Chronique de Kodjo Epou. France : Un « président normal » à l’épreuve du fruit défendu

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Après avoir bouclé le cercle de ses poignées de mains avec la totalité de nos rudes et infidèles despotes, il est normal que François Hollande soit contaminé et soit, à son tour, possédé par les démons de l’infidélité. « Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es ». C’est ce que nous apprend le romancier et dramaturge espagnol, Miguel De Cervantès. « Le président normal » aurait-il une vie sexuelle errante comme on en voit très souvent dans beaucoup de palais africains ?

Oh là là ! François s’est pris les pieds dans le matelas d’une actrice, Julie Gayet. Encore lui ? Lui qui portait déjà au front cette plaie de président  légalement célibataire ? Ainsi pourraient s’exclamer ces concitoyens de bonne moralité. Mais il serait superflu de crier au scandale lorsqu’on sait qu’en France, les escapades romantiques des locataires successifs de l’Elysée, Gauche et Droite confondues, ont toujours été dans l’ordre normal des choses. Mais venant de quelqu’un qui a déjà eu quatre enfants avec une ancienne compagne, Ségolène, qu’il n’a jamais épousée, de quelqu’un qui a promis de faire en sorte que ses comportements soient exemplaires, d’être un président normal, ça devient anormal. Néanmoins, François peut se targuer d’être après tout un Français – ils sont rois de l’infidélité en Europe – donc un arbre dans la forêt des infidèles. A preuve, aucun de ses prédécesseurs, depuis Giscard  jusqu’à Sarkozy, n’a failli à la tradition de l’infidélité qui est aussi vieille que la 5ème République.

Voyons un peu. Selon un sondage réalisé par le site français de rencontres FirtsAffair.fr, plus de 40% des Français ont déjà trompé leur partenaire, à la faveur de rencontres dans un bar, d’heures supplémentaires avec un charmant collègue… Les Français infidèles trompent le plus souvent leurs partenaires ou mari(e) s avec quelqu’un appartenant à leurs cercles d’amis, selon ce sondage : 41% d’hommes et 39% de femmes ont déjà trompé leur partenaire ou époux. 26% des personnes interrogées déclarent que leur aventure extra-conjugale n’était qu’un accident de parcours isolé. Un dixième a déjà eu une aventure sur le long terme, alors que 5% des personnes interrogées ont déclaré avoir des aventures en série. La majorité des infidèles a pourtant mauvaise conscience : 80% d’entre eux se sentent mal vis-à-vis de leur conjoint après avoir eu une liaison avec quelqu’un d’autre.

Par ailleurs, à en croire « Atlas Mondial des  Sexualités », la France occupe le premier rang en matière d’infidélité parmi les pays d’Europe. Un pays volage médaillé d’or lorsqu’il est question d’adultère ou de croquer le fruit défendu. Et, 50% de couples dans l’hexagone cachent une infidélité. Il est fort possible que ceci ait un lien avec cela : les proches de Mitterrand avaient tout bonnement couvert l’existence, à l’Elysée, d’une fille adultérine dont le Boss était le père. C’est au nom de la  même indulgence à l’égard de leurs dirigeants que les Français n’avaient pas jugé nécessaire de secouer au point de le faire tomber, en son temps, Valéry Giscard d’Estaing qui aurait entretenu des relations délictueuses avec l’épouse d’un des plus affreux tyrans noirs, le Centrafricain Jean-Bedel Bokassa. Plus tard, quand Nicolas Sarkozy avait divorcé avec sa femme, Cécilia Attias, dès le lendemain de son investiture, cela n’était pas assez scandaleux pour soulever l’indignation chez les Français. Ils éliront, faisant fi de tout principe d’éthique, un président qui pourtant ne leur avait introduit qu’une compagne à la place d’une épouse en bonne et due forme. Ces libertinages au sommet sont difficiles à concevoir en Amérique du Nord, aux Etats-Unis notamment. L’ancien locataire de la Maison Blanche, Bill Clinton, n’en sait que trop ! Imaginons quelques secondes un Obama surpris à moto, casqué, dans Washington, roulant à vive allure, pressé d’aller voir une maitresse… « That cannot happen ! »

