Clinton parle d’Edward Snowden. Mais qui sont les vrais criminels?

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Snowden pourrait être un témoin à charge important dans un procès pour crimes de guerre dans lequel les hauts fonctionnaires des administrations Bush et Obama seraient accusés. Et il faudrait ajouter à cette liste les chefs de la NSA, de la CIA et des divers services de renseignement militaires.

L’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a déclaré vendredi que le dénonciateur Edward Snowden devait retourner aux États-Unis et être jugé pour ses gestes qui ont permis la fuite de documents confidentiels révélant l’espionnage illégal et inconstitutionnel mené par la National Security Agency (NSA). «S’il veut revenir, sachant qu’il sera tenu responsable, mais également en mesure de présenter une défense, c’est sa décision», a déclaré Clinton dans une entrevue vidéo accordée au journal The Guardian.

L’entrevue menée lors d’une brève visite en Grande-Bretagne avait pour but de promouvoir les ventes en baisse de sa récente biographie – un livre contenant un aperçu probable d’une éventuelle campagne à la présidence en 2016 – intitulée Hard Choices. Les remarques de Clinton reprenaient sommairement tous les mensonges habituels sur Snowden en quelques phrases. Elle a affirmé que Snowden avait «transgressé nos lois», présumant ainsi de sa culpabilité avant tout procès. Elle a aussi affirmé qu’il aurait pu soulever à l’interne ou devant le Congrès ses objections contre l’espionnage illégal de la NSA, bien que d’autres personnes qui l’ont fait ont été licenciées ou accusées faussement. Clinton a affirmé que Snowden «a cherché la protection de Vladimir Poutine».

Pourtant, Snowden s’est retrouvé en exil en Russie uniquement parce que l’administration Obama lui a retiré son passeport pour l’empêcher de continuer un voyage prévu vers l’Amérique du Sud, l’administration allant même jusqu’à menacer les pays qui envisageaient la possibilité de lui accorder l’asile politique. Elle a même prétendu qu’un débat était déjà en cours sur l’espionnage intérieur (un débat qui viserait selon elle à «mieux équilibrer sécurité et liberté») avant les révélations de Snowden. Le tout a été suivi par l’affirmation absurde que Clinton ne sait pas quelles accusations avaient été déposées contre Snowden.

Clinton n’est que la dernière d’une série de représentants de l’establishment politique et de la sécurité nationale des États-Unis à réclamer le retour de Snowden aux États-Unis pour qu’il fasse face à des accusations. Certains ont suggéré qu’un traitement approprié pour Snowden serait la détention à Guantanamo et un procès devant tribunal militaire, procédure dans laquelle le prisonnier est effectivement bâillonné.

Le World Socialist Web Site souhaite également le retour d’Edward Snowden aux États-Unis dans le cadre d’un procès criminel – mais qui ne serait pas le sien. Snowden pourrait être un témoin à charge important dans un procès pour crimes de guerre dans lequel les hauts fonctionnaires des administrations Bush et Obama seraient accusés. Et il faudrait ajouter à cette liste les chefs de la NSA, de la CIA et des divers services de renseignement militaires. En revenant aux États-Unis dans ces circonstances, Snowden jouirait d’une immunité juridique pour l’information cruciale qu’il fournirait. Car ce n’est pas Snowden, mais bien les représentants politiques de l’aristocratie financière américaine et de ses appareils militaire et du renseignement qui sont coupables de violations de la Constitution, du droit national et international.

En plus d’espionner systématiquement et sans mandat la population, ils mènent des guerres illégales directement ou par procuration contre les peuples de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie, de la Libye, du Yémen, du Mali et de nombreux autres pays. En outre, c’est sous le mandat de Clinton au département d’État que la Maison-Blanche a accordé une amnistie générale à la CIA pour la torture et tous les autres crimes qu’elle a perpétrés sous l’administration Bush, en plus de se lancer dans sa propre série de crimes avec l’assassinat de citoyens américains à l’étranger, la surveillance de masse à l’échelle mondiale de la messagerie sur Internet et dans les télécommunications et une guerre de drones illégale dans une douzaine de pays.

Clinton dit que Snowden doit retourner aux États-Unis. Nous espérons que ce jour viendra et que ce dénonciateur courageux sera accueilli comme un héros et, peut-être, par une grande parade. En ce qui concerne le procès, ce ne sera pas Snowden à la barre des accusés, mais bien ses accusateurs.

Patrick Martin

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