Avez-vous été témoin, vous aussi, du saut accrobatique rare, digne d’un extraterrestre, qu’a offert à la nation entière ce chef de parti qu’on croyait avoir définitivement tourné le dos aux forces rétrogrades qui ruinent la terre commune? L’avez-vous vu, Dahuku Péré qui a, dans le secret d’obscures tractations, sans crier gare, abandonné la formation politique issue de ses propres mains, de ses convictions profondes, pour débarquer en tête de liste d’un autre parti, le RPT, financièrement mieux loti que le sien? Togo, sacré pays des absurdités!
Avez-vous suivi, à la fois pleins et vides d’espoirs, les hymnes harangueurs de Dékon appelant à l’élimination de Satan, de ses auxiliaires et de tous les fossoyeurs? Il faut qu’on se le dise, la République a mal, de partout. Victime des infâmes populistes branlants que nous avons en lieu et place des grands hommes porteurs d’une solide équation de reéquilibrage qui permette au Togo de sortir, enfin, de sa longue prise en otage. L’état de notre pays suggère clairement à tout un chacun que ces élections législatives s’organisent dans de bonnes conditions, que l’opposition qui devrait naturellement en sortir victorieuse se transforme en une “majorité parlementaire de mission”, en une assemblée constituante ayant pour tache essentielle de doter le Togo d’une loi fondamentale qui réorganise de fond en comble les pouvoirs publics et donne ses lettres de noblesse à la République qui défaillit sur ses assises.
Mais, patatras! C’est avec le coeur brisé que militants et admirateurs vont apprendre que le CST n’a pour tout moyen d’action que le canal de la presse pour réagir à la mise en place, par le pouvoir, du décor de la tricherie. Zeus et ses amis s’estiment floués et condamnent le RPT d’avoir rangé au placard les “arrangements survenus entre les deux parties devant des personnalités religieuses”. Arrangements? Avec un pouvoir dont le « OUI dit » ne devient jamais un « OUI fait »? Arc-En-Ciel, de son côté, n’entend pas aller à ces élections si la question de la représentation de l’opposition dans les CELI et dans les bureaux de vote n’est pas réglée, si le nombre et la situation géographique de bureaux de vote ne sont pas clairement établis, et si une solution acceptable n’est pas trouvée à la question du vote par procuration”
Jusqu’à quand ces va-et-vient insipides et lassants qui nous renvoient au triste constat que plus personne ne semble se préoccuper réellement ni des atteintes à la dignité ni des coups mortels répétitifs aux innocents? Et pourtant, que d’anomalies à énumérer, que d’exactions à dénoncer, que de crimes à soumettre au tribunal de l’histoire. Aujourd’hui, plus que jamais, les Togolais doivent oser et montrer du doigt ceux qui les abreuvent de mensonges, qui intoxiquent les esprits et manipulent les cerveaux.
Il faut oser dire à nos opposants qu’ils ont, trop de fois, raté des occasions en or pour empêcher l’irréversible et qu’ils doivent, maintenant, accepter d’assumer, chacun de leur côté – pourquoi pas autant que le parti satanique qu’ils disent combattre – la responsabilité de la déconfiture actuelle. Enfin il faut oser dire au courant du futur que c’est parce qu’il hésite, s’empêtre dans ses propres contradictions, se fourvoie par la couverture légale qu’il apporte au RPT, qu’il se fait manipuler au fil des crises et des rebondissements, permettant au pouvoir d’enfoncer le clou au moment opportun.
De la longue liste des revendications légitimes dont l’opposition est porteuse, et que notre peuple approuve, laquelle, avant le “dépot des candidatures à titre conservatoire” a été satisfaite, qui indique que les mêmes crimes ne vont plus se répéter? On croyait le CST et Arc-En-Ciel tenir le bon bout mais c’est sans compter avec l’étonnante capacité de ces leaders (?) à traillir le seul pouvoir qu’ils possèdent pour faire aboutir leurs revendications: le pouvoir des principes. La nouvelle pantalonnade vient confirmer le parcours instable de notre opposition qui, chaque fois, bénéficie du soutien populaire, commence droit dans ses bottes mais, l’éternelle mésentente la poussant à se tirailler plutôt autour du sexe des anges, finit toujours maladroite dans ses babouches.
Ces législatives, sous les conditions actuelles imposées par le pouvoir, sont une farce inutile, un luxe vain ô combien notre peuple, dans sa grande majorité, rejette. Mais en même temps, il faut avoir le courage de dire très haut et sans ambage que l’opposition a mal fait son lit. Et si, comme le promet Ajavon Ata Mensah Zeus, les porte-parole de la résistance ne paviennent pas à forcer le report de la date prévue, on verra comment au soir du 21 Juillet, ils vont se coucher.
Kodjo Epou
Washington DC
USA