On s’en souvient, Dominique Strauss-Kahn était pressenti, dans l’opinion publique française, comme le candidat le mieux placé pour succéder  à Nicolas Sarkozy. Malgré le large boulevard qui s’étendait devant lui, l’ancien directeur général du Fond Monétaire International se fera piéger dans un Sofitel de New York par ses prouesses libidineuses qui l’assimilent à quelqu’un pour qui « tout trou est trou ». Les socialistes, par défaut, s’étaient rabattus alors sur Hollande. Après cette gauloiserie de Hollande ses militants doivent-ils aujourd’hui se mordre les doigts ? La question en vaut la chandelle, quand on sait que se président peine à engranger des résultats. Comme s’il n’a pas assez déçu, le voilà impliqué dans une affaire de cuisse, chez Julie Gayet, comme un séducteur impénitent, une réplique du Dominique dont les Français, finalement par pure hypocrisie, ne voulaient pas.

L’économie française, à l’heure actuelle, est en voix de sous-développement. Strauss-Kahn, bien que volage, aurait pu mieux affronter les défis. Il aurait fait l’affaire, par rapport à un Hollande qui est parvenu à l’Elysée pour montrer après son côté sombre du Don Juan qui dormait en lui. Les Français ont désormais de quoi donner un contenu à son concept de  « président normal ». Si cette affaire s’avérait, l’invention de Hollande ne serait dans ce cas qu’un alibi destiné à  flouer l’opinion, à endormir ses services de sécurité, aux fins de se fondre de temps en temps dans les nuits noires, pour rencontrer la belle Julie.

Le feuilleton actuel connaîtra forcément des rebondissements. C’est une histoire bien française. Une tradition que certaines personnalités politiques françaises et non des moindres – Alain Jupé en fait partie – veulent simplement ranger dans la catégorie des aspects de la vie privée de l’homme d’Etat. C’est à peine croyable ! La personne qui fait pitié, vers qui tous les regards vont se tourner, c’est Valérie Trierweiler, la compagne du président. Sa respectabilité ou ce qui en reste sera dégradée, abimée. Elle qui était déjà précarisée, à la fois par l’absence de son statut officiel de Première Dame et par son impopularité dans l’opinion, se voit publiquement humiliée et virtuellement chassée de l’Élysée.Valérie, la première dame anormale, a été admise à l’hôpital, a-t-on appris. La pauvre ! Une dépression qui serait liée à ce scandale, mineur, vu d’Afrique? En effet, dans beaucoup de palais au sud du Sahara, les frasques sexuelles présidentielles sont courantes. Nos manitous que la France soutient sur le continent contre la volonté de leurs peuples, n’éprouvent aucune gêne à s’afficher devant les caméras de télévision avec des secondes épouses, généralement des femmes qu’ils arrachent de force à leurs concitoyens. Publiquement cocufiés, ces misérables maris, tout couverts de honte, prennent le chemin de l’exile. Les enfants adultérins ainsi fabriqués dans les palais d’Afrique sont légion.

François Hollande n’est pas le président des Africains. Ceux-ci ne l’ont pas élu, donc n’attendent pas qu’il s’occupe de leur destinée. Mais le feuilleton Julie a de quoi susciter beaucoup d’intérêt sur le continent, d’autant que ces Africains, surtout les francophones dont les pays sont les plus mal lotis en matière de bonne gouvernance, de droits de l’homme et de démocratie, attendent que ce socialiste « normal » les accompagne dans le difficile combat qu’ils mènent contre les présidences à vie, sources de tant de crises politiques aigues et de conflits armés. Au lieu de cela, François se révèle un politicien libidineux, qui fait comme en Afrique, c’est-à-dire un commandant-en-chef qui se laisse prendre, le pantalon sur les genoux. L’homme a d’autres chats à fouetter dans Paris. Ceux des Africains qui rêvaient d’une rupture à  l’arrivée de Hollande au pouvoir peuvent cesser de rêver. Chez ce François aussi, il n’y aura rien à mettre sous la dent!

Kodjo Epou

Washington DC

USA

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