Mannequin, 23 ans, Awa Fadiga meurt faute de soins. Ouattara, lui, se contente des hôpitaux français pour ses soins

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Il y a deux semaines, la communauté internationale a sorti portefeuilles et mouchoirs pour pleurer avec Dominique Ouattara lors du « grand cabaret du coeur », afin de récolter les fonds nécessaires à la réalisation prochaine de l’hôpital mère-enfant de Treichville. Il y a quelques jours, on portait en terre une jeune fille d’origine malinké, la fierté de sa mère; cette dernière avait été agressée en taxi et jetée hors de la voiture en marche, puis conduite aux urgences, mais voilà, comme elle est inconsciente et seule, elle est mise dans un coin, sans soins; seule une fille de ménage d’origine guéré lui a porté assistance et l’a nettoyée, lui rendant sa dignité dans une indifférence générale. Et comme la famille n’était pas là pour payer cash les futurs soins, le CHU de Cocody s’est transformé à cause de ces 13 heures sans soins, en morgue pour accueillir un mort de plus. Ouattara qui avait fait de 2013 l’année de la santé et de la gratuité à l’accès aux soins pour les ivoiriens démunis, n’a jamais honoré sa promesse, se contentant des hôpitaux français pour ses soins à lui. Mais Awa Fadiga, pleurée par les siens, est devenue malheureusement un trophée de chasse supplémentaire, bien encombrant, agrémentant joliment le palmarès des victimes « collatérales » de ces assassins en complet veston à l’occidentale qui se gargarisent de réconciliation et de chantiers en travaux, sans aucun égard pour les personnes.

Ensuite que s’est-il passé?  Dominique Ouattara qui a l’habitude des visites aux familles en deuil et qui connait par coeur le texte laissé sur le registre des condoléances, aurait-elle changé ses habitudes de ne fréquenter que les siens, pour aller cette fois-ci au devant d’une famille endeuillée, victime de la criminalité débridée des jeunes élevés dans la seule crainte du plus fort? Aurait-t-elle rencontré les parents, essayé financièrement de compenser l’incurie d’un gouvernement qui promet une médecine pour tous tout en ne se donnant pas les moyens d’y arriver ? Pensez-vous…En tout cas je n’ai rien lu en ce sens, ni vu de photo, alors que Dominique Nouvian avant de s’appeler Ouattara connaissait bien une certaine famille Fadiga. « Que la terre vous soit plus légère »a-t-elle l’habitude d’écrire pour les morts de son camp, et c’est vrai qu’il faut en réclamer de la légèreté, sous ces montagnes de victimes innocentes qui remplissent les fosses, les puits depuis bien longtemps.

La famille de l’étudiant en médecine tabassé par la sécurité policière sur le campus universitaire,  a-t-elle été dédommagée? Lui aussi, futur médecin n’a pas bénéficié des soins attendus qui auraient pu lui sauver la vie. Pourquoi s’est -il trouvé en face de brutes-cogneuses au lieu de vrais gendarmes?  Il manifestait pacifiquement, sans violence pour une meilleure prise en charge financière des étudiants, ces universités qu’Ado Solution voulait multiplier par cinq ! Si les familles des victimes de Duékoué et Nahibly attendent encore pour certaines d’être auditionnées, la famille de l’étudiant n’aura certainement pas été dédommagée, idem pour les familles des victimes de l’immeuble qui s’est écroulé à Yopougon toits-Rouges faisant officiellement quelques blessés, devenus des morts, fautes d’argent, faute de soins, bouches inutiles qui n’intéressent personne… Qu’en est-il du dédommagement des victimes de la fêtes des lumières 2013 ? Là aussi la responsabilité du gouvernement était engagée, et celle de madame Ouattara, la marraine du spectacle tout particulièrement…Qu’en est-ils des prisonniers décédés lors de l’émeute savamment orchestrée pour décimer des prisonniers encombrants, qu’en est-il de tous ceux qui sont gravement malades à la Maca des suites de mauvais traitements, mauvaise nourriture, qui agonisent lentement? Qu’en est-il des orphelins du gendarme Adobi, assassiné avec son épouse? Ont-ils été pris en charge financièrement, la dame blonde au grand cœur devrait pouvoir dilater celui-ci au point d’y rajouter quelques orphelins à chouchouter, devant les caméras de la communauté du fric? Si le père officier de police avait été armé, la situation n’aurait certainement pas dégénéré ainsi! Qui va prendre en charge les billets d’avion de Madame Blé Goudé et de ses enfants, de sa vielle mère pour visiter Charles à la Haye, visites, coups de téléphone refusés en Côte d’Ivoire ?

Pourquoi avoir privé cette famille et toutes les familles de visiter les leurs en prison? Pourquoi la famille de Jean-Yves Dibopieu n’a-t-elle aucun recourt? Pourquoi les familles de Jean-Noël Abéhi, Dogbo Blé, Séka Séka sont-elles sans nouvelles? Pas un jour ne passe sans que Ouattara ou son épouse ne brassent du vent, embrassent, serrent des mains, parlent d’émergence, du rôle des femmes, de croissance, de prospérité en vue, au bout d’une jumelle grossissante sur fond de champ de ruines et de cadavres en décomposition.

Le recensement, ce nouvel os lancé à la communauté internationale est un gadget pour lui donner de patienter encore, de l’occuper le temps d’arranger les chiffres, trafiquer les statistiques, bientôt les 3000 mots du compteur bloqué de la « crise post électorale » diminueront, le recensement faisant apparaitre que les seules victimes sont celles tuées à la machette par un certain général de la rue et de ses amis à la machette facile. Les morts se lèveront, ou plutôt ceux qui porteront leurs noms; ils prendront possession de leurs biens. Les « authentiques criminels » étant sous les verrous, les autres, véritable confrérie laborieuse travaillent avec acharnement pour qu’advienne enfin l’Ivoirien nouveau, aseptisé, docile, muet, sans conscience politique, analphabète, rampant et baisant les pieds de ses kapos qui espèrent bien que la préfecture du Reich, à défaut de durer 1000 ans, durera au moins jusqu’au delà des élections de 2015, gagnées haut la main, pour ne pas dire « haut les mains ».

Shlomit Abel, 2 avril 2014

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