Blanchiment de l’argent des casses de la BCEAO: Un ministre d’Etat sénégalais révèle comment Wade a procédé

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Amath Dansokho, leader historique de la gauche sénégalaise, aujourd’hui ministre d’Etat dans le gouvernement Macky Sall, confirme ses accusations anciennes sur les collusions financières entre Wade et les ex-rebelles ivoiriens qui ont pillé les agences de la BCEAO à Bouaké et à Korhogo. Il récidive en disposant aujourd’hui des moyens de renseignement de l’Etat. Dans une interview accordée au site Seneweb, il évoque des mécanismes de blanchiment et promet une liste de «hautes autorités» sénégalaise impliquées. Il parle également de relations financières douteuses entre Karim Wade et des figures de la Sarkozie. Extraits.

Parlant d’argent sale, vous avez une fois soutenu que l’argent issu de la casse des banques de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) de Bouaké et de Korhogo a été blanchi à Dakar. Est-ce que maintenez vos propos ?

Je maintiens que l’argent a été blanchi ici à Dakar. Le ministre des Finances ivoirien de l’époque l’a dit ici, et personne n’a protesté. Il (N.d.l.r. : Wade) s’acharnait contre Banny (N.d.l.r. : ancien directeur de la banque) (…). Lors d’une conférence de presse à Dakar, Banny a dit qu’il ne sait pas si demain il sera encore vivant, évoquant une menace de mort, mais nous savons que de hautes autorités ont blanchi l’argent de Bouaké et Korhogo et nous rendrons la liste publique dans quelques jours. Dès le lendemain, Abdoulaye Wade est allé s’agenouiller devant lui pour le supplier de ne pas le faire.

Depuis ce jour, il ne parle plus de la banque centrale avec laquelle il avait toujours des difficultés. Pourquoi le procès qu’il avait intenté contre moi n’est pas allé loin ?

Me Diop, l’avocat de ma défense, avait mis dans le dossier un procèsverbal dans lequel un homme avouait avoir blanchi cet argent avec l’aide de hautes autorités de l’Etat sénégalais. Un agent secret italien est venu dans mon salon me raconter que Wade a été découvert parce que lorsqu’il voyageait, il amenait dans les soutes de l’avion présidentiel des milliards d’euros, de devises qu’il prenait à la Société générale qu’il échangeait avec des francs CFA qu’on reversait à la Banque centrale.

Les gens se sont rendus compte qu’il y avait des billets issus de casse des banques de la Côte d’Ivoire (N.d.l.r. : de Bouaké et Korhogo). Ils échangeaient 1 franc ivoirien, qui a la même valeur ici, avec 50 centimes sénégalais. Il a fait tellement de scandales financiers, et c’est d’ailleurs pourquoi il dit que son fils est un génie en ingénierie financière. C’est pour l’habillage…

Comment expliquez-vous l’attitude du président sortant qui, après avoir annoncé un voyage à l’extérieur, est tout de même resté au pays, et ne manque pas de faire preuve d’une certaine agitation de sa retraite des Almadies ?

(rires) Tout ce que Wade fait, c’est parce qu’il sait que le Sénégal est en mesure de faire rapatrier ses ressources. L’instrument existe, c’est un instrument de la Banque mondiale et de l’Onu qui s’appelle Star. Il suffit juste que l’on dépose les dossiers, que les enquêtes soient faites…On l’a fait pour Mobutu, et actuellement pour Nguema et son fils, pour Abacha, Babaginda. Il faut certes faire vite. Mais on sait où est l’argent. Depuis le 11 septembre, tout argent qui circule dans les banques, sauf cette partie que contrôlent les mafias, tous les dépôts ordinaires dans les banques, on sait d’où ça vient et où ça va. Quelqu’un m’a confié, alors que j’étais malade à Saly, le montant de la fortune de Karim (je me garde bien de vous le dire). (…) Madické Niang (N.d.l.r. : ancien ministre des Affaires étrangères sous Wade), on sait qu’il a des milliards dans sa maison, ce sont ses enfants qui l’ont révélé. On l’a pris en train de vouloir changer un milliard. L’argent est là. Ils ont construit des trous, des salles réfrigérées, parce qu’ils ne peuvent pas amener cet argent dans les banques. Une opération aux Almadies nous aurait permis de récupérer des milliards.

Et vous dites que l’Etat sénégalais a les moyens de cet argent mal acquis ?

Par des mesures de police, des mesures légales, l’Etat sénégalais est bien en mesure de récupérer cet argent. (…) Je ne sais pas jusqu’à quand on peut laisser l’argent des Sénégalais s’évaporer comme ça. On ne peut pas faire autrement, il faut ramener l’argent ici. C’est une question de réalisme. (…) Ils ont certes des alliés en Occident, comme l’a révélé Péan dans son livre. Ruffin (N.d.l.r. : ancien ambassadeur de la France au Sénégal) lui-même a dit publiquement que Karim a remis de l’argent à des gens de l’entourage de Sarkozy. Mais les opinions publiques occidentales, de plus en plus à droite, ne permettront pas qu’on leur demande de payer des impôts pour venir en aide aux pays pauvres, pendant que les dirigeants de ces pays financent les campagnes électorales de leurs politiciens.

Source Seneweb

 

 

 

 

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