardant sur le tripatouillage des constitutions. Mais à la suite de la réussite sur ce terrain de son ami Sassou, Ouattara a pris courage et s’apprête à passer à la vitesse supérieure. Et pour ce faire, il vient de nommer son lanceur d’alerte et homme à tout faire Cissé Bacongo comme son conseiller spécial en charge de la réforme constitutionnelle.
Soro Guillaume, Bédié et le PDCI ont été mis sous l’éteignoir
Après avoir fermé la bouche à Bédié et à ses militants du PDCI, il est clair que Ouattara n’aura aucune difficulté à faire passer son tripatouillage. Le FPI n’y pourra malheureusement rien.
Mais ce nouvel amendement de la constitution, pour lui permettre de se faire élire éternellement et de proposer un poste de vice-président à Bédié, n’enchante pas tout le monde dans son propre camp. En effet, au delà de Mabri Toikeusse qui a affirmé ne pas se sentir concerner par l’appel de Daoukro et son corollaire d’alternance 2020, il est évident que Guillaume Soro, le faiseur de roi, ne se laissera pas faire. Il a d’ailleurs fait savoir cela de manière implicite. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a mené le combat sournois de positionnement contre Hamed Bakayoko pendant longtemps. C’est vrai qu’il a perdu beaucoup de plumes dans les différentes affaires qui l’ont éclaboussées ces derniers mois. Mais l’homme nous dit-on reste serein et est toujours prêt pour le combat.
Le handicap de Soro cependant, c’est qu’il est tombé dans le piège de Ouattara. En effet, c’est Ouattara qui l’a sorti momentanément de ses déboires avec la justice, et Ouattara ne manquera pas d’utiliser ses affaires contre lui en le menaçant d’extradition. C’est pourquoi moi nous autres ne croyons pas une seule minute à la promesse de Ouattara de ne plus envoyer d’autres ivoiriens à La Haye. D’ailleurs quelques décisions tactiques prises par le locataire actuel du palais du Plateau en disent long sur sa stratégie contre Soro.
1 – Pour endormir le camp Soro, Ouattara a pesé de tout son poids pour que les contentieux juridiques de Soro avec la France et le Burkina Faso soient momentanément mis en veilleuse. Soro et Ouattara savent que ces contentieux ne peuvent pas être réglés par voie diplomatique. Même feu Omar Bongo, le plus francophile des présidents africains n’a pas obtenu ce genre d’immunité éternelle auprès des autorités françaises. Il a fini par être poursuivi pour ”affaire de biens mal acquis”. Ces affaires là resteront toujours pendantes sur la tête de Soro Guillaume comme une épée de Damoclès.
2 – Depuis un moment, beaucoup d’évènements troublants se sont déroulés à Ferkéssédougou, région d’origine de Soro Guillaume et dont il est le député. C’est à croire qu’une forme de rébellion veut voir le jour de ce côté là. Pour y voir plus clair, Ouattara a fait appel à un des stratèges de l’ex rébellion en la personne de Donvahi comme ministre délégué à la défense. Avec lui, Ouattara sait qu’il a quelqu’un qui maîtrise les stratégies de Soro.
3 – Comme s’il était prêt à livrer la guerre dans toutes ses formes à Soro, des rencontres ont eu lieu ça et là pour couper toute base arrière à Soro s’il entrait en rébellion. On nous apprend d’ailleurs que l’armée burkinabé veille au grain de l’autre côté de la frontière. Ne soyez d’ailleurs pas surpris d’entendre l’ambassadeur américain au Burkina Faso dire que c’est impératif que le nouveau pouvoir burkinabé soit en de bons termes avec le pouvoir d’Abidjan, alors même que les autorités américaines ont affirmé il n’ya pas longtemps que tant que Compaoré et Soro seront en Côte d’Ivoire, le Burkina Faso ne sera pas sécurité……. En plus de cela, Ouattara a instruit Ange Kessy Kouamé d’enquêter sur les évènements de 2002 et plus particulièrement sur les exactions de la rébellion, ce qui n’est pas fait pour rassurer Soro et ses com’zone.
Les risques d’une nouvelle guerre de conquête du pouvoir
Rien de ce que nous disons ici n’échappe à Soro. L’homme n’est pas bête. Il sait que la situation est très critique pour lui et qu’elle lui est même très défavorable à tous les coups. Il se dit d’ailleurs qu’il se retranche souvent dans son fief de Bouaké. Certainement pour réfléchir à ce qu’il va faire. Soro sait même que pour sauver sa peau, Blaise Compaoré sera prêt à le lâcher…
Il a une seule alternative: soit il se livre lui-même à la CPI pour sauver sa vie et mettre en difficulté ses alliés d’hier, soit il prend le pouvoir par les armes afin de réaliser un semblant de réconciliation tout en espérant se faire pardonner par le peuple de Côte d’Ivoire.
Le temps est enceinte en Côte d’Ivoire. Prions pour notre pays….
Tanoh
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