Cmdt Olivier Amah Poko: Tidjani n’a pas été aussi parfait durant sa carrière militaire

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L’ancien ministre de la défense sous feu Général Gnassingbé Eyadéma, mort le vendredi 7 décembre 2012 en France sera inhumé le samedi 22 décembre à Ejigbo Oke Oyo Osun State au Nigeria. En attendant, l’association des victimes de la torture dirigée par le commandant Olivier Amah POKO, saisit l’occasion pour dénoncer les conditions de sa mort.

Pour lui, tout ce qui est arrivé au général est dû à ce qui lui était infligé. Si le général a pu être évacué sur la France à un moment donné pour suivre des soins appropriés, le cas du capitaine Adjinon Lambert fait toujours objet de lobbying. Voici ses raisons.

pa-lunion.com : Commandant Olivier Amah Poko, Bonjour !

Commandant Olivier Amah Poko : Bonjour !

Un des vôtres, pendant que vous étiez tous accusés de complot contre la sûreté de l’Etat, vient de trépasser, le général Assani Tidjani. Comment avez-vous reçu la nouvelle ?

Merci. Je présente d’abord mes condoléances à la famille du général Tidjani et paix à son âme. Vous savez, le général Tidjani on l’a connu quand nous étions dans l’armée. Et nous nous sommes encore revus au cours du procès d’atteinte contre la sûreté de l’Etat. Je dirais qu’il a passé des moments très difficiles. Et je pense que tout ce qui lui est arrivé à ce moment a aggravé sa santé.

Vous savez, quand on parle de torture ce n’est pas seulement sur le plan physique. Par rapport à la convention contre la torture elle est physique et morale. Et la torture morale est plus grave. Et puis pour les Togolais, en général, quand on parle de torture, on pense seulement aux sévices corporelles et autres. Même, comme vous savez, quand on garde quelqu’un dans un isolement, sans aucun contact avec sa famille ou qui que se soit, c’est une torture donc moi je dirai que, le général Tidjani, c’est la situation qu’il a traversé qui a accéléré la dégradation de son état.

Il n’est plus, on apprend qu’il sera inhumé du côté du Nigeria, vous êtes un ancien officier, en tout cas jusqu’à votre prochaine réintégration, en tant que militaire, s’il faut parler d’Assani Tidjani, que direz-vous ?

Aujourd’hui je salue la mémoire d’un officier général, mais Tidjani n’a pas été aussi parfait durant sa carrière militaire. Tout le monde le sait. Une partie de sa carrière a été politique. Il était pratiquement au service d’un homme. Lui-même, il a reconnu qu’il a contribué à pérenniser le clan Gnassingbé au pouvoir. Ce qu’il laisse, c’est l’Homme militaire et l’homme politique. Paix à son âme ! Il a fait ce qu’il a pu faire, ça dépend du bord où on se trouve. Et tout le monde a son opinion sur ce qu’il a pu faire. Comment il a vécu à coté des Togolais.

Entre temps, il avait été évacué sur la France pour suivre des soins adéquats, il n’y a pas longtemps vous avez sorti une déclaration pour dire que le capitaine Adjinon comme Tidjani sont tous Togolais, ils doivent avoir les mêmes droits. Est-ce que vous craignez aussi pour le capitaine Adjinon ?

Je crains aussi pour le capitaine Adjinon. Vous savez le général Tidjani, de part sa posture avec les interventions diverses, il a été rapidement évacué, mais sa santé n’a pas pu s’améliorer. Et finalement il a succombé mais nous craignons pour celui qui est encore en vie et qui développe une tumeur dans son oreille, j’ai nommé le capitaine Adjinon. Une tumeur due aux actes de tortures. Vous savez, il a été sérieusement passé à tabac et le sang est sortit de ses oreilles. Il faut que l’Etat prenne des dispositions sérieuses pour qu’il puisse recevoir des soins adéquats. Vous savez qu’à Genève, le comité contre la torture l’a recommandé expressément et le ministre chargé des droits de l’homme a fait la promesse que des décisions seront prises dans les jours qui suivent la fin du passage du Togo devant le comité. Mais jusqu’aujourd’hui rien n’est fait et pour cela nous attirons l’attention de toutes les bonnes volontés de faire ce qu’ils peuvent faire pour que le capitaine Adjinon soit évacué, pour qu’il ne meurt pas comme le général Tidjani.

