A 77 ans additionnés aux années retranchées par le colon de l’époque lorsqu’il a mal compté les dents, il croit incarner l’avenir du Cameroun. Un avenir qu’il a pourtant laissé loin derrière lui depuis des décennies. Et pourtant, il n’en démord pas. C’est lui et lui seul ; l’avenir du passé ; l’avenir du futur ; l’avenir de la pauvreté ; l’avenir du sous-développement ; l’avenir des jeunes. Il incarne tout. Un condensé de contradictions appauvrissantes que ce candidat du sous-développement ! Mais, comme on le dit, « il n’y a rien en face ». Donc, il peut prétendre incarner au crépuscule de sa vie, le Cameroun des 20 années à venir.
Peu importe. L’essentiel, c’est de faire l’affaire de l’homme blanc et s’assurer une stabilité politique. Dès lors qu’il peut compter sur une armée fidèlement corrompue, une police qui préfère l’injustice au désordre. C’est donc lui, le candidat de l’idéal antidémocratique.
Contre vents et marrées, il reste convaincu qu’il a le devoir de mourir avec le sceau de la République du Cameroun dans la poche. Et pourtant, il sait que ces choses portent malheur. Dans la culture bantu, les morts sont à la fois sacrés et sacrilèges. C’est pourquoi, il y a des choses qu’une dépouille ne touche pas. Les choses dont les vivants ont encore besoin. Il en est ainsi du sceau de la République, symbole de l’Autorité de l’Etat et du Pouvoir d’Etat. Mais le valeureux candidat, artificiellement maintenu en pleine forme, ne lâchera, pour rien au monde, ce qu’il a conquis de haute lutte : le Pouvoir.
Et il n’y a rien en face. Parce que de l’autre côté, dans l’opposition où la jeunesse appelle de tous ses vœux le changement, l’alternance démocratique et idéologique, espérant béatement qu’il y aurait un nouveau modèle économique pour amorcer une dynamique nouvelle de développement, il n’y a aucun leader qui incarne un idéal révolutionnaire.
Et ce n’est pas dans l’entourage immédiat du candidat du sous-développement qu’il faut chercher parmi ces jeunes loups, celui qui incarnera cet idéal révolutionnaire. Habitués aux bons soins du père fondateur devenu par la force des choses, le père propriétaire du Cameroun, la bouche sauvagement pleine, les oreilles fermées par la douce musique des caisses vidées de l’Etat, ils n’ont pas besoin d’entendre les pleurs maladroits d’une jeunesse en quête d’idéal et d’opportunités pour exprimer son potentiel. Eux, ce sont les fidèles collaborateurs. Les fidèles mangeurs aussi. Ils ont tous un sticker d’authentification sur l’âme, juste pour témoigner qu’ils sont sortis du laboratoire de la corruption, ce fameux truc qu’on appelle gouvernement. Il faut rassurer le receleur blanc. Quoi donc de plus normal qu’un sticker appelé poste ministériel.
Le gâchis, c’est surtout l’arme fatale de ce candidat. Dépenses inutiles, projets virtuels, réfection, et encore réfection puis, réhabilitation d’ouvrages et encore réhabilitation d’ouvrages. Un véritable programme de gouvernement du désespoir !
Mais que voulez-vous ? Il est le candidat du sous-développement. Au pouvoir depuis 29 ans, il a toujours le sentiment d’avoir oublié de faire l’essentiel. Mais jusqu’ici, il n’a pas encore trouvé quelle est cette chose essentielle pour le Camerounais : le Développement ! Alors, il veut tenter de nouveau sa chance. Briguer un autre mandat. Peut-être que cette fois-ci sera la bonne.
En attendant que l’inspiration lui vienne, l’espoir fout le camp sur toute l’étendue du territoire camerounais. Le développement aussi. Et cela s’appelle, incarner l’espoir du Cameroun. Mais que voulez-vous ? Nous avons affaire au Candidat du sous-développement.
Cependant, je suis tenté de demander au Camerounais, est-ce pour autant qu’il faut laisser ce pays dans l’ivresse du pouvoir gérontocratique ? Et si on tentait le coup de l’espoir, le coup du changement, le coup de la renaissance, le coup de la Révolution Permanente qui est en train de gagner toute l’Afrique ? Je crois, alors que l’heure du réveil a sonné pour toi Cameroun ! C’est pourquoi je viens de mettre pied à Douala, ville symbole du réveil révolutionnaire du Cameroun de demain. Et je dis : Cameroun berceau de la lutte anticoloniale, crie au monde entier, ta volonté irréversible de mettre à la retraite le Candidat du Sous-développement ! Ta patience a atteint ses limites !
A très bientôt.
Hassane Magued