Côte d’Ivoire: Horreur de la crise postélectorale à Sassandra. Des fosses communes éparpillées à Adébem

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60 fusillés, égorgés ou brûlés vifs oubliés d’Adébem (Sassandra)

 

 

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Près de quatre ans après les massacres de dizaines de civils autochtones godié accusés d’être des partisans de Laurent Gbagbo et de son parti, le Front populaire ivoirien (Fpi), par des soldats des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et leurs supplétifs officiels dozo et consorts, Adébem, Godjiboué, Trikpoko, Niégrouboué et Gobroko portent encore les marques indélébiles de la terreur sanglante qui s’est abattue sur ces villages de la sous-préfecture de Sago, dans le département de Sassandra, principalement les 6, 7, 8, 9, 10 mai 2011.

A Adébem, les nombreuses fosses communes dans lesquelles les corps des personnes tuées ont été jetés à la sauvette par les bourreaux figurent au nombre des stigmates de ces journées noires. Ces fosses communes sont éparpillées dans le village qui avait été incendié par les assaillants et que les rescapés ont reconstruit, tant bien que mal, avec l’aide du Comité international de la croix rouge (Cicr). En voici une liste non exhaustive, du nord au sud d’Adébem, avec les noms des victimes qui y ont été jetées.

Fosse commune 1. Non loin de l’antenne de la société de téléphonie mobile Mtn. Des jeunes gens originaires du village de Godjiboué arrêtés dans des campements ont été exécutés à cet endroit. Noms de quelques victimes : Bosset Dago Mathieu, Bollet Okoutè, Koukougnon Akré, Gueubeu Gnahoré Loth, Bédi Koukougnon Charles, etc.

Fosse commune 2, derrière la maison de K.J. Noms des victimes : Kpassou Banahi Germaine, Dago Jérémie, Dago Lagan Suzanne et son bébé. Cette jeune femme qui était enceinte a été brûlée vive. Le bébé a été éjecté du corps calciné.

Fosse commune 3. Derrière la maison de Gnagbo Denis. Noms des victimes : Digbeu Gnaba Jean-Baptiste (le doyen d’âge du village), Digbeu Affi, Beugré Zazou Théodore, Gbalé Babo Daniel, Dobré Daleu Pierre.

Fosse commune 4. Près de la maison d’Otchiri Jacques. Noms des victimes : Dalli Téty Abel, Lakpa Zahi Bernard, Gbalé Zahi Sept.

Fosse commune 5. Derrière l’église protestante méthodiste. Nom de la victime : Kragou Zié.

Fosse commune 6. Sous un acacia, en face de l’Ecole primaire publique. Nom de la victime : Dagon AWalo Prosper.

Fosse commune 7. Non loin de l’antenne de la société de téléphonie mobile Orange. Plusieurs victimes y ont été jetées dans un puits dont Dago Beugré Barthélémy, Zéli Die alias Zorro, Bollet Zoukou alias le maire, Bollet Dally Prince, etc.

La quasi-totalité de ces fosses communes d’Adébem se trouvent entre les maisons des quartiers habités par les Godié. Certains puits qui se trouvent à proximité de fosses communes ont été fermés, obligeant les populations à s’approvisionner en eau dans les marigots. Les risques encourus sont démultipliés par les menaces d’un empoisonnement de la nappe phréatique par la putréfaction des corps humains entassés dans les fosses communes. De graves dangers de mort pèsent donc sur les populations d’Adébem.

Jusqu’à ce jour, le gouvernement ivoirien n’a nullement répondu aux appels au secours des Godié. Le seul fait dont ils se souviennent est le passage de Soro Bakari Benjamin, alors préfet de Sassandra et actuel directeur de cabinet du ministre des Transports, qui avait fait l’aumône de cent mille (100 000) francs par mort aux parents, le 11 mai 2011.

Les populations d’Adébem continuent d’appeler les pouvoirs publics à l’aide. Elles appellent au secours l’Opération des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), les organisations non gouvernementales (Comité international de la croix rouge, Fédération internationale des droits de l’homme, Amnesty international, etc.) et toutes les bonnes volontés. Au nombre de leurs nombreuses attentes urgentes figurent l’exhumation des corps sommairement entassés dans les fosses communes afin que des sépultures dignes leur soient données, l’assainissement des sites concernés pour conjurer les graves problèmes de santé publique, etc. Les obsèques et la levée du deuil pourront alors se faire, selon les traditions godié.

 

Une correspondance de Jean D.

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