Est-ce qu’il y a encore parmi vous d’autres qui sont en prison et qui souffrent ?

Commandant Olivier Amah Poko : Tout ceux qui étaient impliqués de gré ou de force dans cette affaire d’atteinte contre la sûreté de l’Etat ont d’abord subit un procès inique. Un procès je dirais aujourd’hui injuste. Tous ceux qui sont victimes de cette injustice, souffrent d’abord moralement. Moralement parce que tous, ils ne savent pas ce qu’ils ont fait pour être toujours en prison aujourd’hui. Puisque l’avocat général a relevé un certain nombre de choses qui devraient permettre aux gens d’être libérés. Puis aujourd’hui au niveau du comité de lutte contre la torture l’Etat togolais a déclaré qu’ « ayant subi des actes de Tortures, les victimes doivent être libérées ». Puisqu’avec les accords de Viennes, quand quelqu’un est torturé et que la torture est avérée, il faut absolument que le procès s’arrête, qu’il soit libéré. Ce n’est pas le cas pour tous ceux qui sont encore en détention aujourd’hui. Donc, il faut absolument les libérer parce qu’ils continuent par souffrir. Il y a d’autres qui ont leur santé qui se dégrade. C’est le cas de Tao Belli, le cas de Tchinguilou, le cas du commandant Atti, tous mal en point. Le vieux Seydou Ogbakiti, qui est âgé aujourd’hui de plus de 65 ans et qui continue de souffrir en prison. Donc, eux tous ils souffrent et vivement qu’ils soient libérés.

Au niveau de l’ASVITO, vous avez relevé une procédure d’indemnisation de ceux qui ont été déjà libérés, qui ont déjà purgé leur peine retenu contre eux le 15 septembre 2011. Est-ce que finalement cette procédure suit son cours ? Est-ce que chacun de vous a déjà perçu son indemnisation ?

Jusqu’à ce jour, je dis non parce que nous n’étions pas d’accord de la manière dont le gouvernement a procédé. Vous savez nous avions été surpris du fait que nous n’avions pas été associés aux discussions pouvant déboucher sur ces indemnisations. Donc, nous avons refusé cela. Le gouvernement ne nous a plus rappelés et nous aussi, nous ne sommes plus allés vers eux. Nous ne quémandons pas cette indemnisation. Si c’est un droit, il faut que ça soit quelque chose de consistant. On ne va pas nous indemniser de façon discriminatoire. Parce que nous avons subi pratiquement les mêmes choses. On ne va pas indemniser certains faiblement, certains de façon élevée. Au niveau du comité contre la torture, ce comité a demandé que l’indemnisation soit équitable et consistante afin de nous permettre de nous prendre en charge et nous réadapter à cette nouvelle vie.

Equitable et consistant ça veut dire…

Commandant Olivier Amah Poko : Ça veut dire que l’indemnisation soit la même chose chez tout le monde. Et consistant, c’est-à-dire que ça soit élevé.

Élevé, ce n’est pas un montant ?

Commandant Olivier Amah Poko : Il nous faut un montant élevé qui nous permettra de nous prendre en charge. Et ce n’est pas en tout cas ce qui se fait maintenant.

Et vous vous proposez combien ?

Nous, nous ne proposons rien. C’est nos avocats qui ont proposé quelque chose. Je pense que l’Etat peut discuter avec nos avocats et s’entendre sur un montant qui va nous permettre de nous prendre en charge sur le plan de notre santé. Puisqu’aujourd’hui l’Etat ne nous a pas pris en charge sur le plan sanitaire. Il y a des gens qui ont perdu beaucoup de choses. Personne n’a fait quelque chose pour mériter ce que nous avons mérité. Alors l’Etat doit prendre ses responsabilités et essayer de nous dédommager de façon consistante.

Commandant Olivier Amah Poko, je vous remercie.

C’est plutôt moi qui vous remercie.

PA-LUNION

 

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